El Hadj Sékou Siramakan Diarra dit Bablé ou encore Doubabougou Karamoko, le Saint de Doubabougou s’en est allé le 23 juin 1997. Oui, l’homme de Dieu a quitté ce monde mais sans jamais nous tourner le dos. Ce jeudi encore, une foule nombreuse était à Doubabougou pour témoigner de la sainteté de l’homme, lire le coran et demander la grâce de Dieu à travers Bablé. Pour l’occasion, nous avons fait un tour à Doubabougou le mercredi où déjà le village était plein à craquer depuis mardi, personne ne voulant rater cette merveilleuse occasion de recueillement. Une multitude de bœufs et petits ruminants étaient là pour les sacrifices, de même que nombreux paniers de colas. Les véhicules de transports et les voitures personnelles allaient et revenaient de Doubabougou. Pourquoi tout ce monde afflue sur Doubabougou ?
En vérité, la commémoration du voyage de Bablé est une épreuve de méditation, de reconnaissance, de recueillement, de prêche. C’est le lieu d’entrer en relation intime avec Dieu, dans la communion avec tous les muslmans qui ont effectué le déplacement, tous ne pensant qu’à Dieu. C’est cette voie que le Saint Siramakan Diarra a tracée pour cette communauté.
Pour rappel, Sékou Siramakan Diarra est de la lignée des rois N’Golo Diarra, Monzon Diarra, Da Monzon Diarra de Ségou, Babougou N’Dji Diarra le Bambara Saint (Bamanan Walidjou) de Babougou, tous célèbres. C’est lui Siramakan qui a perpétué l’Islam dans sa contrée, malgré toutes les difficultés parmi des mécréants qui ne voulaient même pas entendre le nom de Dieu, ni prier encore moins voir quelqu’un prier. Mais rien n’y fit, Bablé a eu raison des fétiches qu’il a brûlés, pour reconvertir les plus grands jusqu’aux plus petits féticheurs.
De toute sa vie, Bablé a agi au nom de Dieu et seulement de Dieu. Il a souffert plus que quiconque, il a fait toutes sortes de corvées pour ses maîtres. Il a parcouru de très longues distances à pied, sans chaussures qu’importe, il a supporté la faim, la soif. Et tenez-vous bien, un jour il lui est arrivé de confectionner avec un camarade 1200 briques pour leur maître. Même les esclaves n’ont pas subi une telle corvée. Bablé était avec Dieu, pour Dieu, au nom de Dieu, on ne peut pas tout dire sur lui en un seul jour.
Oui, Bablé était et reste avec Dieu. C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, ses bénédictions prévalent pour les hommes et les femmes qui, tous les jours, se rendent à Doubabougou. Par ces bénédictions, beaucoup de femmes ont eu un mari, des enfants. Avec ses bénédictions les champs ont fleuri, les commerces ont prospéré, les voyages ont été heureux, les foyers ont connu la paix et la concorde, des hommes ont acquis le savoir, le pouvoir, la fortune. A présent, cette voie se perpétue à Doubabougou où El Hadj Adama Diarra, son fils béni est là.
Adama Diarra, sage et disponible, est le fils de son père. Depuis l’enfance, il s’est fait remarquer par son destin d’homme de Dieu. Jamais on ne l’a vu dans la bagarre. Il a toujours rendu les plus grands services à son père et à sa communauté. D’ailleurs, depuis le décès de son père, personne n’a vu Adama que dans les appels à Dieu pour résoudre les problèmes des humains. Depuis 14 ans, il n’est jamais venu par exemple à Bamako qui n’est pourtant qu’à 30 mn de route de Doubabougou. Européens, Américains, Asiatiques, Arabes, riches et pauvres, gouvernants et gouvernés, tous convergent vers Doubabougou pour aller consulter Adama, recevoir des bénédictions, résoudre leurs problèmes. Il a construit une belle mosquée et des logements pour accueillir le grande foule qui se rend à tout moment vers Doubabougou.
En effet, El Hadj Siramakan est parti pour rester, laissant derrière lui un digne représentant au service de Dieu et des humains. C’est pourquoi, à présent, la communauté musulmane se bouscule à Doubabougou pour rendre grâce à Dieu et commémorer le grand jour du voyage de Bablé, à travers la méditation et le recueillement.
Dors en paix Bablé !
Mamadou DABO