Nous pouvons dire sans exagération qu’aucune crise n’a eu des effets aussi profonds sur notre sécurité et notre liberté que celle que nous vivons. Pendant une grande partie de cette décennie, les analystes ont tenté de donner un sens à cette crise dévastatrice. Nous avons toujours observé de près cette crise pour éclairer les stratégies pour l’avenir. Nous nous sommes aussi demandés : qu’est-ce que cette crise peut apprendre à notre pays à l’avenir ?
Beaucoup de choses inimaginables se sont déroulées dans notre pays au cours de cette décennie. La question est alors de savoir ce que nous avons appris et ce que nous devons faire pour s’assurer que nous ne somnambulerons pas dans une crise semblable dans l’avenir. Nous devons sûrement adopter des actions prioritaires destinées à accélérer la mise en œuvre de nos programmes de reconstruction et de développement. La restauration d’un véritable État de droit et son application impartiale par un vrai gouvernement de reconstruction est sans doute une des actions concrètes prioritaires visant à mieux intégrer nos valeurs dans les politiques et les obligations présentes et futures.
Le gouvernement de reconstruction doit être un artisan du développement économique et social. Son agenda doit être destiné à réduire la fracture sociale, à combattre l’exclusion et à faire reculer la pauvreté. Ce qui illustrerait sa volonté de créer une société malienne plus solidaire. Le projet de reconstruction doit absolument être élaboré à partir du constat qui indique que de larges franges de la population vivent dans des conditions difficiles et dans une situation de pauvreté et de marginalisation. C’est pour cette raison qu’il doit être fondé sur cette conviction profonde : la personne humaine est la source et la finalité de l’action politique. Dans cette période de crise générale du lien social, le projet politique doit être libre et audacieux mettant l’homme au cœur des décisions. Évidemment, il doit avoir pour fondement ce que la nation malienne possède de plus sacré comme constantes en termes de valeurs, en l’occurrence l’homme malien ; d’où la volonté de créer des conditions favorables à l’éclosion du génie créateur du Malien.
L’agenda ne peut alors que s’inscrire dans la vision d’ensemble qui constituerait la matrice du projet de reconstruction, bâti évidemment sur les principes de démocratie politique harmonisée, d’efficacité économique, de cohésion sociale et de travail fondé sur la répartition équitable du revenu national dans la justice et la solidarité, mais aussi la possibilité de donner à chacun le moyen de s’épanouir en déployant pleinement ses potentialités et ses aptitudes. C’est dans cette vision équilibrée et portée vers l’avenir que doivent s’inscrire les réformes fondamentales et les projets structurants que nous devons engager et qui permettront la consolidation de l’État de droit et de la bonne gouvernance, l’élargissement de l’espace des libertés, la promotion des droits de l’homme et des catégories sociales démunies et fragiles.
Il est nécessaire de mener une véritable révolution dans la gestion des affaires publiques. Il est important que le processus soit pris en charge par des femmes et des hommes dont l’état d’esprit est favorable aux impératifs du renouveau. Chaque citoyen devra s’y retrouver et le sens de la justice sociale doit imprégner l’action publique. L’État de droit doit consacrer la suprématie de la loi sur tous. Le renouveau ne saurait se faire sans une reconstruction de la conscience nationale. Le pluralisme politique exige la mobilisation de toutes les couches de la population en vue de redéfinir la logique qui lie l’individu à sa société sur des bases d’avantages mutuels et durables.
Nous devons œuvrer pour une prise en charge des préoccupations des citoyens par les pouvoirs publics plus conscients et plus compétents qui mettent en place des stratégies et des programmes appropriés dans le but de réaliser le bien-être collectif. Nous devons travailler pour une requalification et un renforcement de la société civile.
La justice est l’une des plus fortes expressions du pouvoir régalien de l’État. L’appareil judiciaire est très important dans l’édification de l’État de droit. Il faut donc une réhabilitation de la justice malienne parce que rendre la justice dans un environnement non propice devient aléatoire et suicidaire pour la république surtout lorsqu’il s’agit des plus démunis qui ont besoin de cette justice. En outre, les forces de sécurité doivent être ré-entraînées, rééduquées et réorientées de manière à être aptes à épauler le système judiciaire. Il est plus que nécessaire de renforcer les capacités de l’État à sécuriser les masses et à leur offrir des services appropriés et lutter contre la bureaucratisation de l’État et la corruption.
Il est impératif que nous nous engagions ensemble pour promouvoir, au service du Mali et de tous les citoyens, la liberté de conscience et la dignité de la personne, la diffusion de la culture et de l’instruction, le développement de la libre entreprise, l’autorité de l’État et l’État de droit, le dialogue social, la justice sociale, les devoirs et solidarités fondamentales, l’égalité des chances, la sécurité des personnes et des biens, la protection de la nature et de l’environnement, la responsabilité individuelle, l’épanouissement de la famille, et la libre administration des collectivités locales.
Cheick Boucadry Traoré
Tres bien réfléchi et dit Bouga et merci pour ton patriotisme!
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