Pour l’amélioration du lien de confiance, quelques fois dégradé, entre forces de l’ordre et population civile, le ministère en charge de la Sécurité a procédé le mardi 6 février 2018 au Maeva Palace à la présentation d’un plan cadre pour la période 2018-2021. Ce plan, avec ses quatre axes stratégiques, d’un montant de 5 millions d’euro, soit 3 milliards 250 millions de F CFA, a été élaboré en partenariat avec l’Union Européenne. A court et moyen terme, ce lien entre forces de l’ordre et population civile, devra être matérialisé par une amélioration concrète des échanges.
En cette période de crise sécuritaire et de réconciliation, le rapprochement entre les forces de l’ordre et la population civile, reste un enjeu majeur pour les autorités maliennes. Cela, pour permettre de contribuer, non seulement à garantir la cohésion sociale mais aussi à accroitre l’efficacité de ces forces de l’ordre, dans la lutte contre les maux et assurer la tranquillité publique. C’est pourquoi, au ministère en charge de la Sécurité, à travers ce plan, on entend œuvrer pour un dialogue renforcé entre forces de l’ordre et population civile, fondé sur le respect mutuel et la recherche de la paix. «Je ne doute point que chacun de nous, qu’il soit citoyen, membre des corps habillés, élu, décideur ou gouvernant, a un rôle et une responsabilité à jouer sur le chemin de la paix» a lancé ce jour le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile.
En effet, ce plan cadre découle d’un travail de réflexion et de concertation avec les acteurs institutionnels, les représentants de la société civile, les leaders religieux et traditionnels, effectué les 12 et 13 juillet 2017, à travers un séminaire. Aussi, selon le ministre Traoré, les conclusions issues de ce séminaire ont été reprises en compte dans ce plan et constituent le cadre stratégique dans lequel s’inscrit la volonté de progression de son département. Cela, pour améliorer la démarche d’ouverture en direction des populations civiles et poursuivre un dialogue renforcé avec les représentants qualifiés. Egalement, dans sa mise en œuvre, ce plan comporte quatre axes stratégiques.
Présentation du plan cadre
En effet, le titre III de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, prévoit plusieurs chapitres dans lesquels figurent des dispositions touchant au redéploiement et à la réorganisation des forces de sécurité. Cela dans une perspective de renforcement du dialogue entre les populations et les forces de sécurité. De même, le plan de sécurisation intégrée des régions du centre, établi en février 2017 prévoit la création d’instances de dialogue entre population et forces de l’ordre. D’où le lancement de ce «plan cadre du ministère de la sécurité et de la protection civile pour l’amélioration du lien de confiance entre les forces de sécurité et la population». Il comporte quatre axes stratégiques. Il s’agit dans un premier temps «d’assurer une compréhension commune et partagée des rôles et responsabilités de chaque acteur». Ici, avec trois sous-thèmes, avec ce chapitre, il y aura la mise en œuvre de plusieurs activités permettant de mieux faire connaitre les forces de sécurité. Cela se passera par la signature de conventions de partenariat avec les départements en charge de l’éducation nationale, de la Jeunesse et la réalisation des manifestations et des activités de sensibilisation.
En second lieu, il s’agit à travers ce plan cadre de «développer une gestion concertée de la sécurité». Là, il consistera, entre autres, à mettre en œuvre des partenariats entre les différents acteurs des forces de sécurité et les acteurs territoriaux. Aussi, plusieurs activités sont prévues pour le renforcement des compétences des agents des forces de sécurité dans le domaine du renseignement judicaire et la datation des institutions locales de moyens leur permettant une meilleure prise en compte de la sécurité individuelle des populations.
En troisième lieu, il s’agira «d’adapter les capacités des forces de sécurité à un contexte sécuritaire évolutif». Cette thématique, très pertinente actuellement, ne se limitera pas, selon les responsables du plan, à la simple adaptation des moyens matériels et techniques à l’évolution de la criminalité. Mais plus à la réalisation d’une série de mesures visant à répondre dans l’urgence à une évolution préoccupante de l’insécurité générée par le terrorisme. Elle concerne aussi le domaine essentiel du renforcement des aspects éthiques et déontologiques dans l’emploi des forces de sécurité.
Enfin et comme quatrième axe, ce plan entend «asseoir un processus de recrutement plus ouvert». Pour les responsables du plan, la démarche qui anime ce programme est très ambitieuse. Elle impactera de manière significative la politique de gestion des ressources humaines du ministère en charge de la Sécurité et implique en ce sens d’importants changements dans les processus administratifs actuels.
Permettre «le retour durable de l’Etat au centre du pays»
Au cours de cette présentation, le chef de la délégation de l’Union Européenne au Mali, M. Alain Holleville, a relevé que l’organisation est heureuse et disposée à participer à cette initiative à travers un de ses projets d’appui au secteur de la sécurité, dénommé projet «Panorama-CORSEC» à hauteur de 5 millions d’euro, soit plus de 3 milliards de F CFA. Selon lui, l’UE est prête à accompagner le gouvernement malien dans la mise en œuvre de ce plan cadre qui permettra, dit-il «l’interaction entre forces de sécurité et grand public, dans une période charnière pour la stabilisation du Mali». M. Alain Holleville, n’a pas manqué de rappeler que ce plan cadre permettra d’améliorer le renforcement du lien entre la population et les forces de sécurité et le retour durable de l’Etat au centre du pays.
Car, pour lui, il ne peut y avoir de Sécurité au centre du pays sans la présence de l’Etat à travers les services sociaux de base. Il indiquera en outre que le Mali reste, avec ce plan, un cas d’école pour le binôme Sécurité et Développement.
Dieudonné Tembely
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