Depuis la publication de l’Avant-projet de Constitution en prélude à une inéluctable révision de la Constitution de 1992, jamais un Avant-projet, qui n’est même pas d’abord un projet, n’a fait couler autant d’encre et de salive. L’une des principales causes de ces agissements est l’inscription en son article 30 du concept de laïcité. Ainsi, l’article 30, chapitre I, Titre II, stipule que: «Le Mali est une République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale». Parce que qu’il apparaît clairement ici la réaffirmation de la laïcité État, cela a suffi pour réveiller les vieux démons des sectarismes, voire des fanatiques de la religion musulmane. Des commentaires vont bon train, chacun s’y adonne à cœur ouvert. Tous ces détracteurs se retrouvent à un seul point “supprimer le mot laïc de la Constitution et proclamer un État islamique“. Mais pourquoi ? Allez savoir.
Les raisons avancées nous poussent tout simplement à des questionnements. Si certains justifient leur opposition en assimilant la laïcité au droit pour chacun de faire ce qu’il veut et que cela est inadmissible en leurs yeux dans un pays à 90% de confession musulmane, d’autres argumentent tout simplement que le concept est importé de l’extérieur donc incompatible avec notre culture et notre tradition. Nous n’avons nullement aucune prétention de faire un cours sur la laïcité, mais cet état de fait nous amène à nous interroger si réellement le concept de laïcité est véritablement compris par ceux-là qui le combattent aujourd’hui. À notre sens, qu’il soit prescrit ou non dans la Constitution, l’esprit de laïcité a toujours prévalu dans notre pays. Depuis que le Mali est Mali, nos populations ont toujours cohabité dans la cohésion, l’harmonie et le bon vivre ensemble sans aucune distinction de religion. Toutes ces croyances, qu’elles soient traditionnelles, chrétiennes ou musulmanes, ont toujours cohabité ensemble. Jamais, nous n’avons connu au Mali des familles séparées, des écoles séparées ou même des bus de transport séparés à cause des différenciations religieuses. Le Mali est l’un des rares pays au Mali, où nous assistons à une véritable symbiose des religions. C’est au Mali où nous célébrons ensemble toutes les fêtes religieuses sans aucune distinction. Musulmans et chrétiens célèbrent ensemble à la fois les fêtes de Noël et Ramadan, Pâques et Tabaski. C’est au Mali où le mariage d’un même couple est célébré à la fois à la mosquée et à l’église. Ce n’est pas au Mali où les leaders de confession chrétienne et musulmane se retrouvent à la même table pour faire des bénédictions pour la patrie commune, qui est le Mali ? À combien de reprises son revêtant le Cardinal Jean Zerbo et le président du Haut conseil islamique, M. Cheick Chérif Ousmane Madani Haïdara se sont retrouvés sur la même table ? Fort de tout cet état, nous nous permettons de nous poser la question de savoir pourquoi tout cet agissent contre une révision constitutionnelle au nom d’une prétendue défense de la religion musulmane ? Sinon, comment peut-on penser que la laïcité est contre la religion musulmane ?
Ce combat contre la laïcité de l’État ne relève-t-il d’un argumentaire politique plutôt que religieux ? En tout cas , les récentes déclarations de certains leaders musulmans surtout celles tenues lors du meeting de protestation contre la sortie déplacée d’un individu piétinant le coran et insultant le Saint Prophète Mohammed (PSL) et les différentes rencontres entre leaders religieux et certaine classe politique, ne nous permettent pas de soutenir le contraire.
En tout état de cause, nous pensons qu’aujourd’hui, notre pays n’a nullement besoin d’un conflit de religion. Ceux qui défendent bec et ongles la déclaration d’un État islamique pour le Mali, nous nous demandons s’ils évaluent les conséquences de leur acte. Seulement, ils doivent comprendre que même s’ils sont minoritaires comme ils targuent à le dire, cette minorité non musulmane est aussi malienne que les autres. Ils doivent savoir qu’à priori, la religion, comme le disait le philosophe, est une affaire privée. De même qu’ils croient, en tant que musulmans, qu’ils auront de compte à rendre à leur Dieu, au tant les autres aussi croient et pensent la même chose vis-à-vis de leur croyance. Alors, comment pensent-ils que ceux-ci vont ou doivent tourner dos à leur objet de croyance pour les suivre? Autant eux, musulmans, convergent vers Médine pour leur pèlerinage autant les chrétiens du monde convergent aussi vers le Mali, plus précisément vers Kita, pour les leurs aussi. Alors, ils doivent se rappeler que les différentes confession ont toujours et continuent toujours de cohabiter ensemble et que jamais nous n’avons connu de dissensions entre elles. Du moment où, il nous a été rapporté dans le Saint Coran que le Saint Prophète Mohammed (PSL) a signé un pacte de non-agression avec les non musulmans pour une meilleure cohabitation, et s’il est vrai qu’ils militent pour la cause de l’islam, ils se doivent de suivre la voie tracée par le prophète de l’islam.
De ce fait, ils n’ont nullement le droit de perturber la belle harmonie qui existe jusque-là entre les différentes confessions chez nous ici. S’ils ont des griefs contre le régime, qu’ils cherchent ailleurs d’autres arguments pour mener leur lutte mais pas celui de la laïcité. Ils doivent se rappeler que la liberté de religion fait partie des droits inaliénables de l’homme de même que le droit à la vie ainsi que tous les autres droits, cela depuis le XVIIème siècle. Ils se doivent, s’ils ont un peu de sens du patriotisme, d’œuvrer dans le sens à épargner notre nation de ce qui fut la cause de la destruction d’autres nations sous d’autres cieux.
La République, comme son sens l’indique, est une chose publique, elle appartient à tous. De ce fait, un État qui se dit républicain se doit l’obligation de se mettre au- dessus de la mêlée pour défendre et préserver le droit de chacun et de tous.
Daouda DOUMBIA
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Daouda, en effet le Mali appartient a tous ses enfants qu’ils soient bleus, blancs, noirs ou jaunes comme le roi Solomon le disait. Merci pour cette contribution lumière.
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