Révision constitutionnelle au Mali : Le message est entendu

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Le message des organisations de la société civile Malienne à l’instar du collectif BI-TON, a été entendu. Enfin, c’est ce que nous dit en haut lieu, alors que la joue est encore bien rouge.  Au Collectif BI-TON, avec le cercle de réflexion ( Think Tank) la RADE (Renaissance, Avenir, Développement, Emergence), nous avons adressé une lettre au Président de la république pour lui demander un renvoi de la consultation et je ne le regrette pas.

C’est triste de devoir en arriver là, mais certains n’écoutent les messages que si on leur colle une baffe. Alors collons des baffes, même si ce serait quand même mieux de ne pas avoir à le faire…

C’est bien beau de dire que le message est entendu, si on ne précise pas quel message, c’est un peu gênant, alors je vais expliciter un peu le message que j’ai souhaité envoyer.

Oui, il faut poursuivre les réformes. De toute manière, les réformes se font, le tout est qu’elles se fassent démocratiquement.

Là-dessus, je suis un peu chiffonné par la qualité assez médiocre du processus de révision de la constitution de 1992.

Pour être dans la soute d’une étape de ce processus, j’ai vu passer des choses pas toujours très correctes, l’assemblée nationale du Mali a été une chambre d’enregistrement.

Il serait bon de modifier notre constitution pour l’adapter à l’évolution de notre société. Mais il faut reconnaître que beaucoup de choses, là-dessus, existent déjà, et que c’est plutôt les hommes qui dirigent la machine politico-administrative qui sont fautifs.

Mais il n’empêche, un peu de réformes  ne ferait pas de mal.

Oui, la régionalisation est une bonne chose, à condition de ne pas faire n’importe quoi.

Il est bon que l’opposition et la société civile continuent la surveillance des actions du gouvernement, afin de limiter les dérives (naturelles) qui peuvent tenter ceux qui sont au pouvoir.

Par contre, je regrette un peu que l’opposition,  n’explicite pas davantage sa position sur le sujet. Si elle arrive au pouvoir en 2018,  modifiera t-elle la constitution ? Sous quelle forme ? Il ne me semble pas avoir entendu grand-chose.

Le Mali a changé, les politiques ont de moins en moins de pouvoirs, qu’ils acceptent cet état de fait et ne se présentent plus comme omnipotents !

La vraie rupture serait celle-là, expliquer aux Maliens que la monarchie absolue, où tout dépend d’un seul homme, c’est fini depuis bien longtemps (et tant mieux).

Or, que fait IBK, il s’acharne à donner l’illusion du contraire !

C’est ce dernier point qui m’agace : cette volonté d’apparaître comme un monarque absolu, qui lui fait tout concentrer à Koulouba (qui n’a pas les moyens administratifs de suivre), qui fait s’appuyer sur les grands Imams et notables, faisant perdurer ce qu’il faudrait justement réformer en profondeur.

Et en plus, l’image médiatique va avec : une cour, avec favorite, étalage de richesse (pas toujours du meilleur goût), conseillers sans légitimité démocratique.

Il faut en finir avec cette culture politique “ancien régime” pour faire du Mali une vraie démocratie apaisée, où les politiques régulent plus qu’ils ne décident directement, où ils sont transparents, tant dans leur recrutement que dans l’exercice de leurs fonctions.

Mais là, je commence à rêver…

 

Séga DIARRAH

Président du Collectif Bi-ton

http://bi-ton.org

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2 COMMENTAIRES

  1. L’ opposition doit faire sa proposition dans le cadre d’une concertation nationale qu’ elle soit au pouvoir ou non.
    L’ essentiel est dans la consultation dans le cadre d’une assemblée souveraine c’est à dire que ses recommandations s’imposent à tous .
    Le pouvoir ayant pour objectif de confisquer le pouvoir ne peut pas accepter cette formule de souveraineté,pourtant seule méthode permettant aux maliens de créer un consensus autour de la constitution comme en 1991.
    Les dérives,les erreurs,les insuffisances des deux présidents que la constitution actuelle a régi guident pertinemment a limiter considérablement les pouvoirs du président de la république .
    Si ALPHA OUMAR KONARE avait pour obligation de permettre à un organisme indépendant d’auditer la gestion de l’ administration publique et d’ester en justice sans passer par le président de la république,le MALI n’aurait pas connu les fonctionnaires milliardaires qui ont terni ses deux mandats.
    Si AMADOU TOUMANI TOURÉ avait obligation de convoquer, d’appliquer les recommandations de l’ assemblée nationale au lieu de décider seul des mesures qui engagent la sécurité des millions de maliens,ple MALI n’aurait pas connu la crise qui le perturbe.Ajouter à cela son manque de volonté politique de continuer le processus de décentralisation engagé par son prédécesseur.
    IBRAHIM BOUBACAR KEITA a un autre agenda qui aspire à sauvegarder les intérêts de sa famille et proches d’où l’ élaboration d’une constitution en catimini et la mobilisation des obligés pour la faire passer en force.
    Une mobilisation des forces patriotiques est nécessaire pour faire échec aux forces apatrides charognards des deniers publics incarnés par Ibk er familles.

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