Aïd El Fitr : Une fête sur fond de divergence

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Le jeudi 9 septembre 2010, une partie de la communauté musulmane du Mali a fêté la fin du Ramadan et l’autre partie l’a faite le jour suivant. Pourquoi, les gens d’une même religion ne jeûnent-ils et ne fêtent-ils plus ensemble? Et pourquoi, la commission nationale de lune ne parvient-elle plus à canaliser les fidèles musulmans? En attendant d’avoir des réponses à ces questions, les Maliens restent désappointés.

 

Avant les deux dernières décennies, qui pouvait imaginer que nos concitoyens musulmans allaient se mettre dos à dos, au point de fêter séparément la fin du Ramadan? Pourtant, c’est ce qui à tendance à paraitre au sein de la communauté musulmane de notre pays.

 

Nous avons une nouvelle version de la religion, celle en net recul avec les préceptes édictés par le Prophète Mahomet (PSL). A preuve, la fraternité et l’entente sont désormais brisées. Les gens forment des clans pour se faire entendre. Ainsi, nous assistons à une guerre d’opinion caractérisée par des désaccords systématiques et des campagnes de dénigrement. On a l’impression que certains oublient Dieu au profit du prestige et des règlements de compte personnels.

 

A titre illustratif, depuis que le gouvernement a contribué à la création du Haut conseil islamique du Mali, comme la France le fait chez elle pour canaliser sa communauté musulmane, les divergences ont apparu. Certains érudits du Coran ne figurant pas dans le bureau de Mohamoud Dicko se seraient retranchés dans une opposition destructive. Ils n’acceptent pas les idées venant des membres du haut conseil. Ces derniers sont accusés à tort ou à raison d’être à la solde des politiciens et de l’Etat qui, dit-on, leur font des faveurs matérielles et relationnelles. Est-ce vrai?

 

C’est pourquoi, la commission nationale de lune mise en place pour informer les fidèles sur le jour de la fête est boudée. La mésentente, ayons la sincérité et l’audace de le dire à haute et intelligible voix, a pris l’ampleur dans notre pays jadis uni et solidaire. Chacun s’accroche à son idée fut-elle à contre courant des principes fondamentaux de l’Islam. Personne ne veut céder, même pas, au nom de Dieu et tant pis pour la foi.

 

De nos jours, la perception de la lune est devenue secondaire dans le choix du début et de la fin du Ramadan. Or, le Mali était une référence pour tous les pays limitrophes en ce qui concernait l’entente entre les musulmans, et surtout par rapport à l’observation du croissant lunaire. C’est décevant ! Dans les autres religions, il n’y a pas de désaccord sur les dates de fête. Chez les chrétiens, tout le monde sait que le Noël est fêté le 25 décembres de chaque année. Les païens aussi font leur fête le dernier mercredi de l’année.

 

Alors, pourquoi ces tiraillements chez les musulmans à propos de la lune? Ça ne vaut pas la peine si c’est uniquement une affaire de foi. Autrefois, s’il y avait des difficultés d’observation de la lune, on se referait au décalage d’un jour existant entre le Mali et la Mecque afin d’éviter toute polémique inutile. Mais au lieu de cette solution conciliante, aujourd’hui, on préfère observer le croissant lunaire dans les puits, marigots, bouilloires et je ne sais quoi d’autre au point de susciter des doutes. Ce n’est pas un bon signe.

 

Pour trouver une solution à ces divergences entre musulmans Maliens, le gouvernement doit cesser de s’ingérer dans les affaires du Haut conseil islamique. Il doit se mettre à l’écart pour suivre de loin ce qui s’y passe. La commission nationale de lune aussi doit faire preuve de prudence et de discernement. Elle ne se sentira pas obligée de donner des informations, juste, pour prouver son utilité publique. Ainsi, elle gagnera la crédibilité contrairement à la mauvaise image que lui collent ses détracteurs.

 

La religion est très sensible surtout celle dont les pratiquants sont majoritaires. C’est elle qui peut influencer le pouvoir en place et non le contraire. Dans les pays occidentaux dont les systèmes sont imités par nos dirigeants politiques, l’Islam minoritaire est quadrillé tandis que les religions majoritaires ne souffrent d’aucune ingérence. Donc, évitons de semer la zizanie. Que Dieu nous bénisse ! Parole de pasteur Bah de l’église auto créée de…

Issa Santara

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