Mois de partage et de solidarité, le mois béni de ramadan est un mois favorable pour se rapprocher de Dieu d’une part et nous rapprocher les uns les autres d’autre part. Chaque fidèle musulman met donc tout en œuvre en espérant bénéficier du pardon et de la miséricorde du Créateur.
A l’écart des dons qui affluent de nombreux horizons en ce mois de partage, plusieurs autres moyens sont propices pour avoir la clémence de notre seigneur. En plus des imams improvisés qui organisent des prières de groupe dans les différents recoins des quartiers, une autre « profession » bat son plein durant le mois de carême. Il s’agit de celle du « réveilleur public », tout le monde n’ayant la notion du temps ou de l’usage d’un réveil, ce dernier se donne pour tâche de réveiller les fidèles plus particulièrement les femmes afin que celles-ci se mettent à préparer le déjeuner (« Sougouri »). Mais au fond, ces « réveilleurs » agissent avec la seule intention d’obtenir un peu plus de bénédiction de la part de Dieu. Ils se promène dans les rues, souvent muni d’un bidon en scandant : « Réveillez-vous, c’est l’heure ! ». Certains de ces réveilleurs usent tout bonnement du micro de la mosquée du quartier, à l’exemple de T. de la mosquée Lanfia KONATE de Kalaban Coura. De nos jours, plusieurs quartiers de Bamako ont un réveilleur.
Si l’agissement de ces personnes est salutaire dans la religion et de bonne foi, il convient de signaler que certaines d’entre elles tournent au ridicule. Le son du bidon se transforme souvent en tapage nocturne voire en réel vacarme. Alors, il est bon de ne pas transformer sa bonne foi en dérangement.
Parlant de dérangement, certaines personnes oublient que 4 heure du matin est bien loin des 12 coups de midi. Ce ne sont pas tout les musulmans qui dégustent leur repas en cette période. Certains préfèrent bien diner le soir que de perturber leur sommeil pour manger à ces heures avancées.
Aussi, faudrait-il le signaler, nous sommes dans un pays laïc et ce n’est pas tout le Mali qui se réveille à cette heure pour manger et même jeuner.
Le phénomène est tellement démesuré de nos jours que certains enfants ou jeunes, une fois sur pied font tant de bruit que les voisins se voient obligés de les accompagner et l’on se croirait en plein jour avec un concert d’ustensiles de cuisine et d’éclat de rire. « Si seulement les prêcheurs pouvaient faire comprendre aux gens qu’on peut se réveiller et manger sans faire de bruits… » se plaint cette habitante des 1800 logements (ATTbougou). Et l’Islam ne nous dit-il pas de ne pas causer du tord au voisin ?
Même si le laissé- aller qui la caractérise s’exprime de la même manière que les « sala walé walé » pour les filles et « yogoro massa » pour les garçons, l’heure d’opération constitue un grand facteur de dérangement pour cette action des « réveilleurs publics ».
Dans certains quartiers, en vue de ne pas rater ces heures de réveil populaire, certains jeunes préfèrent s’adonner au foot du soir ou d’autres jeux nocturnes. Se faisant l’on n’hésite pas à occuper entièrement certaines grandes artères de la capitale comme le boulevard de l’indépendance.
Les fidèles musulmans doivent faire preuve de plus de bonnes attitudes pour être en parfaite harmonie avec les exigences du mois béni du ramadan.
Saly KANE