L’observation de la lune à la veille et à la fin du ramadan se pose de nos jours avec acuité. Déterminant le début et la fin de ce mois sacré, le phénomène fait de plus en plus face à des difficultés. Il s’agit entre autres : de la météorologie et des limites des moyens de communication. Du coup, plusieurs fidèles pensent que le système jusque là pratiqué a montré ses limites.
En matière d’observation de lune dans le monde, il existe bien deux méthodes et différentes écoles. Exclusives dans certains pays, contradictoires en Europe, mais généralement complémentaires dans le reste du monde musulman. D’un côté, le procédé juridique, Ashari’i, qui s’appuie uniquement sur l’observation de la lune, à l’œil nu ou à l’aide d’un instrument. C’est le cas en Arabie Saoudite. De l’autre, le procédé scientifique qui relève de calculs astronomiques émis par les différents observatoires internationaux et locaux comme celui de Kwala Lumpur en Malaisie ou du Caire en Egypte entre autres. Cette méthode, permet de vérifier la visibilité du croissant lunaire le jour du doute.
La datation de l’année islamique a été présentée par le deuxième calife, ‘Umar ibn al-Khattab, en 638 CE (16AH). Il a établi l’Hégire – la fuite du Prophète de La Mecque à Médine – comme la référence la plus importante pour la nouvelle ère islamique.
Le calendrier islamique est lunaire, donc son année est de dix ou onze jours de moins que l’année grégorienne. Cela signifie que les mois musulmans tombent dans les différentes saisons. Par exemple, le Ramadan et le pèlerinage peuvent tomber à l’été ainsi que pendant l’hiver. Il faut environ 33 ans pour les dates islamiques à tourner à travers les saisons solaires. Par exemple, si le ramadan commence en Octobre de cette année, ce sera un autre 33 ans avant qu’elle commence en Octobre à nouveau.
Le premier jour du mois lunaire est identifié par l’observation du croissant de fartage, après le coucher du soleil sur la vingt-neuvième ou le trentième jour du mois qui précède. Un intérêt particulier pour les musulmans est le début du mois de jeûne du Ramadan et le mois du pèlerinage, la saison du pèlerinage.
La Lune est le satellite de la terre noire, visible seulement en réfléchissant la lumière du soleil. La zone visible de la lune change tous les jours en fonction de l’angle formé par la ligne de démarcation entre le soleil, la terre et la lune, qui se traduit dans le cycle des phases lunaires. Le mouvement de la lune peut maintenant être calculé avec une grande précision, mais le début de chaque mois lunaire nouveau demeure un problème. Historiquement, cependant, des contraintes de communication (c.-à-pas les antennes paraboliques) signifient qu’il n’y avait pas de controverse à travers le vaste pays musulman.
L’observation peut toutefois être influencée par un certain nombre de facteurs. Par exemple, l’âge et la taille du Croissant-Rouge et l’angle qu’il forme avec le soleil, la hauteur du croissant par rapport à la ligne d’horizon au moment du coucher du soleil, la distance entre la terre et la lune, et, bien sûr, les conditions météorologiques et le degré de visibilité. Le critère principal pour la visibilité est la séparation angulaire entre le soleil et la lune au coucher du soleil.
Faut-il jeûner selon l’observation de la nouvelle lune en Arabie Saoudite ou devrions-nous le faire selon l’observation de la nouvelle lune dans notre pays? Tel est le dilemme pour bon nombre de pays musulmans. Le Mali a carrément opté pour la deuxième solution. Bien qu’il soit huilé, le rituel n’en prête pas moins le flanc à la critique pourtant justifiée.
Le rituel immuable de chaque année (commission d’observation nationale et locale) a montré ses limites pour plusieurs raisons.
Chevauchement entre la commission, le haut conseil islamique et le ministère
Comme en témoigne l’expérience de cette année, un problème de compétence oppose le ministère de l’Administration territoriale, le haut conseil Islamique et la Commission d’Observation de la lune. Dans ce cafouillage, il est difficile de savoir à qui le dernier mot revient. Aucun texte ne régit le travail de la commission. D’autant plus qu’il y a des impératifs dont faut tenir compte lors de l’observation et la diffusion de l’information. Jusque- là quand doit-on continuer à chercher la lune ? Jusqu’à quelle heure, pouvons-nous informer les populations ? Telles sont les questions auxquelles les acteurs doivent répondre avant de faire quoi que se soit. Pour preuve, tout dysfonctionnement peut entraîner une division entre les fidèles de notre pays. C’est à cela qu’on a failli assister cette année. Compte tenu de la spécificité de notre pays, un dialogue semble nécessaire pour solutionner ce qui est en passe de devenir un cauchemar pour les musulmans de notre pays.
LES DERAPAGES DU PRESIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE
Requinqué par le succès sur le code, le Président du Haut Conseil Islamique Mahamoud Dicko s’est illustré de la pire des manières cette année. Se voyant poussé des ailes, l’homme n’hésite plus à tenir tête à tort ou à raison à l’autorité de l’Etat. Sans être même de la commission d’observation, sur quelle base a-t-il proclamé la découverte de la lune ? Il appartient à la commission et au département de nous éclairer. En plus, selon certaines sources le 1er responsable islamique de notre pays se serait plié à la pression de certains leaders religieux.
LA COMMUNICATION
A ce jour, deux défis majeurs se posent à la commission d’observation de la lune dans notre pays. Il s’agit de la recherche du croissant dans un premier temps, et dans un second temps informé les fidèles sur toute l’étendue du territoire national. La faible couverture télévisuelle, radiophonique et téléphonique complique davantage ces missions.
Pour parer à toute incompréhension, au Burkina Faso, la commission siège jusqu’aux environs de 22 heures. Après quoi, elle ne diffusera plus les informations sur la vision de la lune. Pour soutenir cette position, elle estime qu’à compter de cette heure, qu’elle n’a plus les moyens d’informer tous les musulmans du Faso.
Faudrait-il faire la même chose qu’au Burkina Faso ? De toutes les façons, la question mérite d’être poser. D’autant plus que l’heure à la quelle Mahamoud Dicko a annoncé la découverte de la lune, il était difficile voire impossible d’atteindre l’assemble du pays. Même à Bamako, l’information a eu du mal à passer, à plus forte raison les coins reculés du pays.
Mais à cette heure-là, la communauté n’avait plus de possibilité d’informer l’ensemble des musulmans du pays, car elle passait par le canal de communiqués à la radio et à la télévision, notamment lors des derniers journaux de 22 heures.
A suivre !
Lemzo