Politique et religion : Quand les guides spirituels inquiètent en Afrique de l’Ouest

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Le Sénégal, la Guinée, le Niger, la Mauritanie, le Mali et maintenant le Burkina Faso avec le guide spirituel Cheikh Abdoul Aziz Aguib Soré…Il faut reconnaître que le phénomène de Guide spirituel est en train de prendre des proportions très inquiétantes dans nos pays au vu et au su de tout le monde.

Un seul dénominateur commun: l’exploitation de la misère populaire corollaire des programmes d’ajustement structurels imposés par la Banque mondiale et le FMI à nos décideurs politiques dans la décennie des années 80. Ce n’est pas avec la bénédiction d’un Guide spirituel que la Chine a combattu la misère sous le président Mao. Le Prophète de l’islam n’a-t-il pas été berger et caravanier avant que l’Ange Gabriel ne lui soit apparu dans la Grotte ? Ce même Prophète, à sa mort, n’a laissé aucun héritage matériel à ses descendants. Qu’en est-il de nos Cheikhs d’aujourd’hui ?

À un moment donné, nous devons comprendre que nos pays n’ont pas besoin de miracles religieux pour combattre la misère et le sous-développement. La Nature nous a gracieusement offert tout ce dont nous avons besoin pour être parmi les pays développés. Tout ce dont nous avons besoin d’acquérir afin de pouvoir jouir de ces privilèges naturels, c’est la science et la technologie. Or, ce n’est pas auprès de ces vendeurs d’illusions que nous pouvons “apprendre à lier le bois au bois” comme le dit Cheikh Hamidou Kane dans « L’aventure ambiguë ». Si ces imams et autres guides spirituels étaient détenteurs de connaissances véritables comme ils le prétendent, nos pays allaient regorger le plus grand nombre de savants détenteurs de prix Nobel dans tous les domaines de recherche visant à dompter la Matière.

L’angoisse des populations

En effet, ce phénomène tire sa justification de l’angoisse des populations, de leur perte de confiance à un système de gouvernance qui s’enferme dans une tour de prospérité au détriment des préoccupations générales. Continuer à indexer les programmes d’ajustement structurels du FMI comme l’unique responsables de tous nos maux est un refrain connu des politiques africains pour justifier leurs mauvaises performances en matière de développent humain. Le programme d’ajustement structurel a eu certes des conséquences fâcheuses en ce qu’il a contribué à mettre dans la rue de milliers de travailleurs par la fermeture d’unités de production essentielles pour la satisfaction des besoins des populations. Mais ces unités réalisées sur la base d’idéologies socialistes surannées comme: produire ou investir dans ce qui est nécessaire mais si cela n’est pas rentable, n’ont pu tenir le cap dans un environnement international hostile. Les ajustements structurels tombaient donc à point nommé pour sauver une économie exsangue mise continuellement à mal par une pléthore de salariés payes à ne rien faire. Nos politiques n’ont jamais réussi à tirer profit de cette réforme et l’ont exploitée de manière souvent irresponsable par le bradage d’unités de production et de structures offrant des services essentiels pour la régulation socioéconomique.

Par ailleurs, le phénomène des Gourou en religion est une marque déposée du capitalisme international. Le phénomène a pris naissance dans les pays développés avant de prendre des proportions démesurés, comme il était prévisible, chez nous en Afrique noire.

Inna Maïga

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