Respect des droits de la jeune fille : Le Mali, toujours, à la traine

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Les facteurs socioculturels font de la fille malienne, un être défavorisé dans nombre de secteurs d’activités, mais aussi l’objet de violences de toutes sortes. Ces facteurs ont  une incidence négative sur les droits, l’éducation, la santé et sur la vie même  de la fille. C’est pourquoi, la scolarisation des filles, l’excision et l’exploitation des aide-ménagères…sont, de plus en plus, au cœur des préoccupations de nos autorités et de ses partenaires.
Dans certains milieux, on pense que la femme doit se limiter au statut d’épouse, de mère ou de ménagère. Certains refusent d’envoyer les filles à l’école qui ne les prépare pas, selon eux, à assumer son rôle d’épouse.
Heureusement que la majorité des populations comprend, de nos jours, que l’école est une «lumière», qui peut éclairer les filles et les aider à s’occuper de leur famille. Plusieurs études ont prouvé que quand une femme est alphabétisée, ses enfants auront la chance d’aller à l’école. C’est pourquoi l’éducation des filles est, aujourd’hui, une préoccupation mondiale. «La journée internationale des filles» est célébrée chaque année dans le monde.
Au Mali, malgré la volonté politique, la scolarisation des filles bute à des obstacles : mariages précoces, manque de moyen de l’Etat, l’éloignement de l’école, les activités ménagères…
Le mariage précoce constitue, l’un des plus grands obstacles à la scolarisation des filles. Celles-ci sont souvent retirées de l’école, très jeunes, pour être données en mariage. Des études sociologiques prouvent que la femme africaine est surchargée. Toute chose qui constitue, une entrave à la scolarisation des filles, qui sont obligées d’assister leur mère dans les activités domestiques. Au-delà du facteur socioculturel, le facteur économique est un frein à la scolarisation des filles.
La pauvreté empêche de nombreuses filles rurales de poursuivre leurs études supérieures dans les villes où, elles sont livrées à elles-mêmes. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Ce n’est pas pour rien que la colline de  Badalabougou, baptisée «colline du savoir », est appelée aujourd’hui «colline du sexe ». Nombre d’étudiantes qui n’ont pas de parents à Bamako, sont obligées d’aller au Campus universitaire où, elles se livrent à la prostitution pour assurer le quotidien. Pauvreté  des parents oblige. Les conséquences ont pour noms : VIH-SIDA, grossesses non désirées et au finish, abandon des études. Selon la dernière Enquête Démographique et de Santé au Mali (EDSM IV), le taux d’alphabétisation était de 11% en 1998 contre 26% pour les hommes. La même enquête indique les filles ne représentent que 28% de l’ensemble des élèves. Il ressort que très peu de filles complètent les 9 années de scolarité au Mali.
L’exploitation des aide -ménagères dans les milieux urbains, autre équation à résoudre
L’exode des filles rurales vers les villes n’est pas sans conséquence sur leur vie. Les aide-ménagères ou « 52 » ou encore «bonnes à tout faire » retiennent l’attention. Ces filles rurales qui se précipitent vers les villes à la recherche de leur trousseau de mariage, sont exposées à tous les dangers. Si autrefois, les mamans payaient les ustensiles de cuisine de leurs filles, aujourd’hui, la constitution du trousseau de mariage revient à leur progéniture. Ce qui explique la ruée des jeunes filles vers les villes. Si certaines aide-ménagères parviennent à tirer leur épingle du jeu, d’autres, se jettent dans la gueule du loup. Car dans les centres urbains, elles livrent à prostitution. Certaines travaillent sans salaire, d’autres deviennent les esclaves sexuelles de leurs patrons. «Venues en ville pour chercher de argent, elles sont nombreuses à retourner au village sans l’argent, et avec un enfant  sous le bras. Comment protéger les aide -ménagères dans un pays où, ceux qui sont censés les défendre, sont ceux qui les exploitent ? » S’interrogeait, lors d’une conférence-débats, Mme urbain. Une dame qui se bat pour les droits des filles et des aides- ménagères en particulier. La fin de l’exploitation des aides- ménagères ne semble pas être pour demain. Une enquête de l’UNICEF, indique que sur 1500 aide-ménagères interrogées, en 2001, 80% avaient reconnu avoir échangé leurs relations sexuelles contre des cadeaux ou de l’argent, 15% avaient contracté une grossesse et 90% avaient avorté. En 2006, plus de 30% des filles de moins de 20 ans avaient déjà eu, au moins, un enfant.
Autres difficultés rencontrées par les filles: l’excision. Selon EDSM IV, 7 filles sur 10 sont excisées avant l’âge de 5 ans. En 2005, des études de l’OMS ont indiqué que le Mali occupe la 4ème place dans la pratique de l’excision, avec un taux de plus de 85%, après l’Egypte, l’Erythrée et le Soudan.  Plus de 75% des Maliens entendent exciser leur fille. Alors que l’excision est considérée, par l’OMS, comme une atteinte à l’intégrité physique de la femme et une violation de droit en matière de santé de la reproduction. «Il y a des pratiques que nos ancêtres eux-mêmes, s’ils revenaient à la vie, trouveraient caduques et dépassées », a dit le sage, Amadou Hampaté Ba.
Ces données et faits interpellent les autorités maliennes. Il est vrai que des efforts ont été déployés pour protéger les jeunes filles et réduire les inégalités entre elles et les garçons ; mais beaucoup reste à faire. Afin que les femmes et les hommes jouissent de conditions égales pour jouir, pleinement, de leurs droits et pour contribuer au développement de la nation. L’égalité de droits et de statuts constitue l’un des principes fondamentaux d’un Etat de droit. Pour ce faire, les barrières juridiques, économiques, politiques, sociales et culturelles doivent être levées. Et Cela exige, l’application, effective, des lois et des textes internationaux ratifiés par le Mali.
Abou BERTHE

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