Prêche au Mali : Faut-il réglementer le domaine?

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La communauté musulmane du Mali, à l’instar, de reste du monde vient d’entamer le mois sacré du Ramadan, troisième des cinq piliers sur lesquels repose l’Islam. Mais au-delà de cet aspect purement spirituel, de nos jours, s’il y a un constat déplorable à faire, c’est bien le nombre de prêcheurs qui s’accroit de jour en jour. L’inexistence d’un cadre réglementaire régissant le domaine et la quête effrénée du lucre par de certaines radios voulant faire face aux charges de fonctionnement contribuent à l’enracinement de ce nouveau phénomène apparu dans notre pays, il y a environ une décennie. Lire notre analyse.

 

 

Conséquence, les fidèles se disent de plus en plus désappointés et confus. Cet état de fait se justifie par l’émergence de nouvelles branches au sein de l’Islam, la contradiction entre les discours ou encore le fossé existant entre les actes quotidiennement posés par «les soi-disant transmetteurs de la parole de Dieu» que sont les prêcheurs et le langage tenu en public ou sur les ondes. Pourquoi, les prêcheurs demandent-ils aux fidèles de faire ce qu’ils leur dit, et par contre, de ne pas faire ce qu’eux font? N’y a-t-il pas contradiction? Si la réponse est oui, le message qu’ils font passer est-il saisissable?

En tout cas, le comportement exemplaire des prêcheurs est la meilleure des références qui puisse exister pour les musulmans. Il constitue un facteur important pouvant solidifier leur foi en Dieu et peut les inciter à persévérer dans des bonnes pratiques. En outre, les séances de prêche sont-elles organisées pour propager le message du Seigneur ou pour conquérir le public? Les prêches sont-ils devenus une source de revenu? En effet, beaucoup des hommes de Dieu proposent à leurs auditoires des versets et invocations censés avoir des vertus miraculeuses pouvant en un clin d’œil positivement changer la vie de ces derniers.

 

Du coup, une partie importante de la population du Mali pense qu’il faut réglementer le domaine du prêche. A titre d’exemple, chez les chrétiens il existe une échelle de graduation de compétence selon qu’on soit pasteur, évêque ou pape formés dans des structures créées pour le besoin. Chez les musulmans, ce cadre réglementaire doit avoir comme critère de base l’aptitude et non l’éloquence, la probité et non l’aura enfin la maitrise du langage qui garantit la tolérance religieuse et évite certaines expressions choquantes.

 

Force est de constater les dérapages susceptibles de compromettre la fragile cohésion sociale. Devant la tournure inquiétante prise par ce climat anarchique, il est urgent que l’Etat agisse en prenant des mesures qui s’imposent. En attendant ce jour décisif, certains prêcheurs s’enrichissent, les novices s’égarent et le reste de la population subissant directement ou indirectement les conséquences de ce désordre ambiant demeure muet.

Par ailleurs, ce Ramadan 2010 comparativement aux années précédentes reste affecté par certains facteurs endogènes et exogènes tels la flambée des prix de certaines denrées de première nécessité.

Issa Santara


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