Le chemin vers la réconciliation et la reconstruction d’une paix durable s’ouvre à tous les fils du Mali. Pour y parvenir, il faut l’appropriation d’un concept de justice transitionnelle. Conscient de cette réalité, le Ministère de la Justice, à travers son Programme conjoint des Nations unies d’appui à la promotion des droits de l’Homme (PDH), vient d’initier la mise en place d’un colloque sur la justice transitionnelle qui aura lieu les 17-18-19 juin prochain. Pour préparer le terrain, les organisateurs ont tenu une journée d’information et d’échanges avec la Commission dialogue et réconciliation (CDR), jeudi 30 mai 2013, au Cicb.
L’objectif d’organiser ces activités introductives dudit Colloque vise à favoriser la réflexion sur le contexte des concepts et outils de la justice transitionnelle dans le cadre d’un processus de concertation nationale afin de mieux préparer les acteurs nationaux pour une meilleure participation au Colloque. Celui-ci a pour but de mettre des mécanismes pour garantir la paix au Mali. En clair, il s’agit de permettre l’appropriation des concepts de la justice transitionnelle par les acteurs de la société civile et de faire des recommandations pour faciliter la mise en place des instruments de la justice transitionnelle.
A noter que la justice transitionnelle est un mécanisme contre l’impunité, à travers lequel les experts disent qu’il n’y a pas une équation ou un modèle unique et universel à appliquer au système de réconciliation nationale. C’est ainsi qu’à cette rencontre d’échanges, le président de la CDR, Mohamed Salia Sokona, fera savoir que pour accomplir la mission, sa structure a besoin de tous les Maliens. «On a surtout besoin d’un partenariat fécond avec tous les acteurs impliqués dans le processus de réconciliation et de paix. A cet égard, il me plait de relever que la justice a pour finalité d’assurer la paix partout et en toute circonstance. C’est dire qu’elle a des liens avec la paix», a-t-il affirmé.
Parlant de la justice transitionnelle, le représentant-résident du système des Nations Unies, Aurélien A. Agbenonci, en a profité pour partager sa vision et son expérience sur le concept. Selon lui, «la justice transitionnelle ne peut produire des résultats durables que lorsqu’on a les balises essentielles qui évitent la répétition de tous ceux qui ont conduit au chaos. L’encrage fondamental, c’est l’encrage dans les droits de l’Homme».
Pour sa part, le garde des Sceaux, Malick Coulibaly, a expliqué que notre pays a été profondément marqué par des événements douloureux qui heurtent la conscience humaine. Selon lui, depuis janvier 2012, de nombreuses exactions et violations des droits de l’Homme ont endeuillé notre nation, détruit les liens sociaux et le tissu économique. En effet, la justice transitionnelle à laquelle nous aspirons, selon le Ministre, doit venir du peuple. Elle «doit se concevoir sur la base des piliers fondateurs de justice et de vérité, afin de rendre aux victimes des violations des droits de l’Homme leur dignité, grâce à des mesures de justice et de réparation pour les torts qu’elles ont subis. En somme, notre processus de justice transitionnelle doit être construit sur une vision plus large de la justice», a-t-il conclu.
Ibrahim M.GUEYE