Depuis un certain temps, Pékin a durci les conditions de délivrance de son visa aux opérateurs économiques du Mali. Selon une source digne de foi, cette mesure du géant asiatique serait imputable à une attitude déplorable du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM) qui jouait le rôle d’interlocuteur entre les Maliens et l’Ambassade de Chine à Bamako. En conséquence, les importateurs de notre pays dont les activités sont encore à l’état embryonnaire et qui représentent 80% de la masse s’adonnant au commerce font désormais face à un véritable casse-tête chinois. Mais de quoi s’agit-il réellement ?
Tout d’abord, un petit rappel s’impose afin d’expliquer le contour de cette situation qui a, un moment, failli installer l’incompréhension la plus abjecte entre Bamako et Pékin dont les liens de coopération et de fraternité ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, quand les jeunes importateurs Maliens ont commencé à se ruer vers les produits « made in China » qui sont à la portée de toutes les bourses contrairement à ceux fabriqués en Europe et en Amérique, c’est le Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM) qui servait d’interface entre les Maliens et l’Ambassade de Chine à Bamako.
Et ce, conformément à la vision esquissée par les plus hautes autorités du pays de soutenir ce secteur dont les difficultés se font sentir à tous les niveaux de notre société. Donc, jusque-là pas de problème ! À preuve, cette approche avait même été unanimement saluée par tous ceux qui exploitent ce corridor chinois.
Mais le hic, selon une source crédible, c’est que ce SYNACODEM chapeauté par Cheick Oumar Sacko et Abdoul Aziz Mariko dont les affaires ont périclité depuis longtemps, avait semble-t-il, pris du plaisir à percevoir une somme indue sur chaque demande de visa. La procédure convenue de commun accord préconise que les demandes écrites soient reçues individuellement pour être soumises collectivement aux autorités diplomatiques chinoises à Bamako.
Ce nouveau business serait vite devenu la chasse gardée du duo infernal (Cheick Oumar et Abdoul Aziz) qui l’apercevait comme un cadeau tombé du ciel. Du coup, tout le monde avait la possibilité d’obtenir facilement et dans un délai court la précieuse autorisation de se rendre dans les contrées industrielles du géant asiatique.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, la conséquence immédiate de cette attitude du SYNACODEM qui a consisté à aider n’importe qui à obtenir le visa a été jugée « scélérate » dans les coulisses de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. En fait, son goût pour le magot aurait permis à une petite partie (les brebis galeuses qui ne manquent pas) de se livrer en Chine à des actes déshonorants (arnaque et larcin) qui ont terni l’image de notre pays déjà écornée par la situation qui y prévaut depuis mars 2012.
Les autorités de Pékin ont alors imposé des mesures rigoureuses restreignant la délivrance de leur visa aux ressortissants Maliens. EIles sont allées jusqu’à proposer la création à Bamako d’une plate-forme à partir de laquelle, ils viendront fournir toute la gamme de leurs produits. Une sorte de livraison à domicile afin de se mettre à l’abri d’éventuels problèmes. La partie malienne voyant ses intérêts compromis s’y est opposée catégoriquement mais tout en évitant les incivilités. Par contre, les plus radicaux et qui sont moins nombreux voulaient l’application du « principe de la réciprocité ».
Finalement, le bon sens a prévalu en proposant une autre démarche positive. À l’interne, des discussions houleuses mais rayonnantes se sont tenues impliquant les différents ministères et certaines organisations commerciales. Ensuite, les deux parties (Mali-Chine) se sont réunies plusieurs fois en vue de trouver un consensus. Ainsi, il a été décidé d’accorder une seconde chance aux opérateurs économiques du Mali. Et comme effet immédiat, la représentation diplomatique de Pékin à Bamako a repris la délivrance de son visa.
Mais d’après toujours notre source, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que la liste des demandeurs est désormais passée au tamis avant d’être expédiée aux Chinois. La mauvaise, c’est que la pratique maintes fois décriée consistant à déplumer les voyageurs serait encore applicable à tout prétendant au visa chinois. « Le SYNACODEM s’est mué en sangsue pour sucer le sang des jeunes opérateurs économiques de notre pays », déplore un commerçant débutant du secteur de l’habillement qui désire s’envoler pour la Chine dans les mois à venir. « Cette activité a donné l’occasion à Sacko et à ses hommes qui seraient de mèche avec certains hauts responsables Maliens, de se remplumer en garnissant à nouveau les rayons vides de leurs magasins et de se faire une cure de jouvence », fustige notre source.
Ajoutant que récemment l’Inde (la concurrente que la Chine redoute le plus) a décidé d’offrir des facilités aux ressortissants Maliens souhaitant se rendre chez elle pour des voyages d’affaires. Le malheur des uns faisant bien le bonheur des autres, le géant de l’Asie aurait, du coup, subitement changé sa position en assouplissant les conditions de délivrance de son visa.
Enfin, l’accès à l’Ambassade de la Chine à Bamako est-il réellement interdit à Cheick Oumar Sacko, Abdoul Aziz Mariko et à Djery ? Pour quelle raison, les Maliens passent-ils de plus en plus par Niamey ou Brazzaville pour aller en Chine ? Ces deux capitales africaines exigent-elles moins de garantie que Bamako ou offrent-elles aux chinois la possibilité d’imposer des critères de crédibilité en matière de délivrance de leur visa ?
À suivre
Dougoufana Kéita