Les magistrats maliens font front commun pour obliger le gouvernement à fléchir. C’était ce mercredi 10 octobre 2018, lors d’une assemblée générale, dans les locaux de la Cour d’appel, sise à Banankabougou, en présence des présidents des deux syndicats, M. Aliou Badara Nanakassé du SAM et de M. Hady Macky Sall du Sylima.
A l’entame des ses propos, M. Sall rappellera l’objectif de la lutte syndicale. Il dira que: <<nous magistrats maliens n’avons aucun mandat politique. Et pour cela, nos revendications sont trop nobles, légitimes et en aucun cas, elles ne peuvent plus attendre parce que c’est même honteux que les magistrats d’une République demandent à l’Etat de les sécuriser. Ainsi, le mépris est trop fort ; ce qui a d’ailleurs conduit le corps judiciaire à prendre de telle réaction face au gouvernement malien >>.
Par ailleurs, dans un communiqué de presse conjoint SAM-Sylima lu par M. Diakaridia Bagayoko, le pouvoir judiciaire condamne cette décision inattendue du gouvernement malien qui est allé jusqu’à réquisitionner les magistrats, autrement dit les obliger à reprendre immédiatement le travail. Ce qu’ils réfutent catégoriquement. Toujours dans le même communiqué, ils affirment maintenir leur mot d’ordre de grève et demandent par la même occasion la démission du Premier ministre, du président de la Cour suprême, du ministre de la Justice et de celui en charge de la Fonction publique.
Pour sa part, Bagayogo affirmera: <<les syndicats de magistrats déplorent cette inféodation du premier responsable de la plus haute juridiction de la République au pouvoir politique. Tout juge, à fortiori le Président de la Cour suprême , a l’obligation de respecter et de faire respecter son indépendance par le biais des articles 3 et 5 du Code de déontologie annexé à la loi n°02-054 du 16 décembre 2002 portant statut de la magistrature. S’agissant de l’usage qui pourrait être fait de ce avis biaisé, le SAM et le Sylima invitent le gouvernement de la République du Mali à un sérieux questionnement avant d’exposer inopportunément notre pays à une autre situation scandaleuse pouvant contribuer à davantage corroder son image démocratique>>. Avant de poursuivre qu’en tout état de cause , les syndicats des magistrats, résolus et fin prêts pour combattre l’illégalité, sous quelque forme que ce soit devant les instances juridictionnelles nationales internationales, préviennent que les membres du gouvernement supporteront immanquablement toute condamnation pécuniaire de notre État de leur fait par le biais de l’action récursoire qui les frappera sans aucun doute sous le regard attentif et exigeant du SAM et du Sylima.
Enfin, six résolutions ont été prises parmi lesquelles on peut citer, entre autres, de demander à tous les magistrats grévistes de réfuter cette demande de réquisition; que les syndicats des magistrats saisissent l’Organisation internationale du travail face à la faute grave du gouvernement malien; demande la démission du Premier ministre , du ministre de la Justice et celui de la Fonction publique et en temps de porter plainte contre eux pour haute trahison; l’assemblée générale a constaté le silence du Président de la République, Président du Conseil supérieur de la magistrature et garant constitutionnel de l’indépendance de la magistrature, face aux graves atteintes par les membres du gouvernement susnommés à l’indépendance du pouvoir judiciaire ; elle décide enfin du maintien du mot d’ordre de grève illimitée jusqu’à l’aboutissement des revendications légitimes de la corporation .
Adama TRAORE