Les nouveaux maires issus du scrutin du 20 novembre dernier ont du pain sur la planche. Ils sont attendus de pied ferme par les populations afin de pouvoir leur offrir un véritable cadre de vie, une administration saine et une gestion rigoureuse des terres restantes. A la pointe de l’info, votre bihebdomadaire préféré les a rencontrés. Voici, comment les uns et les autres entendent se tirer d’affaires.
Le Zénith-Balé : Bonjour M. le Maire, aujourd’hui, vous êtes des maires d’espoirs, pour relever les nombreux défis que rencontrent les communes. Comment comptez-vous s’y prendre ?
Maire Mamadou Kéïta : Merci le journal “Le Zénith-Balé”. Je commence cet entretien par vous souhaiter la bienvenue à la mairie de la commune I. c’est la chance pour moi de m’exprimer sur un certain nombre de sujets qui sont aujourd’hui préoccupants pour ma commune.
Les tous nouveaux maires qui viennent d’être élus comme vous l’avez si bien dit sont des maires d’espoir. La communauté des gens dans les communes nous ont élus parce qu’ils ont des problèmes. Que l’on ne se cache pas la face ! Que l’on se dit franchement la vérité. Aujourd’hui au Mali, pour ne pas dire la commune I a suffisamment de problèmes.
Les problèmes sont là et sont connus de tous. Ces difficultés sont là. C’est des communes qui ont faim, qui ont soif, qui sont malades, qui ont besoin de l’eau, qui ont besoin de routes, qui ont besoin de pompes. Dans nos communes aujourd’hui, il n’y a pas une seule famille où vous n’avez pas un ou deux jeunes diplômés sans emploi. L’employabilité des jeunes aussi est un problème qui me préoccupe beaucoup dans ma commune. Voilà des quelques difficultés que nous avons auxquelles nous devons faire face. Nous avons été élus sur la base d’un programme sur la personnalité que chacun de nous incarne. Nous avons été élus et nous sommes tout à fait conscients de nos responsabilités et de l’héritage lourd qui nous attendait et que nous avons aujourd’hui à franchir. Les choses ne sont pas faciles, donc c’est tout une responsabilité que nous avons acceptée d’assumer et nous l’assumerons jusqu’au bout. Oui, moi en tout cas en tant que maire de la commune I, je dis que les élections sont terminées. Je suis aujourd’hui à la recherche de l’excellence parce que j’ai une obligation de résultat dans cinq ans. Ce peuple de la commune qui a voté pour moi en tout cas dans cinq ans va me juger. Donc si le résultat est bon, à hauteur de souhait, la population de cette commune votera pour moi. Mais si les résultats ne sont pas à la hauteur de souhait, je suis sûr et certain que je ne serai pas réélu. Donc je dois tout faire, je dois tout mettre en œuvre pour être à hauteur de souhait.
Les priorités que j’aie aujourd’hui, quand je suis arrivé, j’ai trouvé que notre commune est vraiment sale. C’est la première de mes priorités aujourd’hui. Nous sommes en train de tout faire pour rendre cette commune propre, qu’elle soit viable. C’est de là que j’ai mis toute la commune en branle. Des systèmes sont là aujourd’hui pour le ramassage des ordures, le balayage des rues, bientôt nous allons procéder au curage des caniveaux parce que nous pensons déjà à l’hivernage. Des eaux usées sont jetées par-ci, par-là dans les rues, nous allons mettre un frein à ça dans quelques jours. Les animaux également qui divaguent, à partir du lundi 6 février, nous allons procéder à la sanction. Tous les animaux errants seront réquisitionnés dans un lieu précis et les gens viendront payer pour les récupérer. Nous donnons aux propriétaires d’animaux errants 48 heures pour le faire. Les sensibilisations sont en train de continuer au niveau de la population pour sensibiliser les gens de ne pas jeter les eaux des toilettes, des teintures dans les rues. Nous sommes en train de mettre tout en branle pour que la commune retrouve un aspect de bon vivre. Il y a aussi le côté d’adduction d’eau. On a une commune qui a très soif. On est en train de prendre toutes les dispositions pour que chaque population ait l’eau potable à sa portée. La troisième priorité, c’est de sécuriser la commune. Il n’y a pas une seule journée ici où vous n’entendez pas un coup de pétard dans la commune. Cela n’est pas normal et ça me fait penser. J’ai vraiment l’intention si les autorités me le permettent de monter ici une police municipale. La police municipale, c’est quoi ?
C’est des jeunes qui seront recrutés sur la base d’un niveau, sur la base d’une formation qu’ils vont recevoir, ils seront en tenue. Ils seront déployés dans les écoles pour sécuriser les enfants pour qu’ils ne se blessent pas dans la cour. Ils seront devant les écoles pour aider les enfants à traverser les routes qu’il n’y ait pas d’accident. Ils seront dans les grands carrefours pour donner un coup de main à la police nationale pour réguler la circulation. Ils seront dans nos marchés, dans nos maisons pour sécuriser les personnes et leurs biens. Il ne s’agit pas de faire la concurrence avec la police nationale mais ils sont là à titre de complément d’effectif. Et là, ça va nous permettre de créer de l’emploi pour beaucoup de jeunes qui sont là sans emploi.
Le Zénith-Balé : Le Mali est à la croisée des chemins à la suite d’événements douloureux. Les maires étant l’émanation des populations locales ont un rôle prépondérant. Alors, votre travail sera-t-il collégial ou individuel ? Si collégial, comment ? Si individuel comment ?
Maire Mamadou Kéïta : L’union fait la force, dit-on. En tout cas moi Mamadou Kéita en tant que maire de la commune I n’a nullement la prétention de tout connaître, pouvoir faire tout seul, ou bien de m’accaparer le bien qui va sortir de ce travail collégial. Qu’on le veuille ou pas on est obligé de collaborer. En tout cas, je suis obligé de collaborer étroitement avec tous les maires. Parce qu’il faut que tous les maires des six communes puissent se parler, échanger. Il faut qu’il y ait l’échange d’expérience entre les maires des six communes. Sinon dans le domaine de la sécurité, vous voyez aujourd’hui ce qui se passe au Mali. Tout le monde est en insécurité, je peux dire que nous sommes tous des morts ambulants. Ça peut arriver d’un moment à l’autre à n’importe qui. Donc nous devons tout faire en tant qu’autorités pour prendre des mesures afin de sécuriser nos populations pour qu’elles puissent au moins dormir tranquillement. Cela ne peut pas se faire étant seul. D’ailleurs, aucun pays ne peut se développer seul. Aujourd’hui à l’ère planétaire, tout le monde est obligé de s’ouvrir. Moi, en tant que grand démocrate, je suis prêt à travailler avec n’importe qui à la seule condition que ce soit dans l’intérêt général pour le public et non le privé. A l’individualisme, on n’ira nulle part.
Le Zénith-Balé : Tout le monde est unanime que Bamako est aujourd’hui sale, que les terres ont été bradées. Quelle est la solution appropriée pour vous de résoudre ces problèmes ?
Maire Kéïta : Je reviendrai sur là-dessus, Bamako est sale, je m’excuse mais les bamakois sont sales. Il faut tout simplement se dire la vérité. Si chacun de nous balayait la devanture de sa maison, la commune sera propre. Si chacun de nous mettait ses ordures dans sa poubelle au lieu de les jeter dans les trous ou dans les caniveaux, je pense qu’il y aurait moins de maladies. Les eaux après l’hivernage vont couler normalement. Si chacun de nous éduquait son enfant dans le sens de la propreté, dans le sens de la préservation de l’environnement, je crois que cela va beaucoup résoudre les problèmes dans la commune I, dans la capitale. Sinon Bamako est vraiment sale. Les Maliens sont indisciplinés. Moi j’ai vu des poubelles vides mais on jette des ordures par terre. J’ai vu des gens prendre des ordures pour aller les déverser dans les caniveaux, boucher les passages d’eau. Ils déversent les toilettes dans les faussées. L’environnement est complètement dégradé. Regardez aujourd’hui ce que nous investissons en argent trébuchant dans les médicaments. Je dis si on mettait cet argent dans le cadre pour embellir, nettoyer l’environnement, on sera moins malade, on dépensera moins. Bamako est sale et les bamakois sont malades. Il y a toute sorte de maladies ici. Les errants, c’est des maladies, les eaux usées jetées par-ci, par-là, c’est des maladies, les caniveaux qui sentent mauvais, c’est des maladies. Je crois qu’il y a toute une éducation qui doit être faite dans ce sens. Depuis plus d’une semaine, à peu près un mois, nous sommes en train de sensibiliser notre population pour que les gens se sentent concernés. La propreté, l’environnement, c’est une question de comportement citoyen, de comportement même moral que nous devons inculquer à nos enfants depuis le bas âge.
Moi en arrivant dans cette mairie, je me suis fixé un temps de réflexion. Je ne signerai aucun papier d’attribution de terre à qui que ce soit avant deux ou trois mois. Au stade où je suis aujourd’hui, je suis en train de comprendre les dossiers, je lis beaucoup, j’écoute, je prends note, je prends beaucoup de conseils par-ci par-là. Parce qu’aujourd’hui, tout le monde sait ce qui se passe dans nos communes. Il n’y a que le foncier, il n’y a que le problème de foncier. Il faut le dire, n’ayons pas peur des mots, la terre est vraiment bradée. Un maire n’est pas là pour vendre les terres, un maire est là uniquement pour donner les terrains à ceux qui en ont droit. Autant pour ma philosophie, chacun a droit à la vie, chacun a droit à un toit. Nous sommes en train de réfléchir à cela. D’abord essayer de voir dans la mesure quand nous allons prendre les choses bien en main, de donner au moins un terrain à toutes les personnes qui ont droit et qui ont la possibilité de construire une maison voire essayer dans quelle mesure on peut les aider à avoir au moins un toit. Ça c’est ma philosophie et la politique chez nous. Moi en tant que maire, je n’ai pas besoin de terrain, et non plus je ne suis pas venu pour m’enrichir mais pour servir. Moi et mon équipe sommes venus pour servir la commune et nous y sommes prêts. Nous sommes venus pour travailler, pour créer la richesse, pour lutter contre la pauvreté. Une fois cette richesse créée, elle sera partagée d’une manière équitable.
Le Zénith-Balé : Monsieur le maire, avant de terminer, nous souhaitons que vous vous présentiez à nos lecteurs et nous donner votre dernier mot.
Maire Kéïta : Je me nomme Mamadou B. Kéîta, enseignant en fonction depuis 56 ans. C’est la première année que je me trouve dans la vie politique et élu maire de la commune I depuis le mois de novembre. Je suis âgé de 73 ans. Je suis marié et père de quatre gosses. J’ai été en retraite mais je ne me suis jamais considéré comme un retraité. Ça fait plus de 56 ans que je travaille et je n’ai jamais pris un jour de congé pour vous dire, vous jeunes, que le travail pour moi, c’est la santé, c’est le sport.
Mon dernier mot, c’est de lancer un appel à toute la population de la commune I. Maintenant, je dis que les élections sont terminées, M. Kéita est élu maire, il est un grand démocrate et ouvert à tout le monde. Je suis à la recherche de compétence donc j’ai obligation de résultat dans cinq ans et c’est cette population qui va me juger. Je suis ouvert à tout le monde sans distinction de race, de sexe, de religion ou d’option politique. Unis, je crois que nous serons forts. Unis, nous allons pouvoir remonter toutes les difficultés qui nous attendent parce que le chemin est plein d’embuches. Rien n’est facile. Je profite aussi de cette occasion pour lancer un appel à toute la population malienne. Mettons-nous dans la tête que personne ne viendra bâtir le Mali à notre place. Ce Mali, il est à nous tous. Ce n’est dans l’intérêt de personne s’il n’y a pas bon vivre au Mali. Donc je dis surtout à la jeunesse d’accepter de serrer la ceinture, de mouiller le maillot et qu’après l’effort, il y a toujours le réconfort.
Le maire de la Commune VI déclare
Le Zénith-Balé : Bonjour M. le Maire, aujourd’hui, vous êtes des maires d’espoir pour relever les nombreux défis que rencontrent les communes. Comment comptez-vous vous y prendre ?
Maire Alou COULIBALY : Alors effectivement, je viens d’être fraîchement élu au profit des élections du 20 novembre dernier. Ce mandat sera sous le signe du changement. Le changement dans la continuité. Il s’agira pour nous de faire l’état des lieux de ce que les prédécesseurs ont pu faire, voire les insuffisances de leur programme, de les amender. Voir là où ça beaucoup marché et continuer sur ça. Là où ça n’a pas marché, on apporte carrément le changement ou on amende. Et donc ce mandat, je le place sous le signe du changement.
Le Zénith-Balé : Le Mali est à la croisée des chemins à la suite d’événements douloureux. Les maires étant l’émanation des populations locales ont un rôle prépondérant. Alors, votre travail sera-t-il collégial ou individuel ? Si collégial comment ? Si individuel comment ?
Maire COULIBALY : Au niveau des collectivités, on ne peut pas faire un travail individuel et vouloir réussir. Le travail est obligatoirement collégial. Les collectivités ont beaucoup de partenaires comme les chefs de quartiers, la jeunesse, les femmes, et en amont la société civile qui est obligée de le consulter pour les décisions très importantes pour la commune si tu veux réellement faire les résultats. Alors donc le travail est collégial.
Le Zénith-Balé : Tout le monde est unanime que Bamako est sale, que les terres ont été bradées. Quelle est la solution appropriée pour vous pour résoudre à ces problèmes ?
Maire COULIBALY : La salubrité est l’un des axes majeurs de notre programme. Surtout quand tu parles de la saleté de Bamako, notre commune se trouve d’ailleurs être la plus sale. Nous nous sommes dit que dans notre programme, on va mettre le maximum du budget dans ce domaine, on va y consentir le maximum de nos efforts. Afin que notre commune devienne très propre et très coquète.
Le Zénith-Balé : Monsieur le maire, avant de terminer, nous souhaitons que vous vous présentiez à nos lecteurs et nous dire votre dernier mot.
Maire COULIBALY : Je me nomme Alou COULIBALY, maire de la commune VI élu au compte de l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
Enfin, je demande aux populations de la commune VI qui ont bien voulu nous faire confiance d’être là à côté de nous parce qu’élire le maire est une chose, l’accompagner en est une autre. D’ailleurs, l’accompagner, c’est la chose la plus importante. Donc c’est cet accompagnement sans faille que nous demandons à la population et nous faire encore une fois de plus confiance et nous pensons que nous n’allons pas la décevoir.
Sory I. TRAORE
Yacouba TRAORE