Révision constitutionnelle contestée : Une marée humaine dans les rues de Bamako pour défier IBK

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C’est une véritable marée humaine qui a répondu à l’appel de la Plateforme «An Tè, A Banna, Touche pas à ma constitution» pour une marche pacifique contre la révision constitutionnelle en cours au Mali. Selon des organisateurs, la marche «a mobilisé au moins 1 million de personnes». Les responsables de la sécurité malienne n’ont pas voulu se prononcer sur le niveau de la mobilisation. 

Toutefois, «depuis les événements de mars 1991, j’étais encore un élève, je n’ai jamais vu autant de monde dans la rue pour manifester contre un régime», a confié à Anadolu (Agence turque d’information) un Sergent de la Police sous l’anonymat. La première marche organisée par la Plateforme avait mobilisé au moins 300 000 personnes le 17 juin 2017.

Au premier rang de ce mouvement de contestation de ce 15 juillet 2017, les présidents de certains partis politiques de l’opposition. Il s’agit, entre autres, de Modibo Sidibé (Fare Anka Wuli), Soumaïla Cissé (URD et chef de file de l’opposition républicaine), Tiébilé Dramé (PARENA), Amadou Thiam (ADP Maliba), Soumana Sako (CNAS Faso Hèrè), Daba Diawara (PIDS)…

Plusieurs organisations de la société civile (associations de jeunes, les transporteurs urbains, le collectif des marchés de Bamako et des centrales syndicales…), des bloggeurs, des rappeurs… ont également mobilisé leurs militants, lecteurs et fans pour renforcer les rangs de la plateforme.

Si le référendum prévu initialement le 9 juillet 2017 a été reporté sine die (suite à la saisie en annulation de la cour constitutionnelle par les députés de l’opposition), la réforme n’a pas été abandonnée par le président Ibrahim Boubacar Kéita qui profite de toutes les occasions pour narguer son peuple.

«Le Mali tiendra tous ses engagements à l’égard de la communauté internationale», a déclaré IBK le 2 juillet dernier à l’issue d’un sommet extraordinaire du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) élargie à la France.

C’était au lendemain  d’un grand meeting de la Plateforme «An Tè, A Banna, Touche pas à ma constitution» qui avait mobilisé des centaines de milliers de personnes à la Place de l’Obélisque ou Monument «Bougiba» (grande bougie) de l’ACI 2000.

Non seulement la mobilisation est loin de s’essouffler, mais de nouveaux slogans ont aussi fait leur apparition lors de la marche de ce samedi 15 juillet 2017. Ils visaient surtout l’avocat français Marcel Ceccaldi indexé comme le «vrai auteur» du texte controversé de la nouvelle constitution. Ce qui, pour de nombreux opposants au régime d’IBK comme Tiébilé Dramé (Parena) est la preuve d’une «ingérence française». Mais, si on se fie à une vidéo de cet avocat qui fait un buzz sur les réseaux sociaux en ce moment, le texte soumis et adopté par l’Assemblée nationale le 3 juin 2017 est loin de la mouture qu’il a proposée.

On pouvait également lire beaucoup d’allusions à «l’insécurité résiduelle» utilisée par la Cour constitutionnelle pour contourner l’article 118 (alinéa 3) de la constitution du 25 février 1992 qui stipule que la loi fondamentale ne peut pas être révisée lors que le pays ne jouit pas de toute son intégrité territoriale.

Les manifestants ont ainsi brandit des pancartes indiquant le nombre de morts civils et militaires depuis le début de l’année suite à cette «insécurité résiduelle».

Selon leurs déclarations depuis le début de la contestation, la majorité des marcheurs ne sont pas contre une révision de la Constitution. Ils estiment seulement que «le moment est extrêmement mal choisi et ne peut que diviser un Mali déjà morcelé».

L’Assemblée nationale doit être à nouveau convoquée par le gouvernement car la Cour constitutionnelle a déniché des vices de forme et des «erreurs matérielles» suite à la saisie pour annulation des députés de l’opposition.

Et selon les responsables du Rassemblement pour le Mali (RPM, parti présidentiel), qui ont animé la semaine dernière une série de meetings dans le district de Bamako, une nouvelle date sera ensuite arrêtée pour le référendum.

Cette soudaine fermeté de la majorité présidentielle risque de radicaliser les partisans du «retrait pur et simple» du projet qui ont marché aujourd’hui non seulement à Bamako, mais aussi dans de nombreuses villes de l’intérieur ainsi que dans la diaspora malienne.

«Les marches pacifiques ne servent à rien face à un régime qui s’enferme dans le mensonge et les menaces. Le dialogue ne sert à rien. Seule la force de la violence règlera cette situation une bonne fois pour toute. Après avoir dilapidé les ressources du pays en moins de 3 ans, c’est de la liberté du peuple que ce pouvoir veut maintenant s’accaparer», a confié un marcheur de ce matin.

Une position de plus en plus partagée dans ce large cercle de contestateurs. Ce qui, pour de nombreux observateurs, craindre le pire dans les jours à venir !

Moussa Bolly

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