Célébration de la l’Aid El Fitr : Dans la prière et la communion pour la paix

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Après la traditionnelle prière à la Grande mosquée, le chef de l’Etat a innové cette année en réunissant le gouvernement, les chefs des institutions, les leaders religieux et la société civile pour une présentation de voeux

La communauté musulmane du Mali a célébré hier la fête de l’Aid El Filtr, encore appelée la fête du Ramadan. Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a pris part à la prière à la Grande mosquée de Bamako sous la conduite de l’imam Koké Kallé. C’était en présence du Premier ministre Moussa Mara, des présidents des institutions, des membres du gouvernement, des ambassadeurs de certains musulmans accrédités dans notre pays et d’une foule de fidèles.

C’est aux environs de 8 heures 45 mn, que le chef de l’Etat et sa délégation ont franchi le seuil de la Grande mosquée, suivis de peu par l’imam Kokè Kallé, avant le début de la prière à 9 heures précises.

A sa sortie de la mosquée, le président Kéïta, qui célébrait ainsi sa première fête de Ramadan en tant que chef de l’Etat, a profité de l’occasion pour réitérer sa reconnaissance à l’égard de notre peuple pour la confiance placée en sa personne pour diriger le pays. Le Mali, a-t-il rappelé est un pays dont la grandeur a parcouru les âges au-delà de nos frontières. Ibrahim Boubacar Kéïta a ensuite renouvelé son engagement à œuvrer pour le développement du pays. Il a terminé en présentant ses vœux à l’ensemble de la communauté musulmane.

Après la Grande mosquée, le président Keita et sa délégation ont mis le cap sur le palais de Koulouba. Il a apporté une touche particulière à la célébration de la fête en organisant une présentation des vœux réunissant l’ensemble des présidents des institutions de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les membres du cabinet présidentiel, l’ensemble des leaders religieux et de la société civile. C’est la première fois que la communauté chrétienne (catholique et protestante) est associée à la présentation des vœux à l’occasion d’une fête musulmane.

L’initiative a été saluée à sa juste valeur par le délégué général de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes du Mali (AGEMPEM), Pasteur Youssouf Dembélé, qui a souhaité qu’une cérémonie du genre soit organisée à l’occasion des fêtes de Noël.

Au-delà de la fête, la situation au nord de notre pays s’est invitée dans les interventions. Singulièrement la signature d’un accord sur la feuille de route, ouvrant la voie à des négociations entre le gouvernement et les groupes armés, et d’un accord de cessation des hostilités.

Le chef du gouvernement, premier à prendre la parole, a rappelé que cette fête offre l’heureuse occasion de se souhaiter les vœux les meilleurs au terme d’un mois caractérisé par la privation. Moussa Mara a rappelé que le mois de carême est à la fois un mois de pénitence, de dévotion, mais et surtout de méditation et de solidarité. Toutes ces valeurs mises ensemble, ajoutera-t-il, tournent vers la cherche de l’harmonie. Selon lui, les fidèles musulmans doivent apprendre à connaître leur religion pour mieux la défendre contre des individus qui s’en servent à des fins politiques et à leur seul profit. Cela est d’autant plus nécessaire qu’en ce moment l’extrémisme religieux est à l’affut des cœurs des fidèles musulmans dans nos murs. « Plaise à Dieu que les actions en cours puissent l’enrayer », a-t-il souhaité. Moussa Mara a également loué le Seigneur afin qu’il maintienne le président dans une « forme olympienne » afin qu’il puisse accomplir sa lourde tâche de conduite de la Nation. Aussi, a-t-il renouvelé l’engagement des membres de son équipe à accompagner avec fidélité et abnégation le chef de l’Etat dans l’exaltante mission de réaliser le bonheur des Maliens.

A sa suite, l’honorable Issaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale, a exprimé des vœux à l’endroit du chef de l’Etat et de l’ensemble du pays, avant de saisir l’occasion pour passer en revue quelques actions menées par son Institution dans le cadre du retour de la paix dans notre pays. Il a rappelé l’apport des érudits de Tombouctou dans la consolidation de l’islam en Afrique, pour dire que notre pays, héritier d’une tradition musulmane qui a traversé les siècles, n’a pas de leçon à recevoir des extrémistes.

Issaka Sidibé s’est félicité ensuite de la signature de l’accord sur la feuille de route à Alger la semaine dernière. Il a également profité de l’instant pour louer la grâce divine pour le repos éternel de l’âme de tous ceux qui ont perdu la vie pour le retour de la paix au Mali ainsi que les victimes du crash d’Air Algérie qui s’est produit dans les environs de Gossi, la semaine dernière. L’honorable Issaka Sidibé a renouvelé l’engagement de son institution à accompagner le président dans ses actions de développement.

Abondant dans le même sens, le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily a lui réitéré la disponibilité de la famille judiciaire à accompagner le chantier de la refondation de l’Etat. Il n’a pas manqué de souhaiter bonne fête au président, à sa famille et tous ses proches.

L’Archevêque de Bamako, Monseigneur Jean Zerbo, a captivé l’auditoire avec des questionnements. Il s’est notamment interrogé : « Avons-nous compris ce qui nous arrive ? ». De la réponse à cette question découlera la clé de voûte du plan de sortie de crise, estimera-t-il, car celle-ci requiert un type de comportement qui indique la bonne voie. Aussi l’homme d’église a prié pour l’unité, l’entente et la prospérité pour notre pays. Selon lui, la division entre les hommes politiques peut se recoudre, mais les frictions les plus dangereuses sont celles qui surviennent entre les religions. Dans ce cadre, les chances de recoller les morceaux sont très minces. C’est pourquoi il prié pour que Dieu nous en préserve. Il terminé son intervention par une prière prononcée par deux femmes d’église.

Le représentant de l’église protestante, Youssouf Dembélé, a formulé les vœux afin qu’Allah le Miséricordieux guide le président Keita sur la voie de la vérité, de la justice et de la droiture. « Que Dieu lui accorde, comme le Roi Salomon, de l’intelligence afin d’être attentif, sage et intelligent pour gouverner le peuple malien, pour discerner le bien du mal », a prié l’homme d’église. « Heureux le peuple dont les dirigeants sont pieux, dont les dirigeants connaissent Dieu et se soumettent à sa volonté ! Heureux le peuple qui connaît Dieu et se soumet à sa volonté. Que Dieu nous épargne d’être un peuple qui n’honore et ne parle de Dieu que du bout des lèvres, mais dont le cœur est très loin de Dieu », a-t-il lancé.

Pour sa part, le président du Haut conseil islamique a invité les fidèles musulmans au pardon et au respect des valeurs qui fondent notre Nation, à savoir les valeurs de tolérance et de laïcité. Selon lui, ce sont ces valeurs de partage qui préservent notre pays de l’abîme comme on le voit ailleurs. « Au Mali, musulmans et chrétiens cohabitent sans jamais se renier. C’est une chance à préserver », s’est réjoui l’imam Dicko qui s’est également prononcé sur la situation des jeunes qui sont exposés au danger de la drogue et de la consommation abusive de l’alcool.

Quant au coordinateur des chefs de quartiers, Ba Moussa Touré, il a axé son intervention sur le rôle et la place des autorités coutumières dans le dispositif institutionnel. Selon lui, le pouvoir traditionnel est appelé à jouer un grand rôle dans le raffermissement du processus de décentralisation, mais malheureusement, ils sont les moins lotis de la République, alors qu’ils ont une fonction de stabilisateur social. Aussi, a-t-il plaidé pour la revalorisation de leur traitement.

En réponse, le chef de l’Etat s’est montré rassurant et disponible à rester à l’écoute de tous ceux qui veulent l’accompagner. Auparavant, le président de la République a reçu les ambassadeurs des pays musulmans accrédités dans notre par dans la villa 42, baptisé « salon Djenné ». C’est l’ambassadeur du Maroc, Hassan Naciri, qui a présenté, au nom de ses pairs, les vœux du corps diplomatique des pays musulmans. Il a prié pour le retour de la paix dans notre pays. Au cours des échanges avec ses hôtes, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est longuement étendu sur la situation en Palestine. Selon lui, ce n’est pas normal que l’humanité assiste impuissante à la tragédie de ce peuple face à la puissante Israël, qui a bénéficié à un moment donné de l’histoire de la solidarité et de la compensation du monde entier. Ibrahim Boubacar Keita a appelé à la réaction de la communauté internationale pour mettre fin à cet affrontement dans un rapport de force disproportionnée.

A. O. DIALLO

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