Résolution de la crise du nord : Quand le MNLA trimbale IBK !

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Le president Ibrahim Boubacar Keïta
Bamako, le 17 septembre 2013 au palais de Koulouba. Le president de la republique du Mali,SEM Ibrahim Boubacar Keita avec les representants des differents groupes armes (photo archives)

Considéré comme l’homme de la situation pour venir à bout de la rébellion dans le Nord du pays, IBK n’a finalement pas pu faire mieux que ses prédécesseurs. Au contraire, il est confus et manifestement manque d’étoffe pour damer le pion aux groupes armés.

La tournure qu’est en train de prendre la crise du Nord inquiète et donne surtout matière à réfléchir sur le processus de négociations inclusives, car le principal groupe armé (MNLA) qui dit contrôler la région de Kidal continue de sillonner le monde pour promouvoir la création de l’utopique République de “l’Azawad”.

 

De quoi donner du fil à retordre aux autorités qui, en principe, devaient prendre langue avec les séparatistes 60 jours après leur prise de fonction. Hélas ! De jour en jour, la situation se corse et l’on assiste à un dialogue de sourds dont le principal gagnant pour le moment reste le MNLA, un groupe armé qui ne devra son salut qu’à la duplicité de la France libératrice.

 

Malgré les actions menées pour engager de véritables négociations, la ville de Kidal demeure un endroit stratégique qui échappe au contrôle de l’Etat malien. Et le gouverneur de région qui signe son retour reste entre les quatre de ses bureaux.

 

Idem pour l’armée malienne presque cantonnée dans l’Adrar et limitée dans ses mouvements. Pendant ce temps, le chef de l’Etat et ses ministres tentent de faire adhérer la communauté internationale à la cause d’un Mali, un et indivisible, sans succès, car en dehors des discours diplomatiques, la voix du Mali reste inaudible.

 

Diplomatie chancelante

Les multiples fronts créés pour parvenir à des négociations définitives n’ont pas empêché le MNLA et ses lobbys de se faire entendre. L’offensive diplomatique de Bamako en direction de l’Algérie, de la Mauritanie, du Maroc n’y change rien. Au contraire, c’est le MNLA qui conforte sa position sur le plan international.

 

C’est ainsi que les Maliens ont assisté avec consternation à l’audience que le roi du Maroc vient d’accorder à Bilal Ag Achérif. Et, par la suite, nous avons appris que c’est à la demande de Bamako que cette entrevue avait été possible. L’appétit venant en mangeant, le fameux mouvement indépendantiste creuse son sillon et parvient à se faire introduire en Russie. La randonnée continue de plus belle. A Rome, par le biais de la communauté Sant’ Egidio, une coordination diplomatique s’est mise en place, sans que Koulouba ose sourciller.

 

La diplomatie malienne est devenue chancelante et manque cruellement d’initiatives. A défaut de rappeler l’ambassadeur du Mali à Moscou pour consultation, nos décideurs politiques auraient dû, au moins, faire un communiqué. C’est le silence radio jusqu’à ce que l’ambassadeur de Russie à Bamako, vu le harcèlement dans la presse nationale contre son pays, effectue en personne un déplacement au ministère des Affaires étrangères.

 

En lieu et place de ce dernier, c’est l’ancien chef de la diplomatie malienne Zahabi Ould Sidi Mohamed qui explique la démarche à la télévision nationale. Puis, l’ambassadeur de la Russie publiera  un communiqué  au contenu flou. Autre fait important : c’est la reconduction du Burkina Faso comme médiateur désigné par la Cédéao dans les négociations entre le Mali et les groupes armés. Alors que le chef de l’Etat malien avait tout fait pour écarter ce pays dans le processus.

 

IBK perturbé

Pour mesurer le degré de frustration du président IBK, il suffit d’écouter ses interventions à l’extérieur. A chaque fois que l’occasion se présente à lui, il évoque les difficultés auxquelles il est confronté pour ramener les groupes armés à la raison. Tantôt, Ibrahim Boubacar Kéita hausse le ton et affirme ne plus discuter avec les groupes armés. Tantôt, il tend une main fraternelle à ceux-ci. Mais, chacune de ses sorties laisse apparaître un sentiment d’indignation, comme ce fut en France où il a déclaré ne pas comprendre pourquoi on lui imposait de négocier avec un groupe armé.

 

La réponse de la France a été  immédiate et depuis lors le Mali a perdu son emprise sur la situation. Le MNLA et son lobby ne baissent pas la garde, ils continuent de défier le Mali et menacent même d’en découdre avec l’armée malienne. A la faveur de sa visite au Sénégal dimanche dernier, IBK n’a pas pu contenir son amertume face aux agissements du MNLA. De même, il a fait une révélation surprenante.

 

 

Selon lui, le Mouvement national de libération de l’Azawad est allé négocier des armes en Russie. Le hic est que dans son envolée, le chef de l’Etat laisse l’opinion publique perplexe. Puisqu’on s’attendait plutôt à une mise au point ou à la suspension de la coopération entre ce pays et le nôtre.

 

Comme on le voit, la nébuleuse MNLA coupe le sommeil au président de la République qui avait bénéficié de la confiance de l’écrasante majorité des Maliens qui voyaient en lui un homme de poigne. Certes, loin de nous la prétention de faire le procès du chef de l’Etat,  mais il s’avère nécessaire de faire remarquer que la restauration de l’intégrité territoriale reste d’une brûlante actualité.

 

 

Alpha Mahamane Cissé

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4 COMMENTAIRES

  1. La résolution de la crise n’est pas l’affaire du seul IBK.
    Les maliens doivent rester mobilisés et utiliser tous les moyens pour ne pas s’en laisser conter par le MNLA et ses soutiens. La presse a un rôle très important à jouer à ce niveau.
    Concernant le choix du médiateur, il nous parait judicieux que la CEDEAO respecte le volonté du Mali en s’abstenant de lui imposer un médiateur qu’il récuse, et pour cause!

  2. Les rebelles savent que le mali a un président qui tient la route ibk est un vrais incapable pendant sa présidence le mnla ses plutôt renforcée et lui est encore à dire qu il va désigner un interlocuteur ibk pence plutôt à son pouvoir que le mali

    • Mr ou Mme, changez de pseudo, Sikasso est tout une région en laquelle se reconnaissent des millions de gens fiers et respectables.

  3. Bonjour,
    Le choix d’un négociateur national est une excellente idée du Président de la République IBK, mais, sachant qu’on ne peut être juge et partie, il serait judicieux de lui associer un PANEL de médiateurs afin que les pourparlers inclusifs se déroulent convenablement en garantissant la confiance de tous y compris celle des groupes armés.

    En plus, les pourparlers inclusifs doivent avoir des ramifications régionales et intégrer toutes les communautés de toutes les régions du Mali, pas uniquement celles du Nord du Mali.

    Afin d’éviter les incompréhensions et le conflit de rôles, il faudrait veiller à une synchronisation parfaite entre les tâches du négociateur national, du Ministère de la réconciliation nationale, de la commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) et celles du panel de médiateurs.

    Tous, ensemble, à travers les pourparlers inclusifs animés par un négociateur national et un panel de médiateurs, les Maliens, épaulés par la communauté internationale, trouveront une solution durable de sortie de la crise.

    L’engagement de tous est indispensable.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Webanassane@yahoo.com
    TEL (00223) 78 73 14 61

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