Né le 31 décembre 1989 à Abidjan, Ibrahima Djibo est cultivateur domicilié à Saran, un village se trouvant dans le cercle de Bankass. Il était devant les jurés de la Cour d’assises le mercredi 6 octobre 2021 pour détention illégale d’armes et de munitions de guerre en relation avec une entreprise terroriste. Reconnu non coupable des faits, il a été acquitté des charges qui pesaient contre lui.
Les faits sont prévus et punis par les articles 6 et 13 alinéa 1 de la loi n°08-025 du 25 juillet 2008 portant répression du terrorisme au Mali et article 43 de la loi régissant les armes et les munitions en République du Mali.
De quoi s’agit-il ? Courant le 13 juillet 2019, les éléments de la garde nationale déployés dans le cadre de l’opération Dambé en patrouille contre les groupes armés terroristes dans le secteur de Saran, cercle de Bankass, ont interpellé le nommé Ibrahima Djibo en possession d’un arsenal d’armes et de munitions de guerre et autres objets de communication ou de costumes de chasseurs traditionnels appelé “Donso”.
Le susnommé et deux autres rodèrent en brousse lorsqu’ils ont aperçu les véhicules de la patrouille. Ils ont tenté de s’échapper en fuyant. Seul le sieur Ibrahima Djibo a été rattrapé et conduit à la gendarmerie de Mopti, qui a ouvert une enquête conjointe avec la brigade territoriale de gendarmerie de Diallassagou.
Tant à l’enquête préliminaire qu’à l’information, l’inculpé a nié plus ou moins les faits qui lui sont reprochés. Au soutien de cette dénégation, il déclare que suite à une attaque djihadiste, leur village s’est vidé de sa population pour s’installer en grande partie au village de Koumbori, situé à deux kilomètres et demi plus loin.
Il indique que c’est à la demande de son père qu’il était parti récupérer la charrue de la famille abandonnée dans leur champ à Saran pour la ramener à la maison et que c’est ainsi qu’il a été intercepté en cours de route par les éléments des Forces armées maliennes. Il nie toute appartenance à un quelconque groupe armé terroriste, encore moins à une milice, notamment “Dana Ambassagou”. Il explique qu’il n’est pas non plus un chasseur Donso et qu’à son arrestation, il ne possédait aucune arme ou munition et ignore la provenance de l’arsenal de guerre.
Cependant, il demeure constant que l’arsenal de guerre saisi lors de l’arrestation de l’inculpé ne peut qu’appartenir à son groupe ou à lui-même malgré sa dénégation systématique. Plusieurs attaques résiduelles pour semer la terreur et la désolation dans le Centre du pays sont sans doute en partie l’œuvre des chasseurs Donso qui évoluent en petits groupes dans leur secteur de prédilection et opèrent de la même façon que l’accusé et ses acolytes.
Ibrahima Djibo à la barre déclare qu’il n’a jamais possédé de fusil à plus forte raison un arsenal de guerre. “Je ne suis ni un terroriste ni un chasseur traditionnel. Je suis un élève coranique du Chérif de Nioro. Comme je l’ai dit à l’enquête, le jour de mon interpellation, c’est mon père qui m’avait commissionné pour récupérer la charrue dans notre champ. Les militaires m’ont dit de mettre les mains en évidence.
A leur fouille, ils n’ont rien trouvé sur moi à part mes pièces d’identité, mon téléphone, mon chapelet et mon foulard au tour de la tête”, fait-il savoir.
A sa prise de parole, le ministère public signale que le détenu fait une dénégation systématique et que la Cour doit le retenir dans les liens de l’accusation.
La défense, à savoir Me Mah Mamadou Koné a plaidé non coupable pour son client. “Mon client a été inculpé suite à la déclaration d’un agent anonyme qui n’a pas été attendu à l’enquête. Veuillez l’acquitté purement et simplement”.
Cette requête a abouti, car les juges dans leur délibération ont déclaré Ibrahima Djibo non coupable des faits de détention illégale d’armes et de munitions de guerre en relation avec une entreprise terroriste et il a été acquitté des charges qui pesaient contre lui.
Marie DEMBELE