Remaniement ministériel : Le Premier ministre, Moctar Ouane et les ministres de l’iman Dicko sur le départ

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Formé sur fond de trahison, de vengeance, de népotisme, de médisance, de calomnie et de rejet des attentes du peuple malien, le gouvernement de transition est aujourd’hui un cocktail explosif entre les mains des militaires de Kati. Ils ne seraient plus en odeur de sainteté avec les ministres désignés sur cette base. Ils reprocheraient au Premier ministre, Moctar Ouane, son inaction et surtout et de se rapprocher de la classe politique et de la société civile avec la création du Comité d’orientation stratégique et aux ministres de l’iman Mahmoud Dicko leur amateurisme et leur immobilisme.

Malgré les coups bas, les crocs-en-jambes qui ont abouti à la mise en place du gouvernement, en octobre 2020, il a été accepté par les Maliens qui se disaient que si c’est pour servir le pays et le faire sortir de la crise multidimensionnelle qu’il traverse, depuis 2012 qu’il était  du devoir de chaque citoyen d’accorder le bénéfice du doute à l’équipe de Moctar Ouane. Mais six mois après la formation du gouvernement de transition, la rupture semble être consommée entre les militaires, auteurs du coup d’État du 18 août 2020, et leurs alliés de circonstance qu’ils avaient placé leur confiance en eux pour être ministres, afin de démentir auprès de l’opinion publique nationale que leur choix  était judicieux et répondant aux critères de compétences et de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Malheureusement pour les deux (02) camps, les combines nocturnes n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. Aux dernières nouvelles, les militaires  réclameraient la tête du Premier ministre et les ministres de l’imam Mahmoud Dicko du gouvernement. Raisons invoquées.

La création du Comité d’orientation stratégique (COS) fait déborder le vase

Nommé à la surprise générale Premier ministre en septembre 2020, après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août 2020, Moctar Ouane forme un gouvernement de vint- cinq membres, chargé d’engager les réformes nécessaires devant aboutir à une réconciliation nationale pour un Mali nouveau. À cet effet, un ministère dédié aux Réformes de l’État a été créé pour prendre en compte les aspirations profondes du peuple malien qui s’était soulevé, en 2020 contre la mauvaise gouvernance d’IBK.

Entre le Premier ministre Ouane et les militaires, tout roulait sur des chapeaux de roues jusqu’au 31 mars dernier. C’est ce jour qu’il a été annoncé la création d’un Comité d’orientation stratégique (COS). Cet organe consultatif, chargé d’appuyer le Premier ministre dans sa réflexion  dans le cadre des réformes, serait vu d’un mauvais œil par les auteurs du coup d’État du 18 août 2020.

Et depuis, une guerre larvée s’est déclarée entre les alliés d’hier qui comptaient faire main basse sur la gestion des affaires de l’État en mettant sur le quai de la transition la majorité du peuple malien. Considéré par les militaires comme un homme ne nourrissant aucune ambition politique, Moctar Ouane est aujourd’hui dans leur ligne de mire avec la création du COS. Ils reprocheraient au Premier ministre de se rapprocher de la classe politique et de la société civile pour des ambitions inavouées. Elle aurait coupé le sommeil aux membres de l’ancien Comité national pour le salut du peuple (CNSP) dont certains souhaitaient faire un saut dans l’arène politique ou parrainer un candidat.

Si certains penseraient que ce rapprochement avec certaines personnalités du COS qui ont condamné leur coup de force peut aboutir à tout. D’autres soupçonneraient Moctar Ouane et son COS de préparer un candidat pour la présidentielle de 2022. Qu’on qu’il en soit, sa tête serait mise à prix.

Les ministres de l’imam Dicko sur le départ, déception totale

L’imam Mohamoud Dicko, une des figures emblématiques de la lutte du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui conduit à la chute du régime d’IBK en août 2020, serait un partenaire encombrant du côté de Kati et par ricochet ses ‘‘ministres’’ doivent faire les frais. Ils seraient accusés d’amateurisme et d’immobilisme. À commencer par Mohamed Sidda Dicko, ministre de la Justice, des Droits de l’homme et garde des Sceaux. Il serait accusé de ne rien entreprendre dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, une des raisons de la colère du M5-RFP contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Selon nos sources, six (06) mois après sa nomination, il n’a ouvert aucun dossier de corruption conformément à l’esprit du discours de prestation de serment du président de la transition, Bah N’Daw, faisant croire au peuple que le colonel-major à la retraite a prêché dans le désert. À cela s’ajoute, la gestion du dossier de la déstabilisation de la transition. Elle ne serait guère appréciée du côté des hommes forts de la transition.

Mohamed Salia Touré, ‘‘Ministre, m’as-tu vu sur les réseaux sociaux ?’’ 

Nommé ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mohamed Salia Touré, serait la déception totale. Il n’aurait montré aucune capacité à relever le défi de création d’emploi, apprend-on de sources proches des militaires. Ils le considéraient comme celui qui fait sa propre promotion au détriment de l’emploi et de la formation professionnelle. ‘‘Ses pagnes sur les réseaux sociaux ne diront pas le contraire’’, ironise ce soutien des putschistes d’août 2020. Il nous a fait savoir que dans certains cercles proches des porteurs d’uniforme, il est appelé ‘‘Ministre, m’as-tu vu sur les réseaux sociaux ?’’. Ils pensent qu’il se consacre  plus  sur les médias sociaux que sur la mission à lui confiée au sein du gouvernement.

 

Dr Hamadoun Touré, ministre de la Communication et de l’Économie numérique

Il serait reproché au Dr Touré de se cacher derrière son aura internationale. Ils estimeraient que sa nomination devrait pallier au déficit de communication en dotant le gouvernement, les institutions et les ambassades d’une politique de communication digne de ce nom pour faire face à l’intoxication et à la désinformation.

‘‘La vérité finit toujours par triompher’’, dit-on. Il est évident qu’un gouvernement formé  sur fond de trahison, de vengeance, de népotisme, de médisance, de calomnie et de rejet des attentes du peuple malien ne pouvait résister à l’épreuve du temps. Que de temps perdu pour rien ! Mais il n’est jamais trop tard pour se ressaisir si nous voulons que notre pays sorte de cette situation honteuse.

Yoro SOW

 

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