Responsabilités des parents et de l’Etat dans l’alcoolisation de la jeunesse malienne

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Drogue ou simple boisson ? On boit partout à Bamako. Dans les rues, dans les bars et dans les boîtes de nuit. En tout cas, la consommation de l’alcool est en constante augmentation au Mali. Hélas !depuis 1990.Ce qui paraît beaucoup  plus troublant dans cette histoire, c’est que sur 100 jeunes  filles qui ont des fréquentations régulières avec les boîtes de nuit, 80 au moins, consomment de l’alcool. La jeunesse malienne est en crise morale. Preuve : la présence des bars et des hôtels à proximité des centres de  formation scolaire.

 Quelle promiscuité ! Toute chose qui  reste,  une insulte grave, au système éducatif malien, à l’honneur du Malien tout court. Très souvent, à ciel ouvert, la pratique pour  lever le coude est  devenue monnaie courante. Et le constat, frise la grande inquiétude. Quel est le sort réservé à ces enfants qui, ont fait dès la petite adolescence, l’expérience de l’alcool ? Devant un Etat aussi léthargique que moins soucieux  et des parents démissionnaires, il n’ya ni plus ni moins qu’un pas : une somme de responsabilités.

Adolescents buveurs, arrêtez ! Selon l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) « la consommation excessive de l’alcool est le cinquième facteur de risque de décès prématuré dans le monde. » Et les chiffres qu’elle avance sont suffisamment éloquents et interpellent toutes les consciences. Et pour cause : Plus de 2 millions de morts annuelles dont 45 mille pour la France seule. Une enquête rapide nous a permis de noter qu’en 2004 la consommation de l’alcool aurait entrainé le décès de320 000 jeunes âgés de 15 à29 ans à travers le monde. Faute de statistiques fiables, le Mali n’échappe pourtant pas aux conséquences du coma éthylique.

En effet, l’alcool met en péril l’avenir des jeunes et le devenir de toute une nation. Il est devenu le fléau de notre temps. Chaque jour qui passe apporte son cortège de malheurs. On lève le coude partout à Bamako.

 Pourquoi ces ados et ces  jeunes délaissent-ils de plus en plus les sucreries au profit des boissons alcoolisées plus fortes ? « Un vecteur pour prendre du plaisir et de plus compétent, plus homme si vous voulez… », raconte un adolescent qui habite Faladié.C’est la peur dans l’âme. La peur bleue déjà, pour une nation qui a  souffert et qui souffre encore de la conjoncture économique, de la corruption et du bas niveau de son école…

Tous les paramètres sont quasiment réunis avec la Nouvelle Génération Alcoolisée(NGA) pour parler d’un fiasco de la fleur de l’âge au Mali .Bien sûr, si rien n’est fait pour la protéger contre les multiples agressions de l’Occident diffusées à travers les médias. Conséquences : de buveurs occasionnels viennent grossir le cortège des professionnels alcooliques. En particulier, lors des fêtes de fin d’année  ou pendant les anniversaires célébrés en dehors des familles, etc.

Causes de l’alcoolisme au Mali

La médecine moderne suppose que l’alcoolisme en général est le résultat d’une association de plusieurs facteurs : physiologiques, psychologiques ; sociaux et génétiques. Au Mali, il faut souligner que, les facteurs sociaux sont d’autant plus déterminants qu’ils les emportent sur les autres. En effet, l’absence d’une politique musclée sur l’alcool, la perte de l’autorité parentale, les violences conjugales, les mauvaises fréquentations et la pauvreté des géniteurs ne parvenant pas à subvenir aux besoins vitaux de leur progéniture. Voilà les quelques raisons fondamentales qui incitent les jeunes à lever le coude.

Le fils de maman porte la culotte

 

L’exemple le plus frappant qui illustrerait la démission des  parents est lié à une tragédie qui eut lieu la semaine dernière à Sébénikoro.AC ,19 ans et élève terminaliste du lycée, est rapidement passé de vie à trépas. Conséquence d’un état d’ivresse au volant de sa voiture.  Bien sûr. C’était  son habitude. Il jouissait  ainsi de la fortune de ses parents.  Celle de sa mère Thatcher ou Maman porte  qui porte la culotte à la maison. La femme « forte » puisque c’est elle qui commande à la maison en lieu et place de son mari S.C ; ce dernier effacé à  cause de la pauvreté. Il ne pouvait en aucune manière avoir voie au chapitre.

AC est baptisé du  prénom du père de  Maman porte la culotte. Cette dernière, un haut cadre de la République gagnait beaucoup d’argent qui lui  permettait de mener un train de vie à grands frais. Elle savait pourtant, que  son fils était toujours pris d’alcool. Jamais le moindre reproche à  son égard. Au contraire, au cours des discussions dans le quartier, on sent qu’elle dévisage son garçon sous les traits d’un héros alcoolique. Elle aurait dû l’appeler Bacchus pour rendre hommage à la Mythologie gréco- romaine. En voilà une preuve d’amour qui incite l’enfant dans l’alcoolisation et dans l’autodestruction. Comment comprendre que des mères de famille puissent adorer leurs enfants au point de les pousser dans un monde fait de drogués. C’est toute une lancinante question qu’on se pose. Difficile en tout cas pour Maman porte la culotte de parvenir à résoudre l’équation. Aucun espoir. Puisque son fils chouchouté est mort.

De jeunes alcooliques à cœur ouvert

Madou, alias Bob .Un bon vivant de 22 printemps: «  je bois pour oublier ma souffrance. Vraiment mon existence a toujours été terrible. Je veux m’éloigner des hommes habitués à trahir. »

Fanta dite Christine a 18 ans. Elle aurait abandonné ses études, faute de moyens financiers. La reconversion est faite au pas de course. Elle se livre à l’alcool en pratiquant le plus vieux métier du monde : « le divorce de mes parents est à la base de ma vie actuelle. Mon père battait ma mère chaque jour. Et puis… » Des larmes.

 Djibril est un jeune diplômé âgé de 30 ans : «  je lève le coude pour échapper au drame du chômage. Je suis un sortant de l’ENA depuis 2000.Plus de 10 ans après, aucun espoir. Et c’est ici  que je viens régulièrement noyer mes soucis,»martelait-il dans le feu de l’action.

Mesures  draconiennes ou stratégie musclée

Il faut un Etat fort pour arrêter toutes les dérives par la mise en œuvre d’une stratégie  musclée  visant l’usage de l’alcool chez les jeunes. L’interdiction des bars à côté des écoles doit être la priorité des priorités. La jeunesse ne mérite pas cette situation. Il faut l’aider non pas avec des t-shirts quand vous les soumettez à l’ignoble exploitation indigne même de la période coloniale.

C’est  dire que la volonté politique doit être à la hauteur de l’honneur et la réputation des Maliens. Que les autorités soient décidées à prendre le problème à bras le corps.

 En clair, le  ministère  de l’Education et celui  de la Santé doivent mettre des campagnes de préventions dans les écoles pour la  sensibilisation des jeunes.

Que peut-on espérer d’une jeunesse qui fait au quotidien son apprentissage à la saveur de l’alcool ? Sinon, la délinquance et la folie. Point d’étonnement. Une promiscuité qui tue plus d’un. Enfin réussir un savant dosage pour  intégrer les jeunes dans la vie professionnelle. Ce qui est un moyen pour les mettre à l’abri de la consommation de l’alcool. Mais encore faut-il que les jeunes sachent être dignes.

Moussa Wélé Diallo

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