Les responsables Bellah étaient face à la presse : Pour sauvegarder la culture Bella

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 « Adhésion du peuple BELLAH à l’Organisation des Nations et Peuples Non représentés- UNPO » tel était le thème, d’une conférence de presse animée mercredi au Carrefour des Jeunes de Bamako, par l’Association  Malienne  pour la  Sauvegarde  de  la  Culture Bella  (A.MA.S.C.B-IKEWAN). C’était sous la présidence du président de l’Association, M. Sbeyti AG AKADO.

Pour le président de l’Association Malienne pour la Sauvegarde de la Culture Bellah IKEWAN, Sbeyti AG AKADO,  leur association, s’est engagée depuis sa création  le 03 Aout 2015  à  faire connaître le peuple Bellah au Mali, en Afrique et dans le reste du monde et, de  lutter pour qu’il recouvre tous ses droits sur la terre malienne : Terre de ses ancêtres.

« Nous sommes heureux de vous annoncer que le premier objectif est en passe d’être atteint, car depuis le 28 Juin 2017, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations et Peuples Non représentés(UNPO), tenue à Edinbourg en Ecosse a officiellement reconnue le peuple Bellah comme membre de la dite organisation. C’est le lieu pour nous de remercier l’UNPO qui nous a admis avec beaucoup d’attention. Nos remerciements s’adressent également à Biram Da ABEID, Président de IRA Mauritanie, qui nous a guidé et soutenu dans cette quête de reconnaissance. Nous remercions  chaleureusement tous les frères, les associations et sympathisants qui nous ont encouragés et soutenus  financièrement dans cet exercice. » Aussi, le conférencier a fait une mention spéciale à AMI  WASSIDIE TRAORE, la grande Diva et Amazone du peuple Bellah pour tout ce qu’elle fait en faveur du Mali.

Poursuivant ses propos, il dira qu’après cinquante sept années de souveraineté nationale, il est dommage et regrettable que dans notre pays le Mali, une des communautés les plus nombreuses et des plus laborieuses soit encore confrontée à des problématiques de reconnaissance ou de représentation. Et, d’ajouter que les Bellah ont été  Cité et/ou présenté dans les écrits Arabes, Européens et Africains  comme, peuple autochtone victime des pratiques  moyenâgeuses  encore en cours dans certaines sociétés africaines.  « Aujourd’hui, la lutte des peuples à travers le monde pour la liberté et le progrès, le constat amer de leur marginalisation et de leur non  représentation autour des questions locales et nationales, ont suscité l’éveil et la détermination du peuple Bellah, à  assumer son histoire et de sortir des amalgames, de la marginalisation et du déni d’existence dans lesquels il  a été longtemps  maintenue » a-t-il indiqué.

Avant de faire savoir que : « Nous avons estimés que pour lutter contre les injustices, inégalités, marginalisations et autres privations et violations de nos droits, il fallait d’abord parvenir à nous faire accepter comme peuple ayant ses spécificités, ses caractéristiques, une identité, une culture. Malgré notre histoire, notre présence remarquable sur la plus grande partie du territoire national, et les multiples sollicitations émises par des associations communautaires auprès des pouvoirs publics, les autorités du Mali  peinent encore à nous considérer et nous traiter sur le même pied d’égalité que les autres communautés du nord et du reste du pays. Ce déni de reconnaissance et de considération, soutenu par une stigmatisation persistante et par le sens d’esclave que le dictionnaire Français a donné à tort au terme Bellah ont contribué gravement à  l’effritement de la communauté. C’est d’ailleurs pour fuir le sens d’esclave que de nombreux Bellah se font passer pour des Songhoi, des peul, des bamanans ou autres ethnies de noirs. Les appellations récentes telles que « Noirs kel Tamasheq », « Kel Ahichk » ou « Ahl Achajar » procèdent de la recherche difficile d’une identité moins étiquetée.C’est le lieu de préciser que Bellah ne signifie esclave dans aucune langue de chez nous ou d’ailleurs » a martelé Sbeyti AG AKADO.

«  Face à ces problématiques que L’A.MA.S.C.B «  IKEWAN »  s’est fixée comme objectifs : de rassembler  sous l’identité de BELLAH une communauté écartelée par des pesanteurs socio-économiques et culturelles multiples ; de promouvoir la solidarité et l’entente entre ses membres ; protéger et promouvoir l’Art, la culture et les droits du peuple Bellah » a précisé le président de l’Association.

A en croire l’orateur, pour mieux connaître ce peuple encore opprimé et occulté,  il est important de jeter un regard sur son passé.

« Selon les  traditions orales auxquelles se réfèrent Wâ Kamissoko, griot auteur de la « Grande geste du Mali » publié en 1988 aux éditions karthala, les Bellah d’origine sont des Kakolo parents à plaisanterie des Markas et des Malinkés. Selon l’ethnologue  Nigérien Boubou Hama les Bellah sont une des composantes des communautés noires, vivants depuis de nombreux siècles dans les savanes et steppes du Sahel. Ils seraient les cousins des Songhoi et des bozo avec lesquels ils partagent les espaces environnants du fleuve. Il affirme que les Touareg parlent la langue des Bellah. Ont cité les Bellah parmi les composantes du peuplement de l’empire Songhoi.   le Français DESPLAGNES affirmait en 1976 lors d’un colloque tenu à Niamey que : « Les Bellah sont d’anciens habitants du Sahara, et ils représentent 95% de la communauté Touareg ».

« Un Peuple de Noir  formé par  une union  forcée entredes Populations Autochtones (Agressées, asservies, ou dominées par les peuples étrangers  Arabo- Berbères) et des Noirs Vaincus (Vendus ou Volés, produits des guerres fratricides entre  noirs pendant plus de 4 siècles). La certitude la plus partagée est le caractère transversal de la communauté Bellah, qui fait d’elle un « creuset » social et culturel dans lequel peuvent se reconnaître la quasi-totalité des communautés du Mali. Les Bellah ne sont ni des Touareg/ Tamacheq, ni des Songhoi, des Peul ou des Bambara, des bobo ou des dogon » a martelé Sbeyti AG AKADO. 

Il a ajouté que la lutte du peuple Bellah n’est pas menée contre qui que ce soit. Elle vise à sauvegarder son identité et tous ses droits constamment menacés et violés. « Nous avons attendu en vain  la main de l’Etat, sa protection  et sa justice. Nous avons été très souvent écartés, spoliés, ignorés, brimés et humiliés par les pouvoirs publics. Dans ces conditions  notre peuple ne saurait s’attendre à l’aide des PTF lorsque son existence même est niée par les plus hautes autorités du Mali ».

Et, de rappeler que le Peuple Bellah compte de nombreux grands diplômés, qui malgré leurs compétence et leur loyauté ne se voient confié aucun poste ministériel, aucune direction nationale, aucun ambassadeur, aucun poste de grande envergure. « Les organes de gestion de l’accord de paix (CSA, MOC, RSS, Autorités Intérimaires, Conseillers Spéciaux des Gouverneurs, commission de rédaction de la charte pour la paix, la commission chargée de la cartographie des terroirs des régions du Nord….) ont été quasi exclusif pour nous. Comment donc ce peuple peut-il aspirer au développement et à moins de dépendance  lorsqu’ il est occulté au cours des négociations, des discussions, des programmations ou attributions de quotas qui regroupent autorités et communautés autour d’une même table ; lorsque ses meilleurs élèves et étudiants ne peuvent compter sur aucun « bras long » pour bénéficier de bourses d’étude à l’extérieur ; lorsque  ses cadres ne bénéficient  pas des mêmes traitements ou promotions dont jouissent des cadres souvent moins méritants des autres communautés » a noté Sbeyti AG AKADO.

Pour terminer, la reconnaissance du peuple Bellah par l’UNPO interpelle en premier lieu l’Etat du Mali,  qui doit impérativement  réhabiliter cette communauté  en l’intégrant dans les discours, les ouvrages scolaires, les rencontres et commissions nationales et dans tous les autres actes de la République. « Nous attendons des autorités qu’elles  jouent pour nous le rôle d’Avocat lorsque nous poserons une plainte contre les auteurs des contre vérités du dictionnaire Français, qui trouvent au nom Bellah le sens d’esclaves des Touareg » souligné. Avant d’ajouter que,

« Le peuple Bellah attend impatiemment d’être écouté, et entièrement impliqué à travers ses représentants légitimes dans toutes les discussions, négociations, et recherche de solutions pour un Mali du Sud, du Centre et du Nord durablement engagé dans la voix  de la paix et du développement » a conclu

Nouhoum Cissé

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