Les praticiens des établissements publics doivent se mettre au diapason des textes pour poser des actes conséquents sous peine de se faire assigner devant leur administration ou en justice.
Les médecins s’exposent parfois dans l’exercice leur fonction. Ils encourent des risques allant de la sanction disciplinaire à une poursuite judiciaire dans des situations où ils sont en faute. Cette éventualité a incité le ministère de la Santé à pousser les feux, ces derniers temps, sur la formation du personnel soignant (médecins, infirmiers et personnel de soutien impliqué dans les soins) à la responsabilité médicale. Le Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Kati a ainsi bouclé vendredi, la formation d’une première vague de 32 personnes sur la responsabilité médicale. La session animée par Me Mamadou Samaké, avocat à la cour, et le Dr Lanceni Konaté, ancien secrétaire général du département de la Santé et expert en matière d’éthique et de déontologie médicale, s’est déroulée en présence du directeur général de l’établissement, le Dr Alioune Doumbia. Les deux formateurs ont développé les différents aspects liés à la responsabilité médicale. Ils ont rappelé la nécessité pour les praticiens des établissements publics de se mettre au diapason des textes pour poser des actes conséquents. Des modules sur le secret médical, le dossier médical, le sens des serments, la loi hospitalière, entre autres, ont été enseignés par les experts, en droit et en éthique et déontologie médicale à la jeune garde de médecins, infirmiers, constituant cette première vague de praticiens formés. La protection des médecins, infirmiers dans l’exercice de leur profession, constitue une préoccupation essentielle du département de la Santé. Celui-ci déploie, par l’entremise des CHU et ordres professionnels, de gros efforts pour améliorer l’exercice des professions sanitaires et le respect des codes de déontologie médicale.
Aujourd’hui, la responsabilité médiale provoque le stress chez certains praticiens. Ceux-ci doivent sortir de leur routine et intégrer un réflexe de responsabilité médicale sensée leur faire du bien. L’administration hospitalière de Kati a ainsi engagé la réflexion sur la question et entend fournir toutes les informations utiles à son personnel pour s’épargner des situations conflictuelles. La qualité non convenable des soins engendre diverses conséquences comme la perte de confiance et entraîne une réaction de défense des usagers. Ceux-ci peuvent donc, assigner le personnel de santé en justice. Lanceni Konaté a développé la notion de secret médical qui lie les médecins, infirmiers voire le personnel de soutien. Il a rappelé à cet effet, l’article 18 du code de déontologie qui stipule que le personnel est tenu d’observer une discrétion absolue et que tout manquement au secret professionnel est puni par les textes en vigueur. Lanceni Konaté a été on ne peut plus clair sur le secret médical. Même la mort du patient ne délie pas le médecin de ce secret. La violation du secret médical est donc punie par la loi. A ce propos, Me Mamadou Samaké a précisé que la révélation du secret médical est passible d’une peine de peine de prison allant de 6 mois à 2 ans et facultativement d’une amende de 20 000 à 150 000 Fcfa. L’avocat a expliqué aux médecins que le secret comporte beaucoup d’aspects contraignants. Des explications ont été également données sur le dossier médical. Les experts ont relevé que celui-ci est un ensemble d’informations formalisées concernant la santé d’un malade ou d’une personne à risque. Obligation est faite aux médecins de le constituer. Les obligations des différents serments, d’Hippocrate pour les médecins, de Florence de Nightingale pour les infirmiers et le serment des Apothicaires ou serment de Galien pour les pharmaciens, ont été rappelées. Dans les discussions sur ces différents aspects juridiques et médicaux, Mamadou Samaké et Lanceni Konaté ont apporté des réponses claires aux inquiétudes des uns et des autres. Le directeur général de l’hôpital de Kati a souligné que le risque zéro n’existait pas mais qu’il était du devoir des praticiens de minimiser au possible ces risques dans les soins. Cette formation engagée par l’administration hospitalière se fera par vagues pour ne pas perturber le fonctionnement des services et unités de soins de l’établissement. Elle s’étendra sur 6 semaines.