Il fait partie des cinq piliers de l’Islam, que chaque fidèle musulman doit observer. Le jeûne consiste tout d’abord à s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des relations sexuelles entre le levé et le couché du soleil.
Mais, en plus de ce préalable, il y a d’autres points qui entrent en ligne de compte, comme le bon comportement, le fait de ne pas mentir, la correction en toute chose, qui devraient d’ailleurs faire partie du quotidien du fidèle musulman, Carême ou pas.
Les boulangeries prises d’assaut
Certains Bamakois ont été surpris par l’annonce du début du carême musulman. C’est pourquoi toutes les boulangeries, dès l’annonce de l’apparition de la nouvelle lune, ont été envahies. Pour les boulangers, cela a été une bonne aubaine, car, d’habitude, le lendemain de la fête de l’Indépendance l’affluence n’est pas forte. Les grandes boulangeries n’ont pas été prises de court, car à la veille de chaque mois de Ramadan, c’est la même chose.
Les bonnes à tout faire
Dés l’annonce du début du carême à la télé, par la lecture du communiqué rédigé par la Commission de lune pilotée par le Haut Conseil Islamique, les quelques patronnes qui avaient laissé leurs bonnes aller faire la fête sont sorties à leur recherche, car ce sont les bonnes qui font le gros du travail domestique.
Malheureusement pour certaines patronnes de la rive droite, leurs aides – ménagères s’étaient rendues jusqu’à Sebénincoro, où il y avait une grande réjouissance populaire de toutes les bonnes originaires de la région de Ségou, retrouvailles traditionnelles pour elles car, à défaut du village, elles se retrouvent trois jours après chaque fête, la nuit du 22 septembre étant l’exception. Face à cette situation, dramatique pour nombre d’entre elles, nombre de patronnes ont été obligées de se débrouiller pour faire quelque chose à présenter à la famille comme " soubouri ".
Le Wassoulou vidé de ses clients
Comme partout ailleurs, le monde qui avait fait le déplacement à l’hôtel Wassoulou de la diva Oumou Sangaré s’est retiré au fur à mesure qu’il apprenait que la lune avait été aperçue. La soirée s’est donc trouvée écourté. Pourtant, le show organisé par Oumou Sangaré dans le cadre des festivités du 22 septembre était bien parti, mais, hélas…
Les vendeurs du Rail-da font des affaires
Contrairement aux autres points de vente, le Rail-da est resté animé durant toute la nuit du début de Ramadan, de l’annonce de celui-ci par la Commission de lune à l’aube. Les femmes et les hommes qui animent ce petit espace, souvent pourchassés par les agents de la police, étaient pour une fois parfaitement à l’aise. Bon nombre de couples, qui rentraient des soirées et autres activités récréatives commémorant l’Indépendance, ont fait leurs achats avant de rentrer à la maison.
Pour ce mélomane, c’est le Rail-da qui l’a sauvé, sinon il n’aurait pas su quoi faire. Sa femme l’avait avisé afin qu’il se tienne informé avant qu’il ne sorte de chez lui, mais il n’avait pas compris. C’est pourquoi il dit un grand merci aux commerçants du Rail-da.
Ramadan ou "samedi soir" Le fait que le carême musulman ait commencé le samedi a fait annuler de nombreux rendez-vous. Selon des jeunes que nous avons rencontrés dans la nuit de vendredi à samedi dernier "nous aurions voulu fêter notre 22 septembre demain (samedi soir), mais voilà que la lune a été aperçue. C’est dommage, nos copines ont déjà fait les achats, on ne peut plus revenir en arrière ". Son ami estime que rien ne sera perdu : "On fera la rupture du jeûne avec". Comme les City boys de Hamdallaye, plusieurs jeunes avaient eu la même idée. "C’est notre long week end qui est foutu, mais, après le carême, nous allons faire un grand show. En attendant, nous allons chercher les chapelets et les nattes de prière pour être parmi les premiers dans les mosquées et autres lieux de prière" a conclu un membre du groupe Zoto de Kalaban coura.
Une rupture arrosée
Lors de la première rupture de jeûne, il y a eu de la pluie tout juste après l’appel à la prière. Le temps que les gens finissent de boire quelque chose, la pluie avait déjà commencé. C’est ainsi plusieurs lieux de prière publics ont été inondés. Certains fidèles avaient commencé la prière du crépuscule avant la pluie, mais, au démarrage de celle-ci, beaucoup se sont " cherchés " laissant leur imam et les croyants installés au premier rang tout seuls. Les femmes et les enfants ont plié leurs nattes et sont allés se réfugier à l’abri des gouttes. Pourtant, dès lors que vous priez, quoi qu’il arrive, vous ne devez pas fuir.
Les nouvelles " Hadja "
Elles sont nombreuses les demoiselles qui ont laissé les body, pantalons et autres vêtements à la mode pour s’habiller en vraies musulmanes pour ce début de carême. Au premier jour du Ramadan, elles ont envahi les mosquées. Pour ce faire, elles ont acheté tout le nécessaire : chapelet, natte de prière, habit blanc. Et, pour les prières du nuit, elles parmi les premières sur les lieux de prière, dans les mosquées et même dans certaines familles. Ces nouvelles " Hadja " sont partout, mais pour combien de temps ? Cela durera-t-il tout le mois de carême, ou vont-elles se limiter à quelques jours ? Wait and see
Pénurie d’imams
En ce début de carême, les imams se font rare dans la cité des Niaré, obligeant les populations à se contenter de recourir à certains jeunes qui ont des connaissances en arabe. Car les vrais imams ont des contrats. Certains préfèrent diriger la prière dans " leur" mosquée, mais d’autres officient dans plusieurs, pourvu qu’il ait quelque chose à gagner. Selon l’imam de la mosquée de Badalabougou, cela n’est pas recommandé par la religion musulmane, mais personne ne peut aller contre ces pratiques peu orthodoxes. Pour ce qui est des contrats, il pense que le fait de diriger une prière ne doit pas être rémunéré, mais, si on te donne quelque chose, tu peux le prendre, sans que cela soit une obligation.
Rassemblés par Kassim TRAORE
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