La tradition fut une fois de plus respectée à Tamani, localité située dans le cercle de Barouéli. C’est là que le guide spirituel de l’Association musulmane Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haidara, a vu le jour. Beaucoup de ses compagnons, ses disciples et de nombreux anonymes se sont rendus dans ladite localité, les 21 et 22 novembre 2010, dans le cadre de la ziarra annuelle que l’Association Ançardine organise sur la tombe des grands parents de Chérif Ousmane Haidara : Madani Haidara, Moussa chirfi Haïdara, Mamadou Seïba Lamine Haïdara et Moussa fitini Haïdara.
Ce fut l’occasion d’une véritable liesse religieuse. Des érudits du pays – et pas des moindres – se sont retrouvés auprès du guide spirituel de l’Association Ançardine et ont contribué à rehausser l’éclat de l’édition de la ziarra de cette année. En effet, il y avait Thierno Hady Thiam, le président du Haut Conseil Islamique du Mali, Koké Kallé, l’imam de la grande mosquée de Bamako; Ahmad Thierno Hady Tall de Nioro du Sahel, par ailleurs, fils de Thierno Hady Tall, un des descendants d’El Hadj Omar Tall décédé il y a de cela quelques années.
On notait aussi la présence du Soufi Adama et de ses disciples. Ces derniers ont exalté les fidèles des noms les plus évocateurs de Dieu et cela pendant les deux jours qu’a duré la ziarra. Le président de l’Union nationale des jeunes musulmans du Mali, Maki Ba, à la tête d’une forte délégation, était aussi de la partie. Sans compter les autorités administratives et politiques du cercle de Barouéli. Le ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, en partance pour Tombouctou où le chef de l’Etat devait lancer les travaux de réalisation de la route Tombouctou- Niono, a fait un détour à Tamani pour se joindre aux fidèles et participer au lancement des activités de la ziarra 2010.
C’est une véritable marée humaine qui a déferlé sur ces lieux saints. Selon les statistiques fournies par la Commission d’organisation, plus de 44 810 fidèles ont fait le voyage de Tamani. Un chiffre qui dépasse de loin celui de l’année dernière qui était de 40.000 fidèles. Ce qui fera dire à un représentant de l’Ançardine que le flux de participation à la ziarra est en nette progression, d’année en année. En effet, ils sont venus de partout pour y participer. Des villes et villages de l’intérieur du pays, de la Guinée Equatoriale, de la Guinée Conakry, du Gabon, du Congo Brazzaville, du Burkina Faso, du Sénégal, du Niger, du Togo, du Benin, de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie et de la France, pour ne citer que ces pays-là.
Pour ces pèlerins, aucun sacrifice n’est de trop pour rallier ces lieux saints de l’islam, comme l’ont d’ailleurs fait savoir les érudits Thierno Hady Thiam et Koké Kallé. A les croire, "en participant à la ziarra, les fidèles perpétuent une tradition fort prisée par les grands imams et hommes de Dieu de l’époque. Lesquels se rendaient visite et rendaient les mêmes visites aux parents disparus pour les honorer à travers des lectures du Saint Coran et des prières. C’est à juste titre que nous devons nous acquitter de ce devoir " ont -ils laissé entendre.
Un devoir que personne ne veut manquer. C’est pourquoi les fidèles n’ont pas lésiné sur les moyens pour effectuer ce voyage que beaucoup considèrent comme un pèlerinage. Chacun y va de ses moyens pour rallier la localité. Si beaucoup de ces fidèles louent des véhicules, certains, surtout des jeunes gens venant d’endroits pas trop éloignés comme Bamako, préfèrent avaler la centaine de kilomètres en motos ou à pied.
Durant les deux jours que dure la ziarra, le village de Tamani, d’ordinaire très calme, se trouve submergé par une foule des grands jours, prenant ainsi l’allure d’un gros faubourg. Chaque coin ou recoin du village est pris d’assaut par les pèlerins. Des tentes sont érigées, un peu partout, en plein air. Mais il faut noter qu’une partie des pèlerins parvient à se faire loger par des habitants de Tamani très versés dans la tradition de l’hospitalité.
Un marché improvisé est vite installé pour l’approvisionnement des fidèles en denrées et souvenirs de voyage. Sur les étals, on remarque des chapelets, le Coran et d’autres livres traitant de l’islam, des cassettes d’éminents prêcheurs choristes musulmans, des fruits et légumes. A côté de cette foire improvisée, des fidèles se réunissent en petits groupes, ça et là, pour débattre de plusieurs sujets sociaux ou pour commenter certains contenus du Saint Coran.
En effet, la ziarra proprement dite a commencé par une lecture du Saint Coran, dans la matinée du dimanche 21 novembre 2010, sur la place publique de Tamani. Plusieurs dizaines de lecteurs se sont relayés pour cet exercice combien important pour le monde islamique. La lecture du Coran fut suivie d’une prière commune. Les fidèles ont prié non seulement pour la paix et l’unité dans la oummah islamique, mais aussi pour la paix au Mali et dans la sous-région. Sur place, c’est un ministre de la Santé très en verve qui a exhorté les uns et les autres " à faire bon usage des valeurs que l’islam nous apporte. Nous ne pouvons rien réussir sans l’islam. Cela doit être connu de tous " a déclaré Oumar Ibrahim Touré. Dans l’après-midi, ce fut un recueillement au cimetière, sur la tombe de Madani Haïdara, père de Cherif Ousmane Haïdara. Lecture du Coran et prière commune furent également les temps forts de cette cérémonie. Le lendemain, lundi 22 novembre, les pèlerins se transportent à Séguéla, localité située à une vingtaine de kilomètres de Tamani. Le mausolée de Moussa Haïdara, connu sous le nom de Chirfi Moussa, fut l’objet de toutes les attentions des milliers de fidèles. Grand-père de chérif Ousmane Madani Haïdara, Chirfi Moussa, aux dires des connaisseurs, était un Mocadem de la Tidjanya qui consacra toute sa vie à l’enseignement de ce courant religieux. On lui prête la prouesse de l’avoir l’enseigné à des centaines de djinns. Dans le même mausolée, à côté de Chirfi Moussa, reposent ses fils Mamadou Seïba Lamine Haïdara et Moussa Haïdara dit Moussa fitini.
Ce fut l’occasion pour le guide spirituel des Ançars de magnifier le sens de la ziarra. La ziarra, laisse t-il entendre, " est une visite pieuse que l’on rend à un proche disparu. Elle consiste en un recueillement sur la tombe de ce dernier. On prie pour le repos éternel du défunt, mais on prie Dieu pour nous-mêmes et pour tous ceux qui nous sont chers ".
Abdoulaye DIARRA
Enyoyé spécial