Résultat du 7ème round d’afro baromètre au Mali : Pour près de la moitié des Maliens, l’insécurité alimentaire est le premier problème de développement auquel le pays doit faire face

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Afro-baromètre

La Cellule Technique de Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (CT/CSLP) a organisé, le mercredi 21 février 2018 dans sa salle de réunion, avec le Groupe de Recherche en Economie Appliquée et Théorique (GREAT) représentant de l’Afrobaromètre au Mali, un cadre d’échanges sur le résultat du 7ème round d’Afrobaromètre au pays. La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée par Seydou Moussa Traoré, secrétaire général au ministère de l’Economie et des Finances. Il avait ses côtes le coordinateur de la CT/CSLP, Mahamadou Zibo Maïga, le Directeur Exécutif du GREAT, Pr. Massa Coulibaly, François Koné, chercheur au GREAT ainsi que plusieurs autres personnalités.

Le présent rapport traite des questions portant sur les plus importants problèmes auxquels le pays fait face et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Il traite successivement de ces problèmes tels que révélés par les citoyens, des domaines de développement que recouvrent ces problèmes et enfin des Objectifs de développement durable (ODD) qui peuvent en être tirés, objectifs correspondant à ceux des Nations unies à l’horizon 2030. Pour ce faire, les perceptions populaires issues de l’enquête Afrobaromètre de février 2017 sont traitées et analysées suivant certaines caractéristiques sociodémographiques des personnes sondées. Quelques éléments clés peuvent étayer cela: Pour près de la moitié des maliens (47%), l’insécurité alimentaire est le premier problème de développement auquel le pays ferait face et auquel le gouvernement devrait s’attaquer ; Pour un malien sur trois, la santé est le deuxième plus important problème de développement ; Pour plus d’un malien sur quatre, les trois poursuivants problèmes de développement restent la pauvreté ou l’exclusion sociale, l’accès à l’eau puis le chômage ; La pauvreté préoccupe deux fois plus les femmes que les hommes, 2 hommes sur cinq contre 1 femme sur cinq tandis que l’insécurité préoccupe plus les hommes que les femmes, 2 sur dix contre 1 sur dix ; Par domaine de développement l’ordre de priorité des maliens va de l’alimentation aux infrastructures en passant par l’économie, la gouvernance, la santé et les autres services publics dont l’éducation ;  Trois maliens sur cinq classent l’ODD 2 relatif à la sécurité alimentaire au premier rang des ODD, suivi, dans des proportions bien moindres, par ordre, des ODD 16 (gouvernance), 3 (santé), 1 (pauvreté),  6 (l’eau) et 8 (croissance économique) ; Quelle que soit la génération, l”unanimité semble faite que les ODD 2 et 16 sont les deux premiers ODD prioritaires du pays.

Il faut rappeler qu’Afrobaromètre est un réseau de recherche africain en sciences sociales. Il mesure l’opinion publique sur les questions clés politiques, sociales et économiques. Les données sont obtenues par entretiens en face-à-face dans les langues officielles et nationales avec des échantillons représentatifs des citoyens africains âgés de 18 ans et plus. Dans son round 7, plus de 50’000 citoyens ont été enquêtés dans 36 pays africains. Le présent rapport est basé sur le traitement de données de certaines questions du questionnaire portant dans son ensemble sur “La qualité de la démocratie et de la gouvernance au Mali” avec les enquêtes de terrain menées du 08 au 24 février 2017.Selon Massa Coulibaly, Directeur exécutif du GREAT, les résultats sont fiables avec une marge d’erreur de ±2% à un niveau de confiance d’au moins 95%.

En février 2017, Explique le Directeur exécutif du GREAT, il a été mené sur le terrain une enquête Afrobaromètre au titre du round 7 pour traquer les perceptions populaires des maliens sur “La qualité de la démocratie et de la gouvernance au Mali”. L’enquête a touché au total 1200 individus, dont 50% de femmes, âgés de 18 ans et plus dans les 8 régions du  Mali ainsi que dans le district de Bamako.

Le présent rapport traite des perceptions pondérées proportionnellement à leurs tailles respectives dans l’échantillon des 1200 répondants. Ces perceptions ont plus précisément trait aux problèmes de développement auxquels le pays fait face et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Les problèmes identifiés sont ensuite sériés par domaines de développement et analysés comme tels. Enfin, ils sont regroupés par objectif de développement durable (ODD), sans pour autant qu’y transparaissent tous les cibles et indicateurs rattachés auxdits objectifs tels que définis dans l’agenda 2030 des Nations unies.

Problèmes de développement

Pour identifier les principaux problèmes de développement du pays, dira Massa Coulibaly, il a été demandé aux sondés d’indiquer les problèmes les plus importants auxquels le pays fait face et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Les options de réponses n’étaient pas lues aux sondés mais plutôt cochées par les enquêteurs à partir des réponses spontanément données. Les trois réponses les plus importantes de chaque sondé étaient retenues à moins que celui-là n’ait que deux réponses voire une seule sans vouloir en ajouter d’autres. Le traitement des données issues de cette question permet de scruter les problèmes prioritaires, les principaux domaines de développement et leur priorisation.

Pour les Priorités des problèmes, une trentaine de problèmes de développement a été dégagée, allant de l’insécurité alimentaire à la démocratie en passant par la pauvreté, le chômage et les questions de sécurité, de gouvernance et d’inégalités genre. Dans l’ensemble du pays, l’insécurité alimentaire voire la famine est de loin le premier problème de développement auquel le pays ferait face et auquel le gouvernement devrait s’attaquer, c’est l’opinion de 47% des sondés, loin devant les autres problèmes, a déjà 14 points de pourcentage d’écart du deuxième problème le plus important a fortiori leurs poursuivants. Pour un malien sur trois, la santé est le deuxième problème le plus important auquel le pays est confronté. Elle est suivie de la pauvreté ou l’exclusion sociale, 31% des sondés, de l’accès à l’eau, 28% et du chômage, 22%. Une douzaine de problèmes de développement recueille à peine 1% des suffrages, ce sont, entre autres, les impôts et taxes, le foncier, le logement, les droits des femmes et des enfants de la rue, la violence politique ou les droits politiques.

Quand on analyse par région, l’insécurité alimentaire demeure le premier problème de développement dans 4 régions sur 9, Kayes, Koulikoro, Ségou et Tombouctou. Dans chacune de ces régions la majorité se dégage pour la priorité de ce problème d’insécurité alimentaire. Dans les autres régions, les priorités vont d’abord à la santé à Sikasso (44% des sondés), à l’accès à l’eau à Kidal (63%) et Mopti (50%), à l’insécurité/crime à Gao (69%), au chômage à Bamako (49%). A Kidal, l’accès à l’eau est suivi des problèmes de crime et d’insécurité (50%) et l’éducation (38%). A Gao, l’eau et le chômage sont à égalité au second rang (36%) tandis qu’à Tombouctou, ce sont les tensions ethniques (46%) et le spectre de la guerre civile (34%). Parmi les 5 premiers problèmes de développement du pays, Kidal se préoccupe beaucoup moins de la santé que de l’accès à l’eau et l’insécurité alimentaire y est au 4ème rang au même titre que le chômage et la corruption (25%). L’éducation est une priorité régionale à Kidal (33%) et Gao (33%), toutes deux loin devant Tombouctou (5%) beaucoup plus préoccupée par le spectre de la guerre civile.

Kidal est la région qui se concentre le plus sur peu de problèmes de développement, à peine une dizaine sur la trentaine retenue, excluant par exemple, la pauvreté ou l’exclusion sociale, l’agriculture, les infrastructures routières, la sécheresse, les transports, la communication ou les droits politiques. A l’opposé, Kayes est la région qui semble assaillie par le plus grand nombre de problèmes de développement, en excluant à peine 4 sur la trentaine dont le logement, les enfants dans la rue, la démocratie et la guerre. Elle est suivie de Mopti et de Koulikoro. Sikasso est la seule région où il ne se dégage aucune majorité pour aucun problème de développement, le plus grand score étant 44% pour la santé suivie de la pauvreté (39%). Bamako est presque dans la même situation mais dans un bien moindre degré avec ses 49% pour le chômage, un problème majeur s’il en faut dans ce district.

Les problèmes de développement diffèrent significativement selon le milieu de résidence. Néanmoins, l’insécurité alimentaire, la santé et la pauvreté figurent parmi les 5 premiers problèmes quel que soit le milieu. Ces problèmes sont au 1er, 2ème et 3ème rang en milieu rural contre 2ème, 3ème et 4ème en milieu urbain. Si l’eau et l’agriculture complètent les 5 premiers problèmes ruraux, ce sont, en milieu urbain, le chômage (1er problème) et l’insécurité (en 5ème position). Au sixième rang des problèmes urbains de développement se trouve l’éducation (21% des sondés). Elle est suivie des tensions ethniques (17%) et de l’accès à l’eau (14%). En milieu rural, ce sont, par ordre décroissant les tensions ethniques (19%), l’insécurité et l’éducation (16% chacune). Urbains et ruraux se soucient tous peu du foncier, des questions genre, de la démocratie ou de la fiscalité. Les urbains y ajoutent la sécheresse et la communication et les ruraux le logement, les transports, les enfants de la rue ou les services bancaires (prêts ou crédits).

 

Il se dégage un effet genre dans la priorisation des problèmes de développement auxquels le pays fait face et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Si l’insécurité alimentaire est le premier problème le plus important du pays, il l’est davantage pour les femmes que pour les hommes, 51% contre 44% de suffrages. Chez les femmes, viennent ensuite la pauvreté, l’accès à la santé, à l’eau et le chômage. Chez les hommes par contre, ce sont la santé, l’eau, l’insécurité, le chômage et les tensions ethniques. Les femmes se préoccupent deux fois plus de la pauvreté et de l’exclusion sociale que les hommes, sans doute qu’elles en seraient davantage victimes, 42% contre 20%. Quoique dans une bien moindre proportion, les hommes se préoccupent plus de l’insécurité que les femmes, 24% contre 12%.

Sur les 13 problèmes dont se soucient peu les femmes (au plus 1% de suffrage), 8 sont également ignorés par les hommes. Ce sont les mêmes problèmes qu’au niveau national. Curieusement, les hommes se préoccupent plus que les femmes de la discrimination et des inégalités, 5% contre 1%.

L’unanimité est faite parmi tous les groupes d’âge que l’insécurité alimentaire est le premier plus important problème auquel le pays fait face et auquel le gouvernement devrait s’attaquer. Son importance augmente au fil de l’âge, de 44% chez les 18-25 ans à 50% et plus chez les plus de 55 ans, avec 47 à 48% entre ces deux extrêmes. L’accès à la santé est le deuxième problème le plus important sauf chez les 18-25 ans (supplanté par la pauvreté et l’accès à l’eau). L’insécurité préoccupe davantage les plus de 55 ans que les autres, tout comme le chômage préoccupe plus les 18-35 ans qui en seraient les plus touchés, l’agriculture les 36-45 ans et la corruption les 46-55 ans. Les jeunes de 18-25 ans ne font pas du tout de la discrimination ou des inégalités un problème important de développement.

La primauté de l’insécurité alimentaire à l’échelle des problèmes de développement est contrariée chez les sondés de niveau supérieur d’éducation, pour qui ce problème ne vient qu’en sixième position, derrière le chômage, l’insécurité, l’éducation, la santé et la pauvreté. Les quatre premiers problèmes de développement à l’échelle nationale sont dictés par les analphabètes tout comme les douze moins importants problèmes, le cinquième est du fait des intellectuels de niveau secondaire et plus, il s’agit du chômage dont souffrent justement plus les diplômés. Il est naturel que l’agriculture préoccupe les analphabètes plus que tous les autres, 20% contre 4% pour le niveau supérieur et 8% pour le secondaire. A l’inverse, les salaires et revenus préoccupent plus les personnes de niveau d’éducation secondaire et plus.

Pour les principaux domaines de développement, les problèmes de développement sont sériés six domaines de développement que sont: l’économie ; l’alimentation/agriculture ; les infrastructures ; la santé, les services publics ; la gouvernance.

L’économie regroupe 6 problèmes prioritaires que sont, la gestion de l’économie, les salaires et revenus, le chômage, les impôts et taxes, les prêts et crédits. Quant à l’alimentation, ce domaine regroupe l’agriculture, la commercialisation agricole, l’insécurité alimentaire et la famine, la sécheresse et le foncier. Les infrastructures recoupent les transports, la communication, les infrastructures routières. La santé concerne en dehors du problème générique de la santé, le Sida, les maladies et épidémies. Les services publics regroupent tous les autres services en dehors de la santé, soit l’éducation, le logement et l’habitat, l’électricité, l’eau, les enfants dans la rue et les orphelins ainsi que les autres services. Le domaine de la gouvernance est relativement large, comprenant l’insécurité et le crime, la corruption, le genre (approche genre et droits de la femme), l’instabilité politique ou les tensions ethniques ou encore les divisions politiques, les inégalités et discriminations, la démocratie et les droits politiques, la guerre (civile ou internationale). Un programme informatique développé sur SPSS permet de sérier ainsi les problèmes de développement en tant que question à choix multiples.

Comme pour les problèmes de développement, l’alimentation (y compris l’agriculture) est le premier domaine prioritaire de développement des maliens, 65% des sondés. Le domaine alimentaire est suivi de l’économie (58%), de la gouvernance (48%) et à égalité de la santé et des services publics (34%), les infrastructures se classant en dernière position, avec seulement 9% des suffrages. La primauté de la sécurité alimentaire est observée en milieu rural et dans toutes les régions, à l’exclusion des trois régions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal – où prédomine partout la gouvernance) et de Bamako (où l’économie supplante la sécurité alimentaire). Parmi les régions du Nord, la sécurité alimentaire ne vient en seconde position qu’à Tombouctou sinon elle se classe 4ème sur 6 à Gao et  à Kidal. Il faut signaler que de toutes les régions, les infrastructures préoccupent davantage les populations de la région de Kayes que partout ailleurs, 23% contre 9% au plan national, suivie de Mopti, 14%. Le domaine de l’économie est la priorité absolue à Bamako et plus généralement en milieu urbain.

La priorisation des domaines de développement du pays varie significativement selon le sexe, l’âge et le niveau d’éducation. Les hommes privilégient la sécurité alimentaire et la gouvernance tandis que pour les femmes ce sont l’économie et la sécurité alimentaire, la gouvernance venant en troisième position à égalité avec les services publics, 37% des suffrages féminins. Du fait qu’il n’y ait pas de différence significative de rang entre l’économie et l’alimentation chez les femmes, 67% et 66%, alors que les hommes mettent en avant l’alimentation, ce domaine vient prioritairement dans tous les groupes d’âge, un peu moins fortement chez les 18-25 ans. Par niveau d’éducation, la sécurité alimentaire doit son premier rang national aux sondés de niveau d’éducation tout au plus primaire. Chez les niveaux secondaire et supérieur, elle est supplantée par l’économie et la gouvernance. Très clairement, la préoccupation des questions de gouvernance augmente avec le niveau d’éducation, de 43% chez les analphabètes à plus de 60% au niveau secondaire et plus, près de 20 points de pourcentage d’écart.

Problèmes de développement  et Objectifs de Développement Durable (ODD)

Partant des principaux problèmes de développement les plus importants aux yeux des sondés, on peut procéder à un repérage des ODD (Objectifs de développement durable) et ensuite rechercher les principaux déterminants des ODD ainsi identifiés, d’ordre géographique ou sociodémographique.

Pour le repérage des ODD dans les problèmes de développement, tout comme pour les domaines de développement, les ODD  ont été construits à partir des principaux problèmes de développement à l’aide d’un programme informatique sur SPSS. La plupart des ODD ainsi identifiés regroupent plusieurs problèmes à la fois, seulement cinq des 14 retrouvés correspondent à une seule modalité de réponse de la question à choix multiples, Q55pt1, Q55pt2, Q55pt3. Les 3 ODD des Nations unies pour l’horizon 2030 qui n’ont pu être repérés dans la base de données sont les ODD 14, 15 et 17, à savoir la vie aquatique, la vie terrestre et le partenariat pour la réalisation des objectifs.

Les 14 ODD repérés sont:  ODD 1 ou pas de pauvreté, éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ; ODD 2 ou faim “zéro”, éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable ;  ODD 3 ou bonne santé et bien-être, permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ;  ODD 4 ou éducation de qualité, assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ;  ODD 5 ou égalité entre les sexes, parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et filles ; ODD 6 ou eau propre et assainissement, garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ;  ODD 7 ou énergie propre et d’un coût abordable, garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable; ODD 8 ou travail décent et croissance économique, promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ; ODD 9 ou industrie, innovation et infrastructure, bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation; ODD 10 ou inégalités réduites, réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre ;  ODD 11 ou villes et communautés durables, faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ;  ODD 12 ou consommation et production responsables, établir des modes de consommation et de production durables ;  ODD 13 ou mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques, prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions ;  ODD 16 ou paix, justice et institutions efficaces, promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.

Evidemment, on ne peut trouver dans ce questionnaire tous les cibles et indicateurs liés aux différents objectifs, qu’il nous suffise de coller à l’esprit des objectifs sous forme de problèmes auxquels le pays est confronté et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Cet esprit transparait dans le tableau ci-dessous de correspondance entre problèmes de développement et ODD identifiés.

La répartition des ODD prioritaires est significativement dépendante de la région et du milieu, au plan géographique, ainsi que du sexe, de l’âge et du niveau d’éducation, au titre des caractéristiques sociodémographiques. D’abord au plan national, l’ODD 2, relatif à la sécurité alimentaire apparaît comme étant la priorité absolue avec 63% de suffrages, loin devant la gouvernance en seconde position avec 45% d’avis. Les trois autres ODD qui suivent dans l’ordre décroissant de priorité sont l’ODD 3 portant sur la santé, l’ODD 1 ou la pauvreté et l’ODD 6 portant sur l’eau. Ce dernier ODD (28%) est suivi de très près par l’ODD 8 (27%) relatif à la croissance économique. Aux derniers rangs des ODD sont les ODD 5, 11 et 2 portant respectivement sur les questions de genre, de logement et de sécheresse ou plus généralement d’environnement ou encore de changement climatique. L’ordre national des cinq premiers ODD prioritaires (ODD 2, 16, 3, 1 et 6) est dicté par le milieu rural sinon le milieu urbain place l’ODD 8 au troisième rang, suivi à parts égales par les ODD 1 et 3.

A regarder de près, la sécurité alimentaire est le premier ODD prioritaire dans toutes les régions, à l’exception de celles du Nord où c’est plutôt l’ODD 16 relatif à la gouvernance. Dans ces trois régions du Nord, la sécurité alimentaire vient en deuxième priorité à Tombouctou, en cinquième à Gao, derrière les ODD 6, 8 et 4, et en quatrième ex æquo à Kidal avec l’ODD 8, précédé donc des ODD 6 et 4. A Bamako, l’ODD 2 est suivi des ODD 8, 16, 3 et 1.Par sexe, l’unanimité est faite entre hommes et femmes quant à la primauté de l’ODD 2. Après, les priorités divergent selon le genre. Si pour les hommes la gouvernance (ODD 16) vient en seconde position, c’est plutôt la pauvreté (ODD 1) chez les femmes, ODD qui vient en sixième position chez les hommes. La croissance ou l’ODD 8 est au quatrième rang chez les hommes alors qu’il est au sixième chez les femmes.

Par groupe d’âge, trois ODD (ODD 2, 16 et 1) sont parmi les cinq prioritaires de tous les groupes. L’ODD 3 vient en troisième position dans tous les groupes d’âge sauf chez les 18-25 ans où il occupe la sixième position. L’ODD 8 ou la croissance figure parmi les cinq premières priorités sauf chez les 36-65 ans et ainsi il ne l’est pas non plus au plan national où il est plutôt sixième.

L’éducation crée encore plus d’hétérogénéité dans l’ordre de préférence des ODD. Les cinq premiers nationaux s’observent presque dans le même ordre chez les personnes d’au plus de niveau d’éducation primaire. Deux autres ODD occupant respectivement les 6ème et 7ème rangs sont parmi les 5 premiers lorsque le niveau d’éducation atteint le secondaire, 3ème et 5ème rangs pour le secondaire et 2ème et 5ème rangs pour le supérieur. Ce sont l’ODD 8 ou la croissance et l’ODD 4 portant sur l’éducation. Il faut cependant noter que l’ODD 8 est au 5ème rang pour le niveau primaire d’éduction.

Mamadou DOLO

                                                                                                                    dolo@journalinfosept.com

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