Le mouvement panafricain “Africans Rising” a organisé, les 2 et 3 octobre derniers, un atelier d’information et de travail au Centre Amadou Hampaté Ba de Bamako. Durant ces deux jours d’échanges avec les représentants de plusieurs organisations de la société civile, les mouvements sociaux et des hommes medias, les coordinateurs du Mouvement ont édifié les invités sur la genèse, la vision et la mission de Africans Rising qui aspire au bien-être des populations africaines.
Fondé en Afrique du Sud, Africans Rising qui signifie en français “Les Africains se lèvent” est un mouvement panafricain de personnes et d’organisations de la société civile qui lutte pour la justice, la paix et la dignité de l’Afrique. Il a été officiellement lancé le 25 mai 2016 à Arusha en Tanzanie, à 100 km du mont Kilimandjaro, en présence de plus 272 Africains issus de tout le continent, appartenant à des associations, à des ONGs, ou des intellectuels et de simples citoyens venus en leur nom propre. “Nous, citoyens et descendants d’Afrique, dans le cadre du “Mouvement les Africains se lèvent”, nous, indignés par les siècles d’oppression, condamnons le pillage de nos ressources naturelles et minières et le non-respect de nos droits”, a expliqué le mouvement lors de cette rencontre dans une déclaration nommée la déclaration de Kilimandjaro. “Nous sommes déterminés à promouvoir à l’échelle de toute l’Afrique, l’unité et la solidarité, aspiration ultime de tous les peuples de l’Afrique afin de construire l’avenir que nous voulons : le droit à la paix, l’inclusion sociale et la prospérité partagée” peut-on aussi lire dans la déclaration.
Déjà actif dans de nombreux pays africains où il a mené des actions de résolution de crises et de sensibilisation, notamment en Gambie et au Camaroun, le mouvement a mis le cap sur le Mali en déléguant deux de ses coordinateurs dans la capitale malienne. Mme Coumba Touré et M. Muhamed Lamin Saidykhan, venus du Sénégal, étaient accompagnés par Aminata Dramane Traoré (essayiste, ancienne ministre et de la Culture et aussi promoteur du Centre Amadou Hampaté Ba) pour échanger pendant deux jours avec des invités issus de la société civile malienne, des mouvements sociaux et des intellectuels, sur le Mouvement Africans Rising (ses origines et sa mission), la problématique de la paupérisation de l’Afrique et surtout le flux financier sortant et qui gangrène aujourd’hui tout le continent a été l’un des sujets le plus évoqué. “L’objectif de notre présence à Bamako est d’échanger avec la société civile malienne, les associations, les mouvements sociaux, les artistes les syndicats et toutes les bonnes volontés sur la situation actuelle générale du pays”, a expliqué la coordinatrice Coumba Touré, qui précise que l’une des missions du mouvement est de sensibiliser les populations africaines sur toutes les richesses du continent, malgré que l’Afrique reste un continent pauvre. “Nous avons pour mission de faire en sorte que les Africains, partout où ils sont sur le continent et dans la diaspora, puissent vivre dans la paix, dans la justice et la dignité. Nous allons faire comprendre à nos concitoyens que notre richesse est largement suffisante pour nous offrir les meilleures conditions de vie auxquelles nous aspirons. Mais comment bénéficier de cette richesse que les multinationales nous volent chaque jour ?” s’interroge-t-elle.
A l’en croire, les Africains doivent s’engager et se lever à travers une synergie sur tout le continent afin de prendre à bras le corps les problèmes de l’Afrique dont les ressources que les puissances économiques pillent depuis toujours.
De son côté, Aminata Dramane Traoré n’a pu s’empêcher d’évoquer la question politique qui reste l’un des facteurs de crises en Afrique. “Nous sommes préoccupés par l’état du continent en raison de la situation qui prévaut dans notre propre pays aujourd’hui. Après les élections présidentielles de 2018 nous pensons que le Mali mérite mieux que le spectacle que nous donnons à voir aujourd’hui à travers le monde. Une situation que presque tous les pays africains vivent aujourd’hui”, a-t-elle expliqué, avant d’évoquer le lancement d’un manifeste dans le cadre des activités de l’Africans Rising au Mali du nom de “Demain Mali” qui a déjà été signé par une soixantaine d’intellectuels. “Nous avons appelé nos concitoyens à réfléchir sur la question de la démocratie, non pas seulement en termes de modalités de son organisation, mais surtout les enjeux”, précise l’ancienne ministre de la Culture. La véritable solution aujourd’hui, selon elle, pour pallier ces problèmes qui rongent l’Afrique, poussant les Africains à l’émigration, ne se trouve pas entre les mains des gouvernants africains, mais plutôt dans celles de la société civile. Une société, bien sûr, éclairée.
A noter que la date du 25 mai, connue comme la Journée mondiale de l’Afrique ou la Journée de libération de l’Afrique, a été choisie comme la date de célébration du Mouvement à travers toute l’Afrique. Youssouf KONE