Référendum constitutionnel au Mali: dispersion d’un rassemblement d’opposants

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Une manifestation contre le réferendum

Un bulletin de couleur blanche pour le oui, un autre de couleur rouge pour le non, les modalités du prochain référendum constitutionnel au Mali se précisent. Il aura donc lieu le 9 juillet 2017, selon un communiqué du Conseil des ministres. Cette réforme doit renforcer les pouvoirs du président. Et ce jeudi matin, une manifestation était prévue à Bamako pour s’opposer à ce projet. Une marche qui n’était pas autorisée.

« Touche pas à ma Constitution », c’était le mot d’ordre du rassemblement. Les manifestants avaient demandé l’autorisation de pouvoir marcher à partir de la Bourse du travail. Mais le gouverneur de Bamako leur a opposé une fin de non-recevoir en invoquant l’état d’urgence. Ce qui n’a pas empêché une centaine de personnes de se rassembler.

Les forces de l’ordre ont alors bloqué la majorité des accès aux bâtiments, impossible pour les partisans de rejoindre le premier groupe. Et quand ils ont tenté de commencer à défiler, les policiers les ont violemment chargés et repoussés dans l’enceinte de la Bourse du travail, en condamnant les autres entrées. Finalement, après une trentaine de minutes de face-à-face tendu, les manifestants ont choisi d’appeler à un autre rassemblement dans deux jours.

« Aujourd’hui, le pays est à l’image de ça, s’indigne un manifestant : ils veulent faire ça en douce, ils veulent bâillonner le pays sans que nous puissions parler. Les jeunes viennent manifester pour montrer leur mécontentement. Pourquoi ils ont décidé de venir nous encercler aujourd’hui ? »

De nouveaux pouvoirs pour le président

Cette révision de la Constitution a été entérinée par l’Assemblée nationale, 111 voix contre 35. Elle doit désormais être approuvée par un référendum, mais une partie de l’opposition s’y refuse. Il faut bien préciser que cette révision constitutionnelle donne de nouveaux pouvoirs au président.

« Pour nous, c’est un renforcement des pouvoirs du président, explique Ibrahim Adiayiakoye, présent au rassemblement. Vous prenez d’abord l’une des premières choses qu’on nous demande : accepter que le président nomme 30% des sénateurs. Dans ce pays, nous savons tous comment se passe la politique. Nous savons tous que le président place ses pions pour mettre les hommes qu’il faut à l’Assemblée nationale pour faire passer les lois. Si nous acceptons que ça se passe avec le Sénat, qu’allons-nous avoir ? »

Il sera à même de nommer un tiers des sénateurs, sans avoir à se justifier et pourra également nommer le président de la Cour constitutionnelle. C’est d’une importance capitale quand on sait que c’est le président de cette Cour qui proclame les résultats des élections par exemple et dont les décisions font foi. L’avoir de son côté est donc loin d’être anodin.

Au-delà de ces nouvelles prérogatives que les manifestants assimilent à des dérives autocratiques, il y a la question du référendum. Comment organiser un scrutin sur l’ensemble du territoire, alors que l’Etat ne le contrôle pas ? Dernière preuve en date, les élections municipales en novembre dernier ont été fortement perturbées dans le centre et dans le nord du pays.

 Par RFI Publié le 08-06-2017

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