La laïcité est un principe de séparation du pouvoir politique des pouvoirs religieux. Cela signifie tout simplement qu’aucun pouvoir politique ne doit être influencé par aucune conception religieuse. Elle montre l’impartialité de la politique en matière de religion. Par ailleurs, cette séparation remonte jusqu’à la révolution française de 1789. Une année où la France a décidé de se débarrasser de certaines conceptions dogmatiques de la politique à savoir la Monarchie Absolue de droit divin. En effet, ce régime avait pour idole la conception selon laquelle les hommes politiques reçoivent leur mandat de Dieu ; qu’ils représentent l’autorité divine sur la terre et par conséquent, tout ce qu’ils faisaient était dès lors conçu comme la volonté consentie de Dieu.
Cependant, il a fallu attendre l’avènement de certains intellectuels (Rousseau, Diderot, Montesquieu, Voltaire, etc.) en vue de conscientiser le peuple français de toute la portée négative de cette conception. C’est ce qui amena la séparation des pouvoirs, d’une part en pouvoir législatif, exécutif et judiciaire et d’autre part l’indépendance du pouvoir politique à l’égard du pouvoir religieux.
Par ailleurs, cette séparation du pouvoir politique du pouvoir religieux ne signifie aucunement que la politique ne doit en aucun cas s’occuper de religion. Loin de là, la religion doit certes rester sous le contrôle de la politique et non le contraire. Cette idée est soutenue par des auteurs comme John Locke, un philosophe anglais, qui soutient en effet cette séparation et surtout la soumission du religieux au politique.
Qu’est-ce qui en est de cette séparation au Mali ?
Partant de là, nous pouvons comprendre l’un des problèmes cardinaux auquel la démocratie malienne est confrontée. En effet, au Mali, les hommes politiques ont du mal à consommer cette séparation puisqu’ils ont fait de la religion un moyen d’accession au pouvoir donnant ainsi raison à Karl Marx qui nous a enseigné que « La religion est l’opium du peuple ». Ils se cachent derrière la religion pour massacrer tout un peuple. La religion est devenue leur moyen de propagande ; de campagne. Pour se faire plus de popularité, on se montre pieux et une religieuse ; n’allez pas voter pour des hommes parce qu’ils vous ont donnés des présents ; mais fois au pouvoir, on pousse le peuple dans le dos.
Outre cette assimilation de la théorie marxiste de la religion, on ne peut pas contester qu’ils aient très bien assimilé aussi la théorie machiavélienne de la politique qui nous apprend que tous les moyens sont bons pour le dirigeant en vue de conserver l’efficacité de son pouvoir. Mais ce qu’ils oublient, c’est que Machiavel est plus prudent, car il enseigne également qu’il faut consommer cette séparation dans la mesure où nous sentons que la religion et la foi deviennent un obstacle au bon exercice du pouvoir.
L’impossible union de la politique avec la religion
En effet, il n’y a pas de développement possible tant que la politique reste adossée à la religion ou soumise au dictat des religieux. Cela est également pareil pour la religion. L’union de la religion et de la politique contribue à ternir l’image de la religion dans le pays voire dans le monde, car l’une des caractéristiques fondamentales de la politique et des hommes politiques est la duplicité de la langue, or la religion se veut véridique, compatissante et toute autre vertu morale à laquelle on peut penser. La politique est immorale alors que la religion est morale.
Par ailleurs, c’est dû à ce mélange qu’on a mis en place au Mali une commission d’enquête de la lune siégeant à chaque fois qu’il est question de Ramadan ou de fête de ramadan et de Tabaski. L’instauration de cette commission n’a contribué qu’à amoindrir l’image de la religiosité du Mali aux yeux de nos compatriotes de la sous-région qui se referaient sur nous pour jeûner ou fêter. Telle est le cas de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Mais de nos jours, ils ont fini par se rendre compte qu’en réalité la religion malienne actuelle s’est politisée. Alors, c’est toujours de la sorte à chaque fois qu’il y a ce mélange. Certes, les religions tout comme le reste du peuple pourront intervenir éventuellement en vue de dénoncer une malfaisance de la part de l’Etat, mais non pas d’être des béni-oui-oui de la politique.
Comprendre l’erreur des Maliens
Par conséquent, l’erreur dans laquelle est tombé le peuple malien lors des élections présidentielle dernière s’explique effectivement à partir de cette image. Officiellement, la majorité de la population malienne est musulmane et cela les politiques l’ont compris. De ce fait, pour gagner facilement le pouvoir, il faut tenir un langage musulman. Et une fois au pouvoir, ils oublient toute leur promesse. Mais s’il est vrai que nous apprenons de nos erreurs alors, le peuple malien est désormais avertit : n’allez pas voter pour des hommes parce qu’ils ont une apparence; votez pour des gens qui ont un projet politique d’une part et d’autre part pour ceux qui se montrent convaincants dans leur exposé.
Fousseini Togola
La laïcité? Une très bonne question!!!!
Sauf qu’ici cet intellectuel autoproclamé risque d’induire davantage les maliens dans l’erreur. Il a juste quelques bribes d’idées (surtout dans la partie introductive) sur la question et se permet de se faire passer pour un donneur de leçon. Le reste est juste un fourre-tout.
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