Ils sont incontestablement parmi les personnalités les plus influentes au Mali. Leur rôle extraordinaire dans la conscience populaire malienne semble exploité à profusion par le régime en place, d’où leur position de plus en plus douteuse, voire décevante vis-à-vis du projet de loi constitutionnelle. Une initiative à forte tonalité monarchiste et totalitaire du président IBK et envers qui l’attitude incompréhensible de Mahmoud Dicko et Ousmane Madani Haïdara crée de plus en plus de tensions au sein de la jeunesse consciente du Mali qui y voit plutôt une “conspiration”.
Depuis la diffusion de son contenu par les médias, le projet de loi référendaire ne cesse d’alimenter la chronique. Ce projet de Loi fondamentale est vivement rejeté par la société civile et l’opposition, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Face à un réel tollé qui n’a pas du tout manqué de faire trembler le pouvoir en place, les tenants du régime, en lieu et place de vrais débats contradictoires aux fins de mieux éclairer l’opinion et de convaincre les Maliens, se sont employés à mener une vaste campagne d’achat de conscience, notamment des forces spirituelles traditionnelles dont la confrérie des dozos, le Réseau des communicateurs traditionnels et des leaders confessionnels, avec comme figures de grande influence l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali et Chérif Ousmane Madani Haïdara, guide des Ansar.
Aujourd’hui, la grande surprise des maliens est manifestement née de l’attitude dite impartiale des leaders religieux qui s’assimilerait plutôt à une espèce de conspiration que ceux-là mêmes qui étaient censés se positionner clairement derrière le peuple, seraient en train d’ourdir contre lui au profit d’un régime ayant nettement montré ses limites.
Le peuple du Mali, dans sa grande majorité, ne voudrait aucunement voir ce référendum constitutionnel se tenir. Il exige des hommes de Dieu, la plus stricte vérité aux autorités. Une vérité qu’ils doivent, vaille que vaille, asséner à un Ibrahim Boubacar Kéita visiblement décidé à enfoncer le pays dans la division, au seul bénéfice de son règne.
Pour ce faire, IBK restera fermé à toute idée de dialogue, refusant l’évidence avec la plus grande obstination jusqu’à traiter implicitement de “mauvais Maliens ceux qui s’opposeront à son initiative. Un projet de révision qui, en vérité, ne résout aucune équation relative à la stabilité du pays, ni à son développement, mais qui finira plutôt par le transformer en la nue-propriété d’un homme aux pouvoirs exceptionnels dépouillés de tout contenu démocratique.
Voici fondamentalement ce à quoi, le texte référendaire de celui qui fut historiquement plébiscité à la tête du Mali, veut exposer ses compatriotes. Voici également ce, vis-à-vis de quoi, les leaders religieux du Mali dont l’imam Mahmoud Dicko et le célèbre prêcheur Ousmane Madani Haïdara, disent rester “impartiaux”, sachant bien la tournure dangereuse des choses.
Une attitude grave mettant en cause les vrais fondements de l’Islam
Au regard du fait que l’islam, par essence, est une religion de vérité et de justice, nombreux sont ceux qui se posent de multiples questions sur l’attitude sournoise des leaders islamiques, avec à leur tête, les deux guides les plus influents du pays ; à savoir : Dicko et Haïdara, ceux-là mêmes qui incarnent pour une bonne frange des Maliens, des modèles de vertu.
En effet, comment l’imam Mahmoud Dicko, réputé pour ses vérités, notamment face au régime ATT aussi bien que ses diatribes contre les valeurs occidentales, a-t-il pu se maintenir dans une position aussi ambigüe quant à l’adoption d’un texte constitutionnel profondément dangereux pour l’avenir de la République ?
Pourquoi Chérif Ousmane Madani Haïdara, célèbre prêcheur musulman, connu pour sa neutralité et sa franchise relativement aux questions nationales, semble-t-il cependant se ranger du côté du pouvoir dans le cadre du passage en force d’un projet aussi diviseur, dont il était censé dire rien que la vérité, à IBK et sa “mafia” sur l’irrecevabilité ?
La prétendue neutralité des leaders religieux aurait-elle eu pour contrepartie, une manne financière quelconque au point d’adopter une position aussi méprisante à l’endroit du peuple malien, particulièrement, la jeunesse qu’ils perçoivent déjà comme des groupements d’individus “égarés” et “mal éduqués”, plus loin, comme des “drogués assermentés” ?
L’influence morale des leaders religieux maliens serait-elle donc mise au service du régime IBK et ses ignobles complices ? De toute évidence, une chose reste bien claire : Si Dicko et Haïdara, en dépit de leur haute représentativité, laissent le président foncer droit dans le mur avec un projet funeste et unilatéral, ils seront eux aussi jugés partout où IBK le sera.
Dilika Touré