Les musulmans du Mali, à l’instar des autres du monde, ont célébré entre le dimanche 25 et le lundi 26 juin 2017 l’Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois béni de ramadan. Même si tout le monde s’y attendait, il fallait néanmoins patienter jusqu’à l’annonce de l’apparition du croissant lunaire par le comité d’observation de la lune.
Le prophète aurait prescrit dans un hadith (commentaire oral) : “Ne jeûnez que lorsque vous verrez le croissant lunaire et ne rompez le jeûne que lorsque vous le verrez aussi”. L’Aïd el-Fitr ou Aïd el-Seghir (petite fête) est l’une des deux dates les plus solennelles du calendrier musulman avec l’autre Aïd, Aïd el-Kébir ou Aïd el-Adha, la grande fête ou fête du sacrifice. Elle tombe le premier jour du mois suivant le ramadan, dit de “chawwal”.
Le jeûne du ramadan, l’un des piliers de l’islam, avait débuté le 27 mai au Mali, où il a été particulièrement éprouvant avec des journées toujours longues et un épisode de canicule. Les malades (certaines maladies chronique), les voyageurs, les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants pré-pubères et les personnes âgées en ont été dispensés.
A l’occasion des fêtes, toute la famille s’est réunie pour la journée. Et le petit soir chacun a rendu visite à ses proches pour présenter ses vœux de l’Aïd, on a organisé des festins. C’est l’occasion aussi pour les dames de se coudre de beaux habits et de faire un tour chez la coiffeuse.
A quelques jours de la fête, l’affluence était de plus en plus intense chez les tailleurs ainsi que chez les commerçants de certains articles comme les habits, les chaussures et les autres articles prisés par les femmes. Pour constater de visu l’ambiance dans certains ateliers de la place, nous avons fait un tour en ville pour échanger avec les teinturières, des tresseuses et des tailleurs.
Il ressort des entretiens avec les chefs d’ateliers visités que l’ambiance était relativement morose comme l’année dernière. Cette situation est-elle due à la crise que traverse notre pays ?
En effet, il est de tradition dans notre pays que lors des fêtes religieuses, les fêtes de fin d’années, les Maliens, surtout les femmes mettent les bouchées doubles pour paraitre plus belles. Ce faisant, on utilise les grands moyens. Quitte à s’endetter.
Le jour J la circulation était fluide. On pouvait circuler sans problème à Bamako. Les gens qui à l’accoutumée sortaient le soir pour saluer les proches ont préféré rester à la maison.
“D’habitude, je suis la première à sortir le soir pour saluer les proches. Par contre cette année, je n’étais pas assez chaude je suis donc restée à la maison. C’est peut-être dû au fait que je grandis”, souligne Mariam Traoré, étudiante en géographie.
Le ramadan 2017 : un long mois de canicule
Les Maliens ont jeuné du 27 mai au 25 juin 2017. Les fidèles se sont abstenus de manger et de boire de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Un mois de canicule durant lequel les fidèles ont bravé la chaleur, la soif et la faim. Pendant un des mois les plus chauds de l’année, pendant lequel les jours sont longs et la température dépassant parfois les 43°C, les musulmans ont tenu.
“Pour moi qui pratique le jeûne du mois de ramadan depuis des années déjà, je l’ai trouvé particulièrement fatigant cette année en raison de la chaleur et des exigences de ce mois qui nous font lever avant 4 h du matin pour manger et qui nous font rompre à 19 h à peu près pour cette fin de mois de jeûne”, se rappelle un fidèle.
Forcément, le ramadan en juillet est plus difficile qu’en décembre. Enfin… non, pas forcément ! Si Monsieur Diarra l’a trouvé ardu, deux autres s’y sont plus facilement accoutumée.
“Personnellement, je n’ai pas trouvé les premiers jours difficiles. C’est vrai que la soif était malgré tout présente mais plus les jours ne passaient plus la fatigue s’installait et je dirais donc que pour moi, cette année, les jours les plus difficiles étaient les derniers”, assure Fatoumata Sidibé
Si pour certains, le mois de ramadan était un moment dur. Pour d’autres, ce fut un mois de pure volonté. Durant tout un mois, les gens ont médité, invoqué Dieu et partagé des moments exceptionnels avec les proches.
Le ramadan est surtout un moment de retrouvailles en famille. Cette cohésion familiale aura aidé plus d’un. “Le mois de ramadan m’a permise de me rendre compte à quel point nous avons la chance de pouvoir manger à notre faim et de pouvoir boire à notre soif. Je me suis aussi rendue compte de la chance que j’ai d’avoir ma petite famille alors que des milliers, voire des millions de personnes, font ce mois de jeûne seules”, se félicite Mariam Diarra.
Le ramadan, ce n’est pas que le jeûne : c’est un mois dédié à la foi, à la spiritualité, à la réflexion et au rapprochement avec Dieu. C’est l’occasion de se pencher sur le Coran, de s’adonner plus régulièrement à la prière dans le but ultime de purifier son corps et son esprit.
“La journée, je ne change pas vraiment mes habitudes. Etant en vacances, je sors me promener, profiter du soleil… Et puis comme je n’oublie pas qu’il s’agit d’un mois pour se ressourcer spirituellement, j’essaye de me rapprocher davantage de Dieu à travers mes actes d’adoration. Je lis constamment le Coran, en faisant des prières dites surérogatoires (autrement dit facultatives et qui s’ajoutent aux prières obligatoires)”.
“Pour les habitudes de journée, très sincèrement je crois n’avoir rien changé. Je fais quand même attention à lire plus le Coran, à lire plus de livres religieux, à faire un effort de réflexion sur ma pratique. Mais je fais aussi attention à plus donner, au cours de ce mois, aux pauvres que je peux croiser dans la rue. Peut-être parce que je comprends mieux ce que c’est que d’avoir faim, soif et de devoir supporter cette chaleur”.
Même en cette période de l’année, le ramadan n’est donc pas une corvée, mais un moment de foi et de plaisir pour les musulmans du monde entier qui peuvent se rapprocher de Dieu, mais aussi de leurs proches !
Le mois béni du ramadan s’en est allé. Il est parti en apportant tous ses bienfaits et ses flots d’amour et de paix intérieure. Son élan de spiritualité qui poussait les gens à être solidaires et à promouvoir le bien nous a quittés en même temps que lui. Les musulmans qui ont jeuné avec foi et sincérité attendent avec impatience son retour.
Il fut pour beaucoup une école de l’éducation de l’âme et de perfectionnement de la foi, où l’on se ressource pour fortifier sa foi et approfondir sa relation avec Dieu. C’est également l’école du changement où l’on réalise un sursaut spirituel et la victoire sur sol où l’on opère une mutation éthique.
Hawa Sy