Pour arriver jusqu’au siège du ministère des Habous et des Affaires islamiques, il faut montrer patte blanche au poste de police du Méchouar. Normal, la grande baie vitrée du bureau du ministre donne directement sur la porte principale du palais royal de Rabat, celle-là même qu’emprunte Mohammed VI quand il va à son « bureau » de la capitale.
Ahmed Toufiq est là, installé à sa table de réunion devant une pile de dossiers et d’ouvrages en tout genre. Cet homme de lettres et intellectuel reconnu reste fidèle à sa réputation : chacun de ses mots est soigneusement pesé, surtout quand il parle d’affaires religieuses. Interview avec le penseur de la réforme et de la légitimation religieuses.
Jeune Afrique : En quoi l’islam modéré à la marocaine, parfois salué comme un « modèle », se distingue-t-il ?
Ahmed Toufiq : Cette distinction, le Maroc la doit à une interprétation actualisée de sa tradition religieuse et culturelle. Cette tradition repose sur un premier pilier constitué par les fondamentaux choisis et préservés par la nation, à savoir le dogme ash‘arite, qui n’admet jamais l’excommunication, le rite malékite, ouvert à la pratique sociale, et la voie spirituelle « optionnelle », qui ne rejette pas la lecture métaphorique du texte. Le deuxième pilier de cette tradition est la Commanderie des croyants. Cette institution est fondée sur un contrat avec la nation, la bay‘a. Un concept que ne rend pas de façon fidèle le mot « allégeance », puisqu’il y est question de contrat et d’engagement.
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