La lecture est la première recommandation que Dieu fit à son Prophète, Mouhamad (PSL). L’Ange Djibril par qui cette injonction est venue au prophète, n’a pas spécifié quelle lecture. C’est pourquoi nous pensons que tout ce qui est écrit est lisible. Si Dieu, le grand architecte dans sa miséricorde fait en sorte qu’un document tombe entre vos mains, lisez-le bien, peut-être que demain quelque chose dans votre vie pourrait s’y trouver liée. Si on pousse les choses à l’extrême, on pourrait même dire qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise lecture. Tout dépend de la mentalité et de l’esprit de réceptivité de celui qui lit. Le jugement de valeur de bon ou mauvais dépend en définitive de l’esprit du lecteur. Ce ne devrait pas être alors un crime pour un musulman que de lire pendant ce mois de Carême et à jeûne, les Feuilles d’Abraham, la Bible de Jésus, la Thora de Moïse, les Psaumes de David ou le Bagva Gida de l’Indouisme. Il n’y a pas de lecture plus constructive pour la foi que celle produite par quelqu’un qui n’est pas de votre religion et qui porte un regard sur ce que vous croyez. C’est le cas de l’excellent livre de Michel REEBER sur le Coran, publié aux Editions les Essentiels Milan, 65 pages, il n’est pas daté.
Michel REEBER est un prêtre catholique dans le diocèse de Strasbourg, membre du GERI (Groupe d’études et de recherches islamologiques) de la faculté de théologie protestante de Strasbourg dont l’un des objectifs est la « promotion » du dialogue islamo-chrétien. Il est également chercheur associé au SDRE (Société, droit et religion en Europe), Université Robert-Schuman de Strasbourg et le CNRS. Ce qui suit est une section commentée de certaines parties de son livre.
Michel REEBER atteste dans son livre que pour les musulmans, le CORAN représente le recueil des paroles divines révélées au Prophète Muhammad, de son vrai nom Muhammad Abû al-Qâsim Muhammad ibn Abd Allâh, ibn Abd al-Muttalib, ibn al-hashim en usage dans la langue française jusqu’au début du xxe siècle. La forme Mahomet est une altération du nom arabe de Muhammad qui signifie en arable « le loué ». A la lecture de son livre, on découvre que le mois de Septembre est un mois béni, parce que c’est un 24 Septembre que le Prophète Mouhamad (PSL) s’est trouvé refuge à Médine en l’an 622 (Hégire) soit deux jours après un 22 Septembre, date d’Indépendance du Mali. Et mieux, il y meurt un 8 juin 632. Et c’est un autre 8 juin symbolique que le Peuple malien avait choisi d’investir ses présidents, sauf que le coup d’Etat de calamity Sanogo est venu inverser cet ordre. Mais c’est toujours au mois de septembre que le président malien est investi. C’est peut être un signe pour ceux qui cherchent des signes.
En revenant plus strictement au livre de M. REEBER, on y apprend qu’il y a à distinguer les versets qui ont été révélés à la Mecque avant l’Hégire soit entre 610 et 622 et qui sont au nombre de 86 des autres. Elles sont les plus courtes et parlent surtout de la Justice, de la responsabilité et de la rétribution. Alors que les versets qui ont été révélés à Médine après l’Hégire, entre 622 et 632 sont les plus longues et sont au nombre de 28. Elles parlent surtout des normes juridiques et sociales, ainsi que des conflits avec les autres groupes. Le mot Coran apparaît lui-même 70 fois dans le Coran, qui est divisé en 114 sections appelées sourates et traitent entre autres du droit de la famille (70 prescriptions), le droit civil (70), le droit pénal (30), les relations internationales (25), les procédures et la juridiction (13), le droit constitutionnel (10), l’économie et les finances (10). Quand c’est un chrétien qui a aussi bien fouillé le Coran, nous les musulmans, nous nous devons être tolérants. Savons-nous que les premières éditions imprimées du Coran n’ont pas été réalisées dans un pays musulman ? C’est en Allemagne plus précisément à Hambourg en 1694 que fut imprimé le Coran sur papier pour la première fois, soit quatre siècles après la Charte de Kurunkanfuga, et à Saint Petersburg en 1787 soit deux ans avant la Révolution française de 1789. Et c’est avec l’édition Kazan en 1803 qu’apparaissent les premiers grands tirages. Les premières éditions lithographiées voient le jour en Iran à Téhéran en 1828 et à Tabriz en 1832, en Inde et en Turquie en 1877. Puisque sans nul doute le Coran est béni, nous devons aussi admettre que les pays chrétiens ou musulmans qui l’ont imprimé pour la première fois sont aussi bénis.
L’auteur note sa surprise de voir que des mots aussi courants que le mot Ramadan n’apparaît qu’une seule fois dans le Coran à la sourate 2, verset 185. Pour les exégètes musulmans, le Coran n’est ni de la prose ni de la poésie. Par contre, le nom le plus commun de Dieu dans le Coran est Allâh, cité à 2697 (deux mille six cent quatre-vingt-dix-sept) fois. Allah est la contraction de Al-Ilâh. Ceux qui depuis longtemps se demandaient quel était le centième nom de Dieu, ils l’ont trouvé c’est bien donc probablement Allah. Dans la liste des 99 noms les plus exaltés de Dieu que l’on trouve sur le marché, il est le seul qui manque à l’appel. Les figures prophétiques les plus présentes dans le Coran sont Abraham cité 69 fois et Moise 136 fois. 15 sourates parlent de Jésus, prophète et messie. Le « sceau des prophètes » Muhammad, le Coran ne le cite nommément qu’à 5 reprises, mais il n’y a pas une page du livre saint qui ne fasse allusion à sa qualité d’interlocuteur privilégié de la révélation divine. Nombreuses sont les femmes citées dans le Coran : épouses d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Pharaon et de Muhammad. Mais la seule femme dont le nom est cité nommément est Marie, mère de Jésus. Plus de 30 versets en parlent et la sourate 19 porte expressément son nom.
Le Coran n’est pas le seul livre révélé, quatre autres groupes d’écrits sont qualifiés de livres révélés. Et selon la terminologie canonique, ce sont : les « Feuilles d’Abraham, la « Torah » de Moïse, les « Psaumes » de David et l’ « Evangile » de Jésus. La révélation biblique s’échelonne sur une dizaine de siècles, alors que la révélation coranique couvre une période seulement de 23 ans.
« Le meilleur d’entre vous est celui qui a étudié le Coran ainsi que celui qui l’enseigne », c’est un Hadith qui le dit, de même qu’un autre dit que « le cœur se rouille comme le fer. Par la récitation du Coran et l’évocation de la mort, on lui rend son éclat ». Et dans son sermon d’Adieu, le Prophète Mouhamad (PSL) disait qu’ « aux yeux de Dieu le meilleur et le plus noble d’entre vous est le plus pieux ». Il n’a pas dit le plus arabe, le plus blanc ou le plus noir. C’est donc par son comportement qu’on est noble, mais pas par la couleur de sa peau ou par son rang social. Qui l’eut cru, les grandes universités académiques de l’Islam dans l’Histoire furent la Zaytûna fondée en 734 à Tunis, en Tunisie, la Qarawiyin, fondée en 857 à Fès au Maroc et Al-azhar, la plus prestigieuse institution d’enseignement d’Egypte et du Proche-Orient fondée en 972 au Caire. Mais l’Auteur oublie superbement Tombouctou et Djenné dans l’histoire de l’enseignement coranique.
Concluons ce deuxième papier par la négation de l’extrémisme religieux. Le mot « Jihad » signifie à la fois « effort intense » et « appel à la religion véritable ». Selon un hadith, le Prophète Muhammad aurait dit un jour : « Nous voici revenus du jihad mineur pour nous consacrer au jihad majeur ». Interrogé sur la nature du jihad majeur, il aurait répondu qu’il s’agit du jihad du cœur, autrement dit de l’effort de purification intérieur. En plus, l’autre meilleur jihad serait comme le confirme d’autres hadiths, c’est ce que faisait Monseigneur Luc Sangaré, c’est la capacité de dire des paroles justes devant un souverain injuste. Il semble que les fondamentalistes musulmans puisent leur doctrine dans la pensée d’Hassan al-Banna (1906-1949), fondateur des « Frères musulmans » en Egypte en 1928 et de Sayyid Qutb (1906-1966), l’un de ses disciples et du réformateur fondamentaliste Mawdûdi (1903-1979), originaire du décan en Inde. Mais ce qui est sûr, est que le Coran recommande la modération et rejette l’extrémisme en tout. « Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes » (sourate 2, verset 143). Beaucoup de versets appellent à la paix et à la concorde. La contrainte dans la religion musulmane est formellement prohibée : « Pas de contrainte en religion », (sourate 2, verset 256 ; Sourate 10, verset 99, sourate 16 verset 93 sourate 42 verset 8). A plusieurs reprises donc le Coran prône le Pardon.
O’BAMBA
dirpub@journalinfosept.com