Pour la première fois un programme d’initiation et de formation sur la finance islamique est initié en prélude à son introduction dans notre pays. La Financière Islamique pour le Développement (FID-SA) est créée par une équipe dynamique de personnalités composée de banquiers, avocats, ingénieurs, financiers, dont certains formés en finance islamique. L’instauration très bientôt d’une institution financière islamique en partenariat avec un opérateur technique et financier stratégique est envisagé par la FID -SA et des contacts sont déjà entamés.
ans le cadre du lancement de ses activités, les responsables et initiateurs de la Financière islamique pour le développement (FID-SA) au Mali,ont décidé de privilégier l’initiation et la formation à la Finance Islamique par l’organisation d’un séminaire les 16 et 17 avril à l’hôtel Mandé, en collaboration avec le Conseil Français de la Finance Islamique (COFFIS), représenté par son Président, le Professeur émérite Mohamed Nouri L’information a été rendue publique, le lundi 11 avril à l’hôtel Mandé à la faveur d’une conférence de presse.
Ce séminaire de deux jours portera sur l’introduction générale sur la Finance islamique : définition, concepts, historique, principes ; la présentation des structures de l’industrie financière islamique et leur rôle dans le développement de la Finance Islamique et la présentation des différentes opérations de financement islamique. Le séminaire s’adresse aux professionnels des Banques et établissements financiers, des assurances, des cadres de l’administration, les gestionnaires de projets, les opérateurs économiques, les juristes, les religieux, les chercheurs, les professeurs, les étudiants et les personnes en quête perpétuelle d’offre de produits financiers islamiques.
Dans son intervention, le Directeur général de FID-SA, Baba Moulaye Haïdara, a éclairé les journalistes sur la finance islamique, sa genèse, son fonctionnement et son importance dans le développement de notre pays à partir des expériences réussies.
Selon lui, la Finance Islamique est une activité basée essentiellement sur les principes de la charia, qui consiste à interdire de donner ou de recevoir un taux de rendement fixe ou prédéterminé sur une transaction financière donnée. “ Ceci s’explique par le fait que l’argent n’est pas une marchandise ni un actif de valeur intrinsèque, mais plutôt, un moyen de paiement sur lequel une transaction ne pouvant porter. La finance islamique combat le taux d’intérêt (Riba) “, a expliqué M. Haïdara, avant de préciser que les trois actions doivent intégrer le principe de partage des risques, des pertes et des profits par le client et la Banque. ” Le cycle financier doit correspondre au cycle productif “, a-t-il insisté.
Rappelant que la Finance Islamique est née depuis les années 70 dans les pays musulmans du Golf et d’Asie du Sud-est, il a abordé quatre principaux points : la relation entre la Banque Islamique et la banque classique ; le rôle de la banque dans le développement du pays ; la relation entre la Finance Islamique et la stabilité financière et la conformité des activités de la Banque Islamique par rapport aux principes de la Charia et la réglementation en vigueur. S’agissant du premier point, il a rappelé que la crise financière actuelle a provoqué un effet de contagion généralisée dans le monde due à une défaillance de la régulation financière. Ce qui, selon lui, a beaucoup épargné le milieu financier islamique qui a pu résister par l’autorégulation financière et qui a conduit à la stabilité financière des banques islamiques. Concernant le deuxième point, Baba Moulaye Haïdara estime que le rôle de la finance islamique dans le développement de l’économie n’est plus à démontrer si l’on se réfère au degré des besoins d’investissement tant exprimés dans notre pays dont seuls des fonds souverains peuvent y répondre. Pour lui, ces fonds qui interviennent sous forme d’investissement accompagnent des projets individuels ou collectifs dans des secteurs novateurs diversifiés ou existants dans les domaines des petites et moyennes entreprises (PME) l’immobilier et d’autres secteurs porteurs de l’économie. Les banques et investisseurs financiers islamiques apportent leur offre à la demande de ces besoins de financement conformément aux principes de la charia.
A le croire, la relation entre la finance islamique et la stabilité financière est le fondement de la finance islamique. Car, le raisonnement consiste à assurer à l’économie au niveau de la sécurité des principes fondamentaux excluant le taux d’intérêt dans la transaction financière et l’adossement des opérations à des actifs réels. ” Ceci nous ramène à la conclusion de l’étroite collaboration entre la Finance islamique et l’économie réelle. Le crédit islamique s’appuie sur l’épargne réelle et celle-ci ne peut dégager un rendement que si elle est directement investie dans des activités productives. Les contrats sont basés sur des activités d’achat et de ventes des biens et des services ainsi que la fourniture de services d’une part et des dispositifs de partage , de pertes et de profits d’autre part “, a longuement expliqué M. Haïdara. De son côté, l’Administrateur de FID-SA, Me Arouna Toureh, a indiqué que la finance islamique est réglementée par la disposition de la charia islamique, notamment, l’interdiction absolue du taux d’intérêt (Riba) et la loi portant réglementation bancaire dans la zone UEMOA. Selon lui, c’est une alternative aux banques classiques ” et pour les musulmans et pour les non musulmans “.
Pour l’ancien PDG de la BHM, Mamadou Baba Sylla, il n’y a pas un moyen de financement plus efficace que la finance islamique, qui offre des services bancaires et produis financiers compatible avec la loi coranique. La nature de son fonctionnement est basée sur le respect de ce principe fondamental qui, du reste, est collé à la réalité, sans spéculation. Le taux de bancarisation islamique dans la zone UEMOA est de 1%, ce qui est excessivement faible par rapport à la demande des services financiers islamiques. En 2007 le total des actifs générés par les banques et les assurances islamiques dans le monde est estimé à 700 milliards de dollars et de l’ordre de 1000 milliards en 2010 en estimation avec un taux de croissance de 10 à 15 %. Le forum de Dakar sur la finance islamique en 2008 a exhorté les autorités monétaires en plus de l’arsenal juridique existant, de permettre des aménagements favorisant la mobilisation des ressources assurant le financement de nos entreprises, petites et moyennes de même que la micro finance. Aujourd’hui, notre pays est à la croisée de la finance islamique. La priorité est donnée à la formation permettant de favoriser la disponibilité de ressources humaines en quantité et en qualité et la culture d’une industrie financière islamique dans les milieux d’affaires, des investisseurs, des décideurs et du public préoccupé par la question de la riba dans toutes ses formes. L’instauration très bientôt d’une institution financière islamique en partenariat avec un opérateur technique et financier stratégique sera envisagé par la FID -SA et des contacts sont déjà entamés. Rappelons qu’à travers ses objectifs, la FID SA vise à contribuer à l’émergence et la promotion de la finance islamique dans la sous-région Ouest Africaine en général et au Mali en particulier ; à promouvoir le développement du marché financier islamique par l’entremise des secteurs économiques ; à constituer le précurseur et le point focal pour les intervenants de la finance internationale islamique au Mali ; à mobiliser les ressources financières disponibles auprès des institutions de la coopération islamique et la zakat auprès des généreux donateurs en vue de la réaffectation à des œuvres de bienfaisance et à assurer l’ingénierie financière, la formation et la représentation.
Soumaila GUINDO