La présidente de l’Association BENKADI, Sangaré Aïssata Koné, la Coordinatrice de Projets à Wildaf Mali, Ramata Diallo et la présidente de l’Association Citoyenneté « Elles », Aïssata Bocoum non moins membre du CNT étaient, le 03 mars dernier, sur le plateau de la chaîne d’information Joliba TV News dans son émission « Jàmà Ko di ». Elles ont débattu le thème : « Protection des Droits des femmes et filles depuis la crise de 2012 », une occasion de relever les inégalités basées sur le genre mais aussi d’insister sur la nécessité de l’application des textes juridiques, soutenue par une ferme volonté politique.
-maliweb.net- Le combat mené par les pionnières pour asseoir les droits des femmes et des filles au Mali a été rappelé à la jeune génération en mettant en avant les efforts consentis. L’éclatement de la crise en 2012, laquelle a impacté négativement les femmes à cause des violences sexuelles, abus etc., a remis en cause les avancées en matière de protection des droits des femmes. Les violations des droits des femmes ont été exacerbées par la crise de 2012. Ainsi, il reste encore d’énormes défis à relever pour respecter les droits des femmes avec une persistance des inégalités basées sur le genre. Et malheureusement, le poids des coutumes, des traditions et des croyances sont préjudiciables à la jouissance des droits et à la participation des femmes aux sphères de décisions. « Nous sommes dans une société à forte connotation coutumière, des pratiques qui relèvent de nos traditions. Ce qui fait que les gens ont souvent des mentalités erronées estimant que la femme ne doit pas participer au débat public. Que sa place est à la maison. Que c’est parce qu’on a perçu de l’argent de l’occident qu’on parle des droits des femmes etc. », dénonce Aissata Bocoum, la présidente de l’Association Citoyenneté « Elles » et membre du Conseil National de la Transition.
Des stéréotypes qui confinent souvent la femme dans un carcan. Au-delà de ces facteurs discriminatoires préjudiciables à l’affirmation du leadership féminin, à la participation et à l’implication des femmes aux affaires publiques, il y a lieu de mettre le curseur sur le déficit d’éducation et de formation chez les femmes ainsi qu’un manque de solidarité féminine, sans oublier le manque de ressources financières. « Malgré vos compétences, votre popularité si vous manquez de moyens financiers, vous serez limité en chances dans vos aspirations », regrette la présidente de l’Association « BENKADI ».
Si le Mali dispose d’un arsenal juridique assez étoffé pour protéger les droits des femmes et des jeunes filles, force est de reconnaitre que l’application demeure problématique. De la charte de Kouroukan fouga tant vantée par les historiens aux conventions ratifiées sans oublier la Loi 052 sur le genre et la Résolution 1325, le Mali dispose de beaucoup de textes juridiques pour protéger les droits des femmes et des filles. Malheureusement, la pratique est tout autre sur le terrain. Ceci dénote, selon les participantes au débat et selon plusieurs observateurs, de l’insuffisance de volonté politique des dirigeants. « Si nous remarquons au sein du Gouvernement et du Conseil National de la Transition, la présence des femmes n’atteint pas les 30% contrairement à l’Article 1er de la Loi 052 qui promeut le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives », déplore Ramata Diallo, Coordinatrice de projets à WILDAF Mali. Comme pour reformer cette thèse, un doigt est pointé à l’insuffisance d’inclusion, de participation des femmes dans les instances de prise de décision au sein des organes de la Transition et des réformes en cours pour matérialiser la refondation. Une refondation qui ne peut pas se faire sans les femmes et sans respecter les textes juridiques consacrant la reconnaissance de leurs droits.
Khadydiatou SANOGO, Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED