Région de Mopti : le message d’apaisement du premier ministre

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Soumeylou Boubèye Maïga (photo archives)

Soumeylou Boubèye Maïga était venu trouver des solutions aux conflits intercommunautaires et aux attaques terroristes qui ont presque paralysé cette partie du pays.

Le Premier ministre a bouclé son périple avec l’étape de Mopti où il a sillonné les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et Djenné. Dans toutes ces localités, Soumeylou Boubèye Maïga a prêché l’union des cœurs et des esprits.

C’est dans la matinée du dimanche dernier que le chef du gouvernement, en provenance de Tombouctou, est arrivé à Sévaré, à bord d’un avion de l’armée de l’air. Il a tout de suite mis le cap sur Koro, une localité en proie à de violents affrontements entre les communautés peuls et dogons. Le dernier drame est survenu, le jeudi dernier, à Berely (commune de Koporopen).

Et la tension y est encore très vive. A Koro, le Premier ministre, reçu avec ferveur, a rencontré les représentants des chasseurs, de la jeunesse et des chefs coutumiers des «communautés belligérantes». Au cœur des échanges : la spirale de violence qui a fait de nombreuses victimes aussi bien parmi les Peuls que les Dogons. Soumeylou Boubèye Maïga leur a fait part du ressenti du chef de l’Etat par rapport à ces actes ignobles, mais aussi de l’engagement de l’Etat à rétablir l’ordre.

Du fait de cette douloureuse situation, les activités économiques tournent au ralenti dans tout le cercle. Et la grande majorité de la population, déjà éplorée par le mauvais résultat de la dernière campagne agricole, est exposée à l’insécurité alimentaire. D’où la justesse de l’aide d’urgence apportée par le chef du gouvernement qui a remis 100 tonnes de mil aux populations vulnérables, 80 tonnes d’aliment bétail et 20.000 doses de vaccins pour les éleveurs du cercle. La cérémonie de remise de ces dons, organisée dans l’enceinte de la préfecture de Koro, a été l’occasion pour le 1er adjoint au maire, Issa Sagara, d’évoquer la crise que traverse sa collectivité.

Il a expliqué que Koro, où les différentes communautés ont toujours vécu en harmonie, est actuellement en proie à des conflits liés au foncier et au terrorisme. Deux problématiques qui ont mis les communautés dos à dos. Face à cette situation, l’édile a souhaité l’accélération de la mise en oeuvre du Plan de sécurisation intégré des Régions du centre et le renforcement des effectifs des forces armées dans la zone.

Le président de l’association Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz Diallo, a délivré un message d’apaisement. «Donnons-nous la main. Un Dogon qui tue un Peul ou vice versa, a tué un parent, un frère», a-t-il martelé.

Tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes, il a rappelé que les Peuls et les Dogons sont des frères, depuis des millénaires. Abdoul Aziz Diallo a surtout invité l’État à jouer avec rigueur son rôle régalien : la protection de tous les citoyens.

Et à Mamadou Togo, président de Ginna Dogon, de renchérir : «Rien ne nous oppose, sauf qu’un vent a soufflé quelque part et qui a apporté les germes de la division entre Peuls et Dogons». Pour M. Togo, il est impérieux que tous les «Peuls et Dogons se mettent ensemble pour chasser des gens qui ont un agenda caché». «Nous devons resserrer nos rangs pour combattre l’ennemi commun», a-t-il lancé, avant de se réjouir du fait que la République soit venue au chevet du cercle de Koro. Cependant, il a estimé que l’Etat peut mieux faire. «Nous nous attendons à ce qu’il fasse mieux», a-t-il conclu.

UN CLIMAT DE CONFIANCE. Cette situation fait l’objet d’une attention particulière au sommet de l’Etat. «Parce qu’ici, aussi, se joue la stabilité de notre pays», a déclaré le Premier ministre qui avait déjà pris langue, à Bamako, avec les cadres et leaders des associations peule et dogon.

Pour Soumeylou Boubèye Maïga, il n’y a pas, en réalité, de problème entre ces communautés. «Personne n’a pu me dire quelle est la raison objective qui peut justifier les violences intervenues», a-t-il assené. De son analyse, cette situation ne profite qu’à des forces obscurantistes qui cherchent à détruire notre pays. «Mais nous allons les chercher partout où ils sont», a promis le chef du gouvernement, persuadé que des résultats probants seront atteints «d’ici quelques semaines».

Il a félicité et encouragé la commission d’apaisement mise en place pour éteindre le feu. Cependant, «l’Etat ne laissera aucune communauté se substituer à son rôle de préserver la sécurité et la justice au bénéficie de tous les citoyens».

C’est pourquoi, les forces de défense et de sécurité sont en train d’être massivement déployées dans toute la zone. Bientôt, a annoncé le PM, des postes seront ouverts à Mondoro, Dinangourou… Aussi, une partie du pôle judiciaire antiterroriste sera déployée à Mopti pour continuer d’instruire les dossiers judicaires, «parce que nous ne pourrons garantir l’impunité à aucun citoyen». Par ailleurs, Soumeylou B.Maïga a informé l’assistance de la volonté de l’Etat d’ouvrir un duxième lycée à Koro.

Le Premier ministre a également véhiculé le même message de paix à Bankass et Bandiagara, deux localités concernées par les attaques terroristes qui ont engendré une crise de confiance entre les communautés.

Selon le maire de Bankass, sa ville est économiquement fragilisée par cette situation. Et à Bandiagara, a expliqué le maire Housseuni Saye, «les temps passent avec inquiétude, tant les actes de banditisme et autres problèmes sécuritaires sont devenus si fréquents». En plus des préoccupations sécuritaires, ces deux localités craignent aussi une crise alimentaire.

Soumeylou Boubèye Maïga a expliqué à ses interlocuteurs les enjeux de la crise qui secoue cette partie du pays. Il a insisté sur l’urgence d’instaurer un véritable climat de confiance entre les fils du pays. «Nous devons continuer à garder le Mali tel qu’on l’a hérité de nos ancêtres», a-t-il déclaré à Bandiagara, face à des centaines de personnes.

Le gouvernement, pour sa part, fera tout pour réduire les inégalités dans l’accessibilité aux services sociaux de base. A Bandiagara, le secteur de l’éducation sera au cœur de l’action de l’État. Le PM a annoncé que dès le mois d’avril, les textes devant créer l’académie de Bandiagara seront mis sur la table du Conseil des ministres. De même, le rêve des habitants d’avoir une université connaîtra, sous peu, un début de concrétisation, a ajouté le chef du gouvernement.

Après Bandiagara, la délégation a mis lundi le cap sur Djenné. Là, le Premier ministre et sa forte délégation ont d’abord visité le barrage-seuil de Djenné, récemment ciblé par une attaque terroriste. Sur place, la délégation a constaté de visu les dégâts causés à l’entreprise chargée des travaux. Les assaillants ont, en effet, mis le feu aux engins, occasionnant du coup l’arrêt des travaux. Depuis, deux unités des forces armés et de sécurité ont été déployées sur le site. «Au regard de l’importance du chantier, ce dispositif sera renforcé», a assuré Soumeylou Boubèye Maïga, tout en mettant en exergue l’importance de cette infrastructure qui coûtera 125 milliards de FCFA. Elle permettra d’irriguer 60 mille hectares.

Le PM s’est, ensuite, rendu chez des notabilités, avant de rencontrer les forces vives de Djenné. Les populations, terrorisées par les djihadistes, ont été rassurées par le chef du gouvernement qui s’est dit «prêt à déployer 10.000 hommes dans le Centre pour protéger les citoyens. Il a invité les populations à rester vigilantes et engagées dans le combat contre ceux qui veulent «détruire notre pays». La pose de la première pierre de la nouvelle gare routière de Djenné a mis fin au séjour de la délégation en 5è région.

Envoyé spécial
Issa DEMBÉLÉ

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