Révision de la constitution du 25 février 1992 : Le Collectif des Associations Musulmanes du Mali demande aux autorités de surseoir au projet de referendum

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Après l’opposition Républicaine et démocratique, une bonne partie de la société civile malienne, une frange de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle (CMP), c’est au tour du Collectif des associations musulmanes du Mali de dire NON à la révision constitutionnelle initiée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Au cours d’un point de presse animé hier, mercredi 21 juin 2017 à la Maison de la presse de Bamako, les responsables du Collectif des associations musulmanes du Mali ont lancé un appel solennel  aux autorités maliennes de surseoir au projet de referendum, et au cas contraire aux musulmans sincères du Mali, toute tendance confondue, à voter non au projet de constitution,  qui ouvrira, selon eux, la porte à toute sorte de déviations et de dérives. Ledit point de presse était animé par le président du Collectif des associations musulmanes du Mali, Mohamed Kimbiri, en présence d’autres leaders religieux. Selon Mohamed Kimbiri, le processus de réforme de la constitution n’a pas suffisamment associé toutes les forces vives de la nation.

«Parallèlement aux vagues d’indignations, de protestations, et de condamnation suscitées par le récent projet de constitution sur certaines dispositions évoquées  par certains acteurs entre autres : la création de nouvelles institutions, la nomination du Président de la Cour constitutionnelle et du tiers du Sénat par le Président de la République, la violation de l’article 118, et d’autres non moindres, nous Collectif des Associations Musulmanes du Mali avons une autre lecture sous l’angle socioculturel et des observations », c’est par ces mots que le conférencier, Mohamed Kimbiri, directeur de la radio Dambé a commencé son allocution. Avant d’ajouter que le processus de réforme de la constitution n’a pas suffisamment associé toutes les forces vives de la nation. Selon lui, après le travail du comité des experts, la mouture devait faire l’objet de discussions au niveau des forces vives, intégrer leurs observations avant d’être introduite dans le processus d’adoption formelle par les autorités. « Cela est stigmatisé par la société civile qui, contrairement aux acteurs politiques, n’a pas été suffisamment consultée avant l’adoption du texte en conseil des ministres et sa présentation au Parlement. C’est avec une profonde indignation et affliction  que le Collectif des Association Musulmanes du Mali a  appris le vote par l’Assemblée nationale du projet de constitution, occultant toutes ses préoccupations évoquées en amont lors des écoutes », a souligné le président du Collectif des Associations Musulmanes du Mali, Mohamed Kimbiri. Dans la déclaration, le collectif s’est dit surpris de la suppression de la référence  à la charte de Kourou Kan Fouga en ses valeurs et principes,  mais indignés et abasourdis par l’incorporation de certaines références occidentales extérieures, véritables antithèses des valeurs de la société malienne. Kimbiri s’est dit inquiet de l’amalgame délibéré et entretenu, et de la tournure actuelle de la notion de laïcité, qui  ne doit aucunement se transformer en traque des valeurs religieuses et de l’exclusion.

Les Associations musulmanes appellent à voter NON au referendum

« Nous réaffirmons avec force, notre inquiétude sur le rejet de certaines de nos propositions, surtout sur le mode de prestation de serment.  Avant son entrée en fonction, le président de la République prête serment sur le Livre Saint de sa confession devant la Cour constitutionnelle.  Il jure  solennellement sur le Livre Saint pour le respect de tous ses engagements et déclare qu’en cas de parjure, qu’il subisse les rigueurs de la loi. Nous dénonçons avec rigueur le complot visant à une relecture du Code des personnes et de la famille par l’insertion dans ce projet de constitution et surtout dans son préambule, la référence aux textes extérieurs comme la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 18 Décembre 1979, la convention contre la torture et autres peines ou traitement cruel, inhumains ou dégradants du 26 Juin 1987,  et la convention relative au droit de l’enfant du 20 Novembre 1989 », a-t-il martelé.  Pour Mohamed Kimbiri, c’est comme si le pays s’est engagé dans une voie, dénaturant la culture malienne à coup d’emprunts  et d’influence étrangère ne relevant pas d’un processus de métissage naturel positif, mais d’une intention délibérée de modifier un patrimoine comme le Code des personnes et de la famille, pour mieux imiter le modèle occidental. « Nous, Collectif des Associations Musulmanes du Mali, fidèle à ses principes et à son rôle de veille ; lançons un appel solennel  aux autorités de surseoir au projet de referendum, et au cas contraire aux musulmans sincères du Mali, toute tendance confondue, à voter non au projet de constitution,  qui ouvrira la porte à toute sorte de déviations et de dérives. Nous exhortons les musulmans sincères à conjuguer nos efforts et utiliser tous les voies et moyens afin de disséminer cet appel sur l’ensemble du territoire national », a souhaité le président du Collectif des Associations Musulmanes du Mali.

A la question de savoir pourquoi avoir attendu tout ce temps pour donner sa position par rapport à la révision constitutionnelle, le conférencier Mohamed Kimbiri a fait savoir qu’il fallait prendre le temps d’étudier le projet de texte de révision constitutionnelle, avoir toutes les cartes en main, les preuves palpables pour pouvoir se prononcer. S’agissant des actions à mener si le OUI l’emportait au referendum, Mohamed Kimbiri est persuadé qu’avec 95% de musulmans maliens, le NON va l’emporter au referendum.

Aguibou Sogodogo

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