Si des Maliens ne cessent de rouspéter contre toute tentative de modification de leur Constitution (même dans le contexte favorables de cette Transition), il ne leur reste qu’à faire appel à des… anges pour initier cette réforme, dont tous conviennent de l’urgence.
Tous les Maliens et les observateurs avertis reconnaissent que c’est seulement une période de Transition, un contexte de gouvernance d’exception par excellence, qui permet une réforme constitutionnelle d’envergure au Mali. Mais, certains acteurs s’agitent aujourd’hui encore et ne veulent aucunement voir le chef de la Transition en cours, le Col Assimi Goïta, réussir ce qui apparaît désormais comme une prouesse.
Pour les uns ce sont quelques détails qui perturbent leur conscience dans le projet de texte, qui a pourtant été amélioré par une Commission de finalisation, largement représentative des forces vives du pays. C’est le cas de la Ligue
Pour d’autres, même si l’initiative en elle-même est souhaitable, ce n’est pas au Colonel Assimi Goïta de la porter. Il n’en aurait pas la qualité, ni la légitimité. Ceux-ci estiment que le chef de la Transition n’est pas un « président de la République », pour initier une telle réforme. D’où la question de savoir si la théorie des circonstances exceptionnelles n’autorise pas un chef de l’Etat à faire office de « président de la République ». Surtout que dans tous les cas, le locataire du palais de Koulouba assument pleinement les fonctions régaliennes du président de la République élu au suffrage universel.
Alors que tous se rappellent bien que les président Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéita ont été empêchés de faire adopter une révision constitutionnelle améliorant la Loi fondamentale actuellement en vigueur, la Constitution du 25 février 1992. Au point que tous les Maliens se sont résolus à conclure qu’un président démocratiquement élu ne pourra plus réussir ce pari. Et ce ne sont pas les raisons d’administrer une cure de jouvence à ce texte suprême qui manquent. A titre d’exemple, tous les Etats de la sous-région ont une Cour des Comptes constitutionnalisée (le Mali n’a encore aujourd’hui qu’une Chambre des comptes de la Cour suprême), selon les dispositions communautaires CEDEAO/UEMOA. Seul le Mali n’a pas encore rempli cette exigence, du fait de cette insuffisance dans la Constitution de 1992. Sans compter d’autres lacunes et insuffisances nécessitant une réadaptation au contexte du moment (Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, nomadisme politique à décourager, vacance dans la fonction du président de la République, etc).
Au regard de cette levée des boucliers, qui rappelle fort opportunément ANTE A BANA, on peut affirmer sans risque de se tromper que les autorités ont simplement pris le devant en anticipant. Mais si elles continuent de rencontrer des obstacles, des réticences, on peut conclure que les maliens cherchent finalement des…anges pour lancer un processus de changement constitutionnel. Bien malin même ces anges qui viendraient à les rassembler pour cet objectif noble. Car, au Mali, on cherche aisément une chose et son contraire au même moment !
Abréhima GNISSAMA