Dans le cadre du projet “Mali-Centre pour la sécurité et le développement” financé par l’Union Européenne, visant à accompagner les efforts de stabilisation et de développement dans les régions de Ségou et de Mopti, le Stockholm international peace research institute (Sipri) organise, conjointement avec le Point Sud “Muscler le savoir local” et la Délégation de l’Union Européenne, la première édition des Assises de Bamako qui se dérouleront le 26 septembre prochain dans un hôtel de la place. Ces Assises sont placées sous le thème : «Gouvernance, sécurité et développement au Centre Mali».
Dans un document dont nous avons pu nous procurer une copie, l’objectif des Assises de Bamako sera, d’une part, de partager les conclusions des enquêtes qualitatives et quantitatives conduites dans les deux régions de Ségou et Mopti depuis janvier 2019 et, d’autre part, de permettre un dialogue entre l’ensemble des partenaires, chercheurs et populations impliqués dans ces régions.
Aussi, au cours de ces assises, il sera question de présenter les premiers résultats préliminaires d’une étude sur la perception de la gouvernance, de la sécurité et de la situation socio-économique dans le centre du Mali dans le cadre de leur projet triennal “Mali-Centre pour la sécurité et le développement”. Ainsi, pour la première phase de l’enquête, 30 facilitateurs ont été déployés en février 2019 pour collecter des données sur un échantillon de 2097 ménages choisis de manière aléatoire dans les quinze cercles des régions de Mopti et de Ségou.
Selon le document, il ressort de cette première collecte de données, les résultats clés suivants. S’agissant de la gouvernance, les autorités étatiques sont largement absentes des localités enquêtées, mais les autorités locales bénéficient de la confiance des habitants (65% des sondés). Aussi, les services sociaux de base, notamment les services de sécurité et de la voirie, sont peu présents dans les localités enquêtées et leur gestion ne correspond pas aux attentes de la population. Pour pallier cette situation, il ressort des enquêtes que 71% de la population se tournent principalement vers les autorités coutumières et religieuses, considérées comme les plus impartiales en matière de décisions de justice.
70% de la population du centre dépendent
des modes de production du secteur primaire
Sur le plan du développement socioéconomique, les recherches ont révélé que les populations du centre du Mali sont à plus de 70% dépendantes des modes de production du secteur primaire et ceux-ci sont dépendants de ressources précaires, notamment des titres fonciers peu sécurisés (seulement 12% des sondés), dépendance vis-à-vis de l’eau de pluie (77%) et de l’eau de rivière, ruisseau et canal (20.5%). “Les activités économiques visent principalement à nourrir la famille (95%), plutôt qu’à l’accumulation de capital (1%) ou à l’amélioration des conditions de vie”, mentionne le document.
En ce qui concerne la sécurité, les résultats montrent que pour 60 % des répondants, la situation sécuritaire a des conséquences directes sur les activités économiques et les activités les plus affectées sont l’agriculture (35%) et le commerce (31%). “Les personnes interrogées pensent que la situation s’est largement détériorée au niveau national (environ 30%), mais elles sont plus enclines à rapporter une amélioration dans leur environnement immédiat (environ 40%). La perception de la sécurité est encore plus nuancée lorsque la question est rapportée à l’échelle des individus (35% des répondants se sentent en danger)”, peut-on lire dans le document.
Il ressort également que les populations accordent une grande présomption d’efficacité aux acteurs sécuritaires non-étatiques. Cependant, les acteurs internationaux et sous régionaux sont considérés comme étant les moins efficaces.
Par ailleurs, notons que le projet triennal “Mali-Centre pour la sécurité et le développement” suit les tendances émergentes en matière de sécurité et de développement dans les régions centrales du Mali (Mopti et Ségou), à travers des enquêtes quantitatives et qualitatives. Afin de suivre l’évolution de ces principales tendances affectant la paix et le développement dans ces régions, le projet produit régulièrement un suivi des indicateurs de sécurité et de développement sur la base de questionnaires distribués tous les trois mois à un échantillon de répondants sélectionnés dans chacun des cercles des régions de Ségou et de Mopti.
Boubacar PAÏTAO