Les autorités de la République ont fixé la date de la fête d’Aïd el Kebir au dimanche 6 novembre 2011 sur toute l’étendue du territoire du Mali. Le chérif de Nioro du Sahel et sa communauté Hamallaïste ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont fêté leur tabaski le lendemain de la fête, c’est-à-dire le lundi 7 novembre 2011. Pourtant l’Etat se voulait intransigeant quant au respect de sa décision. Défi et capitulation ?
La fin de la dissonance à propos des fêtes au Mali n’est pas pour demain. Malgré les efforts consentis ces derniers temps par les autorités religieuses du pays pour mettre fin à la suspicion quant aux dates de célébration des fêtes (avec cette nouvelle feuille de route que s’est faite la commission nationale de supervision de la lune), le désordre est loin d’être à terme. Les fêtes continuent à être célébrées dans la disharmonie selon les courants religieux.
Ce fut encore le cas de la Tabaski cette année. Alors que les plus hautes autorités de la République avaient fixé la célébration d’Aïd el Kebir au dimanche 6 novembre 2011 sur toute l’étendue du territoire, le très vénérable Chérif de Nioro du Sahel et ses partisans se sont faits distinguer en fêtant leur Tabaski le lendemain, c’est-à-dire le lundi 7 novembre 2011. Ce faisant, ils sont partis à contre courant du reste de la population de la ville sainte qui a respecté le mot d’ordre de la Commission nationale de supervision de la lune.
De sources concordantes nous indiquent que ce n’est pas à Nioro seulement que ses adeptes se sont ainsi particularisés. Partout à travers le Mali, indique-t-on, les Hamallaïstes ont fêté leur Aïd el Kebir le lundi 7 novembre. Ils ne sont pas à leur premier essai et ne semblent pas non plus prêts à s’arrêter en si bon chemin.
La même minorité avait défié la République lors de la célébration d’un Aïd el fitr en refusant de fêter à la même date que le reste de la communauté musulmane du pays. Le hic est que l’acte se passe au vu et au su des plus hautes autorités du pays, sans qu’il ne soit considéré comme punissable.
Pourtant, les mêmes autorités ont eu par le passé à punir sévèrement avec des gaz lacrymogènes des habitants d’un petit quartier de sunnites à Baco-Djicoroni. Leur tort c’était de vouloir faire leur prière le lendemain de la date convenue. Des forces de l’ordre avaient été envoyées sur le site pour gazer ces ‘’ rebelles’’ de la religion. C’était pour leur apprendre la leçon selon laquelle le Mali est une nation indivisible, ayant des valeurs islamiques communes. Et la leçon fut comprise par les contrevenants de ce quartier appelé ‘’Fitribougouni’’.
Les Hamallaïstes de Nioro vont-ils connaître la même sentence ? Pas pour le moment, car contrairement à ‘’Fitribougouni’’, ils ont toujours passé leurs fêtes religieuses sans aucun risque de menace des forces de l’ordre. Et ils peuvent continuer à fêter différemment du reste de la communauté musulmane du pays. Car beaucoup de ceux qui doivent les rappeler à l’ordre se font poiroter dans leur vestibule en quête d’un tête-à-tête avec leur leader.
On dit que le Calif de Nioro n’est pas n’importe qui au Mali, mais doit-il avoir deux types de Maliens devant la loi ? Tant que cette pratique de deux poids deux mesures continue au Mali, la fin du désordre religieux n’est pas pour demain.
Abdoulaye Diakité
TABASKI 2011 :
Comment les Bamakois ont vécu la fête des moutons ?
Le Mali, à l’instar de certains pays de la sous région, a fêté le dimanche 06 novembre 2011 la fête de Tabaski. Une tabaski, qui malgré le coût de la vie actuellement dans notre pays, a tenu les promesses de la ferveur.
Comme les précédentes éditions, la fête de Tabaski de cette année a été différemment vécue par les Bamakois. Déjà à la veille de l’évènement, les fidèles avaient tiré la sonnette d’alarme sur le prix du mouton même si d’autres le trouvaient raisonnable, comparativement à l’année dernière. Ce n’est pas le mouton qui a manqué cette année, mais plutôt de l’argent pour se le procurer, ont reconnu beaucoup de Bamakois. Du ‘’Garbal’’ de Faladié au point de vente de la cité des enfants, que nous avons visités, le prix du bélier moyen oscillait entre 40000 à 55000 FCFA. Il fallait âprement marchander pour que le vendeur accepte les 35000 FCFA. Conséquence : beaucoup se sont résignés à fêter sans le mouton. Pour eux, les habits des enfants venaient en priorité.
En effet, la majorité des vendeurs de moutons disent n’avoir jamais fait de toute leur existence de si mauvaises affaires. Moussa Baldé, vendeur de moutons au ‘’Grabal ‘’ de Faladié affirme n’avoir vendu que 13 béliers sur 600 têtes qu’il avait transportées de l’intérieur du pays. Bourama Diallo, lui aussi vendeur de mouton, explique la cherté des prix de moutons par des facteurs tels que leur alimentation à Bamako. Donc, le prix de l’aliment bétail a une fois de plus influé sur le prix du bétail.
Aussi, les « coxers » ou intermédiaires ont impacté le prix des moutons. Leur mode opératoire fait en sorte qu’ils n’ont rien à perdre. Autrement dit, n’étant pas propriétaires des bêtes qu’ils présentent, ils ne craignent pas de mévente et peuvent chercher un super bénéfice sans aucun risque.
Ils allaient jusqu’à réclamer le double des prix normaux sur les moutons. Conséquence : les acheteurs potentiels ont finalement boudé les moutons.
En plus du mouton qui était la principale préoccupation des chefs de familles lors de la fête de Tabaski, les habits pour enfants étaient devenus le « trophée de guerre ». Du marché des Halles de Bamako au marché de Banankabougou, les prix allaient de 3500 à 4000 FCFA sans compter les chaussures et autres parures. Aux dires de Sidi Koné, commerçant, cette cherté est indépendante de leur volonté, mais dépend plutôt des grossistes.
Tout compte fait, malgré cette cherté de la vie, la Tabaski à été fêtée dans la plus grande ferveur. Les enfants ont bien réclamé et obtenu trois jours durant leurs jetons en retour de leurs vœux à cette occasion.
Amara BY Traoré (stagiaire)