Le grand prêcheur international Ousmane Chérif Madani Haïdara a effectué une tournée au Burkina Faso du samedi 16 au vendredi 30 juin dernier. Au cours de son séjour, il a procédé à l”inauguration d”une résidence qui lui a été offerte par les fidèles de la communauté Ançardine de Bobo Dioulasso. Dans l”entretien qu”il nous a accordé, il parle de l”accueil qui lui a été réservé à Bobo, de son implication dans la campagne de lutte contre le SIDA et du prochain congrès du Haut Conseil Islamique du Mali, dont il est membre.rn
Bamako Hebdo : Quelles sont les raisons de votre voyage au Burkina Faso?
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Ousmane Chérif Madani Haïdara : Je remercie le Bon Dieu. Ce voyage s”inscrivait dans le cadre d”une invitation des Ançardines de Bobo Dioulasso, je dirais même du Burkina Faso. Ils ont construit une maison pour moi, parce que, avant, lorsque j”allais à Bobo Dioulasso, on me logeait dans un hôtel avec ma délégation. Mais cela faisait beaucoup de monde à héberger. Ils ont donc décidé de construire une maison pour moi.
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Les travaux de construction ayant pris fin, ils ont souhaité que je sois présent lors de l”inauguration de cette maison. C”est pourquoi j”ai été au Burkina Faso.
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Comment se présente cette maison?
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C”est construit comme les maisons des " Blancs ". A l”intérieur, il y a six chambres, une cuisine, un grand salon, une véranda. Dans la cour, un grand hangar a été installé pour la prière. Tous les gens qui m”accompagnent disposent de locaux dans cette maison, en dehors du bâtiment principal.
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Pendant votre séjour, il y a des gens qui sont venus vous présenter des excuses, pourquoi?
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Ce sont en fait des gens qui, au cours de causeries ou sur la base de on-dit m”ont manqué de respect et ont dit beaucoup de mauvaises choses sur ma personne. Quand ils ont compris, ils se sont ressaisis en voyant la vérité. Ils sont donc venus pour me présenter des excuses, que nous avions d”ailleurs accepté par avance, car ceux qui font ce genre de choses ne me connaissent pas, sinon ils ne le feraient pas.
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Etes-vous satisfait de ce voyage au Burkina Faso?
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Très comblé. Cela fait au moins sept fois que je vais au Burkina Faso, mais c”était la première fois que j”ai vu une si grande mobilisation humaine. Ce fut une satisfaction pour tout le monde, les autorités burkinabè qui nous ont beaucoup aidé pour la bonne organisation de la tournée ; tous les imams de Bobo et de Ouagadougou qui se sont mobilisés. Les imams de Ouagadougou nous ont même donné un diplôme de remerciement par rapport à tout ce que je fais pour la religion musulmane. Ils ont déclaré que nous étions des références pour eux.
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Qu”avez-vous à dire à ceux qui n”ont pas compris votre implication dans la campagne contre le SIDA?
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Je pense que les gens n”ont pas compris la maladie du SIDA. Cela n”est pas un problème, parce que nous ne pouvons pas tous avoir la même compréhension des choses, c”est ce qui fait le charme de la vie. Mais ce que je voulais vous dire est que la place que j”occupe aujourd”hui m”oblige à intervenir chaque fois qu”il y a quelque chose de mal qui arrive dans notre pays. Je dois faire de mon mieux pour la bonne marche de la cité. D”abord parce que je suis prêcheur, ensuite parce que je suis un responsable qui s”occupe de la bonne marche de notre religion au sein du Haut Conseil Islamique du Mali et que, au sein du LIMAMA, je suis un responsable des prêcheurs du Mali. C”est pourquoi, pour tout ce qui se passe, que cela concerne les musulmans ou pas, je suis consulté.
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Pour ce qui est de la campagne de lutte contre le SIDA, ce sont des émissaires du Président de la République qui sont venus me voir en m”expliquant que les personnes vivant avec le SIDA sont exclues de la société et que, selon les médecins, cette situation joue beaucoup sur elles psychologiquement. Ils m”ont demandé de parler aux populations afin qu”elles puissent comprendre que le SIDA est une maladie comme les autres et que toute personne qui en est atteinte ne doit pas être rejetée par la société. Je leur ai répondu qu”il n”y avait pas de problèmes, parce que c”était mon travail et que je ne le savais pas, sinon j”allais le faire plus tôt. Ils ont amené des documents pour que je les signe. J”ai dit non, j”ai donné mon accord, donc je vais le faire, sans problèmes. Je me suis engagé à le faire au nom de notre religion, pas plus.
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Dieu n”a dit a personne de rejeter les malades du SIDA. Il n”est dit nulle part dans les textes de notre religion qu”il faut rejeter les malades. En outre, si la religion musulmane nous interdit l”adultère, il faut aussi que les Maliens comprennent qu”on peut attraper le SIDA sans relation sexuelle. Actuellement, nous avons des gens qui ont été touchés par le SIDA. Il y a quelqu”un qui a épousé la femme de son grand frère décédé : maintenant, lui-même a le SIDA, la femme qu”il avait avant d”épouser celle-ci l”a attrapé aussi et ils ont un bébé qui est lui aussi atteint. Qu”est ce qu”on peut reprocher à cette femme, qui n”a pas commis d”adultère? C”est son mari qui a pris une sidéenne et lui a transmis le SIDA. C”est l”homme qui a amené le SIDA à la maison. La religion musulmane ne dit pas qu”il faut rejeter ceux qui ont le SIDA.Dieu ne l”a pas dit, encore moins le Prophète (PSL).
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Même les Cafres ne diront pas cela. C”est pourquoi nous avons accepté de parler aux populations, parce que, si notre religion nous interdit l”adultère, elle ne nous a jamais dit de ne pas accepter nos malades. Celui qui a le SIDA, nous devons l”aider, quelle que soit la manière dont il a attrapé la maladie. Si le bon Dieu décide que tous ceux qui ont fait l”adultère aient le SIDA et qu”ils en meurent, je ne pense pas qu”il y aura des gens pour les enterrer. Ceux qui ne nous ont pas compris, c”est peut-être à cause de la limite de leur compréhension. Sinon, nous avons des devoirs envers les malades, comme nous le recommande notre religion.
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Parlons du prochain congrès du Haut Conseil Islamique du Mali?
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Cela sera très facile, parce que ce n”est pas une association politique, mais musulmane. Ce qui est obligatoire pour les musulmans, c”est que comme les gens ont eu confiance en nous, ce que nous avons fait pendant notre mandat nous allons le montrer aux autres. Que notre bilan soit bon ou mauvais, ou s”ils veulent des changements, nous allons le faire ensemble, parce que ce n”est pour nous que nous travaillons, c”est pour le pays.
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Votre un mot de la fin?
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Je vous salue, ainsi que les travailleurs de votre journal et son directeur, de même que tous les journalistes du Mali. Je salue tous les musulmans du Mali. Je demande une bonne saison des pluies, si Dieu nous l”accorde. Je demande aussi à tous les Maliens de respecter les engagements de leur foi, afin que Dieu exauce nos prières.
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Réalisée par Kasim TRAORE
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Bko Hebdo du 27 juillet 2007
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