La flamme allumée par le coup de force du 18 août, risque de s’éteindre, si le peuple malien comme un seul homme ne se mobilise pas pour la réussite de la transition. Les défis sont énormes et c’est ne pas avec un coup de baguette magique que Bah N’ Daw réussira à renverser la vapeur, s’il ne bénéficie pas de l’accompagnement de l’ensemble des forces vives de la nation. Toutes les composantes de la nation à savoir bergers,agriculteurs,éleveurs, transporteurs,fonctionnaires, militaires doivent faire bloc derrière la transition pour l’édification du Mali de nos rêves. Les exclusions ne feront que découdre le tissu social déjà mis à mal par la crise du nord qui a pris des allures terroristes avant de gagner le centre pour se transformer en guerre communautaire.
La première mission de la transition doit se concentrer sur la réconciliation nationale, seul moyen pour tourner la page douloureuse de l’histoire récente du Mali. Le désordre qui a ses ramifications dans la lointaine rébellion de 1963 et ensuite dans la crise libyenne qui a pris une autre tournure depuis la chute du Grand Guide de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Socialiste et Populaire ne peut prendre fin que si l’État parvient à réinstaller les services sociaux de base, à s’attirer la sympathie d’une population qui croit plus aux djihadistes . Qu’il soit à Pitiango ,Lofine , Lougani, à Zanfasso , Nientjila , à Tiontala, Guenoubantan, chaque malien doit se reconnaitre dans cette transition qui doit tracer les sillons de la renaissance . Cette renaissance ne peut se faire que si la République forge un autre type de Malien. C’est pourquoi il faut mettre un accent particulier sur l’éducation dans les familles, dans les établissements scolaires. Avec la culture occidentale et avec l’arrivée de la démocratie sur le continent que certains ont qualifié de vent de l’est, il y’a eu une véritable éruption sociale. Cette nouvelle éducation et cette nouvelle culture permettront à coup sûr de développer chez le citoyen l’amour de la patrie le respect du bien public, le respect de la parole donnée et le respect de cette devise qui a toujours prévalu dans nos sociétés plutôt le mort que la honte. Ce nouveau citoyen qui connait ses droits et devoirs saura comment lutter contre la corruption. Pour accomplir ce travail herculéen, les partis politiques doivent jouer un rôle essentiel par la formation des militants sur les notions élémentaires du droit à savoir : quand il y’a infraction dans la circulation, la contravention que le citoyen doit payer moyennant un reçu délivré en bonne et due forme. Cela est nécessaire, car c’est la corruption avec ses différentes formes qui a fragiliséle pays et partant a compromis la stabilité. Encore faudrait-il rappeler que les causes réelles des vendettas au nord, au centre et même au sud sont la conséquence du comportement des représentants de l’État envers les citoyens. C’est pourquoi dés son accession à la magistrature suprême le 8 juin 2012, l’ex-président Alpha Oumar Konare aentamé un processus de décentralisation pour le transfert de certaines compétences aux collectivités territoriales. Une façon de permettre à la population de prendre en main son développement. L’Etat aussi au nom des valeurs sacro-saintes de la République doit veiller sur le comportement des fonctionnaires qui doivent prêter le serment de servir le peuple en toute honnêteté. Parce qu’il a été démontré que les scandales et cas avérés de corruption sont les œuvres des responsables politiques au pouvoir , de hauts fonctionnaires et des dirigeants d’entreprises publiques et semi-publiques pour obtenir des contrats dans des conditions qui vont à l’encontre des intérêts nationaux affectant les économies des pays comme le Mali et leur capacité à répondre aux besoins des populations . Face à l’ampleur de la catastrophe, le président de la transition Bah N’Daou n’a pas hésité à dire qu’il n’ya pas de corruption zéro, mais qu’il n’y aura pas d’impunité, que tous les moyens seront mis à la disposition de la justice pour traquer les délinquants financiers. L’objectif étant de désarmer financièrement les barons de la démocratie qui ont amassé des fortunes colossales sur le dos de l’État afin qu’ils ne les utilisent pas pour des achats de consciences pour engendrer une autre crise. En luttant contre la corruption, cela peut rassurer les populations et contribuer au retour de la sécurité. Il faut le dire sans la collaboration des laborieuses populations l’insécurité aura des beaux jours devant elle. Si elles sont l’abri du besoin, rien ne les empêche de dénoncer les terroristes et autres criminels de grand chemin. C’est pourquoi l’État doit veiller au retour de l’administration et des services sociaux de base. La transition doit s’atteler à reformer les forces armées et de sécurité pour une meilleure adaptation au contexte de guerre asymétrique. C’est une nécessité aussi de créer un climat de confiance entre les populations et les forces armées. Ils sont nombreux ceux qui au centre et nord trouvent que l’armée malienne se comporte en force d’occupation. Il n’est pas rare d’entendre que tel militaire a eu des altercations avec tel personne pour une histoire de femme. Cela est le résultat du comportement des parents qui ont péché en matière d’éducation. Le recrutement doit se faire sur la base de la transparence totale avec à l’appui une enquête de moralité pour connaitre ceux qui ont l’amour du métier. Sous le régime d’IBK,des filles enceintes ont accouché en pleine formation. Pas plus tard que le weekend dernier sept policiers ont été déférés devant le procureur pour vol qualifié. Le système éducatif aussi est à revoir, car ceux qui enseignent par conviction ne sont pas nombreux. Pire, beaucoup préfèrent rester à Bamako pour faire d’autres business. C’est pourquoi il n’est pas rare de rencontrer au niveau du premier cycle une classe pour deux enseignants. Pendant ce temps à l’intérieur du pays vous pouvez trouver trois classes pour un enseignant. La transition a du pain sur la planche. Elle a moins de 18 mois pour remettre le Mali sur les rails. Elle doit aller vite à la roulette russe.
Mariam Seba Samake