Le collectif des jeunes de la commune V a initié une conférence- débat sur la révision constitutionnelle, le samedi 9 février 2019, à Kalaban-coura sur la route de l’aéroport. Les enjeux de cette réforme constitutionnelle sont entre autres sa nécessité et la légitimité des initiateurs. Le débat était co-animé par les professeurs Bailla Niang et Cheick Sy.
C’est le porte-parole du collectif des jeunes de la commune V, Mohamed Kéita, qui a souhaité la bienvenue aux invités et conférenciers. Pour lui, parler de réforme constitutionnelle, c’est parler de l’avenir des jeunes. Il y voit la nécessité et le devoir de s’informer et d’informer les autres d’où la tenue de cette conférence-débat.
Le premier intervenant, le professeur Bailla Niang, s’est attaqué à la genèse de la Constitution de la République du Mali. Issue de la révolution politique de mars 1991, la constitution du 25 février 1992, selon M. Niang, devait être révisée deux ans après son adoption car défaillante. Si 27 ans après, il ressort des problèmes dans le processus de cette même constitution, cela dénote du déficit de communication des différents gouvernements, a-t-il fait savoir.
Le professeur Cheick Sy de l’Institut Vito’s a fait savoir que ce ne sont pas les raisons qui manquent pour réviser la constitution. À l’en croire, notre système de gouvernance, l’éducation et le rôle du citoyen sont entre autres faits qui exigent cette réforme constitutionnelle. Les experts commis à cette tâche, estime-t-il, doivent rencontrer les chefs de quartiers dans les grandes villes tout comme dans les villages et fractions, afin d’avoir leurs avis et leurs contributions pour la révision constitutionnelle.
«Les politiques prennent souvent en otage les réformes institutionnelles parce qu’ils n’ont pas eu la place souhaitée dans le processus mettant en retard tout un peuple pour leurs intérêts personnels», a déploré M. Sy. À propos de la légitimité de l’Assemblée nationale à conduire cette réforme, vu qu’elle est en fin de mandat, le chercheur Baba Dakono dira que la prorogation du mandat des députés a été faite dans un contexte spécifique.
Il est tout de même d’accord que c’est en violation de la constitution, mais que cela date de 2012. Après la démission du président ATT, Dioncounda Traoré est allé au-delà de la période intérimaire pendant laquelle il devait organiser l’élection présidentielle.
Les chefs de quartiers présents ont apprécié l’initiative du débat et invité les initiateurs à multiplier les rencontres de ce genre, mais souhaitent que le bamanakan soit désormais la langue officielle dans la nouvelle constitution.
Gabriel TIENOU