Révision constitutionnelle : Le camp du NON reporte sa marche ‘’citoyenne’’

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La plateforme An te Abana (photo Maliweb.net)

Après son ultimatum qui a expiré le 15 août, la Plateforme  ‘’Antè Abana’’ entendait  entrer dans la désobéissance civile à travers une marche grandiose prévue  hier mercredi. Mais avant la date butoir, la Plateforme  a été reçue par les autorités traditionnelles qui, après une rencontre assortie de garanties avec le chef de l’Etat, lui ont demandé  de surseoir à la marche. A l’unanimité, la Plateforme  a décidé, lors de son assemblée générale extraordinaire,  d’annuler sa marche par respect aux autorités traditionnelles, tout en fixant une échéance pour que le Président fasse une adresse à la nation.

La Plateforme  ‘’Antè Abana’’   a tenu, le mardi 14 août 2017,  une assemblée générale extraordinaire  au siège de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali  (Cstm). Cette assemblée qui intervient à la veille de l’ultimatum a été motivée  par une rencontre imprévue que la Plateforme a eue  avec les leaders religieux, les familles fondatrices et le réseau des communicateurs traditionnels du Mali.

Plantant le décor de l’ordre du jour, Amadou Thiam, vice-président de la Plateforme Antè Abana, a indiqué  que la Plateforme a été reçue, lundi 14 août 2017, par les chefs coutumiers de Bamako et les  leaders religieux à leur demande, chez le patriarche de Bamako, dans le vestibule des Niarés. Aux dires des autorités traditionnelles, il s’agit de leur initiative  que le Président de la République soutient. Partant,  ils ont affirmé qu’ils ont été reçus auparavant par le chef de l’Etat et qu’au terme des échanges, ils auraient obtenu du chef de l’Etat de surseoir   au projet de révision constitutionnelle; de rencontrer la Plateforme  et qu’ils feront médiation. Ils ont alors demandé à la plateforme de lever son mot d’ordre de manifestation du 16 août 2017. Pour sa part, indique Amadou Thiam, la Plateforme maintient sa revendication de voir le projet retiré et le référendum annulé en attendant la satisfaction  des conditions préalables  sur les plans sécuritaires, indispensables sur les plans sécuritaire, technique, matériel et de consensus. «La délégation a indiqué que  seule l’Assemblée est souveraine  pour lever le mot d’ordre », a affirmé le vice-président.

Ainsi, un débat intense a été engagé entre les leaders de la Plateforme afin de pouvoir trancher et de trouver un juste milieu. Il a      fallu quatre heures d’échanges houleux (16h-19h30)  pour accoucher une résolution commune.  A l’unanimité, la Plateforme a décidé ce qui suit : annuler la marche citoyenne du 16 août par respect aux autorités traditionnelles du Mali; en leur qualité de facilitateur d’aller dire au président  de la République  de retirer ce projet  de référendum en attendant la satisfaction  des conditions préalables  sur les plans sécuritaire, technique, matériel et de consensus avant le samedi  tout en faisant une adresse à la nation . A défaut de ces conditions, la Plateforme marchera  le samedi afin de remettre une lettre à l’Assemble nationale  pour traduire le président de la République  pour haute trahison.

Quelques points de vue exprimés

Pour Tiébilé Dramé, Président du Parena, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta  n’a aucun respect pour son peuple. Pour preuve, dit-il, après deux marches historiques  jamais égalés au Mali, il s’est comporté comme si de rien n’était.  Il a engagé cette révision constitutionnelle sans consulter au préalable le peuple. «  Depuis son  retour de son périple à l’extérieur, il a reçu tout le monde sauf  ceux qui contestent son projet de révision constitutionnelle. Il n’existe aucun pays démocratique  au monde où un chef d’Etat se comporte de cette manière face à une grogne sociale », a-t-il déclaré. Avant de suggérer le maintien de l’ultimatum et d’annuler la marche  compte tenu  de tout ce qui a entouré et voir ce que les autorités coutumières peuvent faire.

Pour Master Soumi,  le plus important aujourd’hui, c’est la parole d’honneur de ces personnalités qui ont tenu à nous rencontrer.  On leur accorde notre confiance tout en leur demandant en qualité d’émissaires d’aller dire au chef de l’Etat  de retirer  « ce papier ».

Adam Dicko de l’Ajcad-Mali a estimé que la rencontre de la Plateforme avec les leaders religieux  est une invite à notre sens de responsabilité. Selon elle, on peut  donner un délai au chef de l’Etat afin qu’il fasse une adresse à la nation.

Plusieurs  autres membres de la Plateforme ont fustigé le comportement   du président de la République. Selon eux, IBK  n’est pas de  bonne foi. Il ne fait que  jouer  au dilatoire. Il ne tient jamais ses promesses. Cette démarche des leaders religieux et des autorités coutumières n’est qu’un piège du régime  pour diviser la Plateforme. Si la Plateforme refuse, ils veulent montrer au reste du peuple que les membres de la plateforme n’ont aucun respect pour les leaders religieux et les autorités coutumières.  D’autres n’ont pas manqué de dénoncer l’attitude des leaders religieux et les autorités coutumières  qui, selon eux,  bénéficient des largesses du président de la République  et ne peuvent aucunement dire certaines choses  au chef  de l’Etat.

Boubacar SIDIBE

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