C’est à la faveur d’une conférence-débat pour la vulgarisation du projet de Constitution, tenue, vendredi 02 juin 2023 à l’Académie malienne des langues nationales (AMALAN), que les défenseurs des langues nationales, regroupés au sein d’une Association dénommée “Associations patriotiques pour l’officialisation de nos langues nationales“, se sont retrouvés pour appeler tous leurs militants et tous les Maliens à voter “Oui” pour l’adoption de la nouvelle Constitution.
La cérémonie, présidée par le Directeur de l’Académie malienne des langues (AMALAN), M. Adama Djokolo Coulibaly, a enregistré la présence de l’ancien ministre Modibo Kadjoké et Bouba Traoré, président des Forces du changement pour la refondation. Elle a été animée par ces trois personnalités.
Dans son intervention, M. Djokolo Coulibaly, Directeur de l’Académie malienne des langues (AMALAN), a remercié tous ceux qui ont fait le déplacement et il a surtout adressé un remerciement particulier aux organisateurs de cet événement. Selon lui, ce combat pour la promotion de nos langues nationales que mènent ces associations est un combat noble et mérite tout son soutien et son encouragement.
À son tour, M. Bayaya Diarra, président de l’association “Laya” parlant au nom de l’association “N’Ko”, appelle à voter tout simplement “Oui”. Car, selon lui, nous devons voter “Oui” parce que cette Constitution, c’est nous qui l’avons demandé aux autorités et elles l’ont accepté. Aussi, sans faire de prophétie, soutient-il que le pouvoir des Blancs est fini, seulement, c’est nous les Noirs qui ne savent pas encore où aller. Donc, nous devons chercher à nous affirmer en tant que Malien et en tant qu’Africain.
Pour M. Moussa Diaby, représentant des structures de promotion des langues nationales de l’ancienne Direction nationale de l’alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée (DNAFLA), la nouvelle Constitution est venue de la demande des Maliens eux-mêmes. Donc, il est de notre devoir de la soutenir et de voter massivement ”Oui” pour qu’elle passe. Selon lui, tout ce qui a une toute petite fierté, doit aimer ses propres langues.
Selon M. Diaby, l’argument selon lequel nos langues ne sont pas prêtes pour traduire toutes les connaissances est une contre vérité. Car, dit-il, il n’y a aucune connaissance dans le monde qui ne peut être traduite dans nos langues, seulement il faut la manière et c’est cette manière qu’il faut apprendre. Tout le travail est à ce niveau. Avec la prise en compte de nos langues nationales dans la nouvelle Constitution, nous pouvons dire qu’un grand pas a été franchi à ce niveau, donc nous avons de bonnes raisons de nous battre pour que cette Constitution passe. Et les projets sont en cours pour la finalisation de l’officialisation de nos langues nationales et qu’il compte sur les autorités pour leur accompagnement.
Prenant la parole, le président du Club des amis des langues nationales du Mali (CALAN- Mali), M. Mahamadou Konta, président de la commission d’organisation, après avoir remercié tous les participants à cette conférence, n’a pas manqué d’exprimer toute sa reconnaissance envers nos autorités de la transition qui ont bien voulu accepter de prendre l’une de leurs principales doléances qui est l’officialisation de nos langues nationales, l’objet de leur combat depuis plus d’une trentaine d’années. Il a évoqué toutes les péripéties traversées par l’Association patriotiques pour l’officialisation de nos langues nationales avant d’aboutir à cela.
Certes, la prise en compte dans la nouvelle Constitution de l’officialisation de nos langues nationales est un premier pas positif, il faut se réjouir mais ce n’est pas tout. Il fait reconnaître que le plus dur reste encore à faire qui est de travailler dans tous les sens afin cette officialisation ne soit pas que sur papier.
À son tour, M. Bouba Traoré, président des Forces du changement et la refondation, représentant, dit-il, la délégation appelée M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) et ses partenaires, a surtout appelé à l’union sacrée pour que le “Oui” l’emporte massivement afin de barrer la route à ceux-là qui soutiennent le contraire et qu’il les qualifie “d’ennemis du Mali”. Et surtout se mobiliser pour que, au terme de la transition, le pouvoir puisse revenir à un des membres issu des forces du changement et qui est déjà engagé dans cette dynamique du changement, dans le cas contraire, affirme-t-il, tous efforts consentis jusque-là pour une véritable refondation de notre pays seront vains. Il a fini par féliciter et encourager toutes ces associations qui se battent pour la promotion de nos langues nationales et les exhorter à persévérer dans leur combat qui est un combat noble et un combat pas seulement pour le Mali mais pour l’Afrique. La libération de l’Afrique va commencer par-là.
Le ministre Mamadou Kadjoké, prenant la parole, a tenu à confirmer ce que son prédécesseur a laissé entendre à savoir qu’il n’existe aucune connaissance qui ne peut être traduite dans nos langues nationales et d’ajouter qu’aucune nation ne peut se développer dans une autre langue que les siennes. Tout peut être enseigné dans nos langues nationales, dit-il, mais seulement ça dépend de nos dirigeants et de leur politique.
Votre combat est un combat pour le Mali, un combat pour l’Afrique toute entière, a-t-il ajouté. Sinon, comment comprendre qu’un petit pays comme Malte avec une population de moins de cinq cents mille (500 000) habitants a sa langue nationale prise comme langue officielle à l’Union européenne (UE). M. le ministre a terminé son intervention par un brillant exposé mettant en exergue les points saillants de cette nouvelle Constitution donnant encore plus de raisons aux membres de ce groupement d’associations de défense et de promotion de nos langues nationales pour justifier leur choix du “Oui” pour la nouvelle Constitution.
La conférence s’est terminée par l’intervention des responsables de toutes les associations membres de ce regroupement. Tout en remerciant et félicitant les autorités de la transition pour leur courage politique, tous ces responsables au nom de leur entité respective ont réaffirmé toute leur pleine et entière adhésion à ce nouveau projet de Constitution et ont lancé un appel pressant non seulement à leurs militants mais à tous les amis et sympathisants des langues nationales à se mobiliser pour un vote massive en faveur du “Oui” pour qu’au lendemain du 18 juin notre pays puisse se retrouver avec une nouvelle Constitution qui correspond à ses valeurs et à ses réalités sociopolitiques et économiques. Alors, rendez-vous pour le dimanche 18 juin 2023.
À noter que l’Association patriotique pour l’officialisation de nos langues nationales est un regroupement de treize (13) associations de défense et de promotion de nos langues, à savoir: Club des amis des langues nationales du Mali (CALAN-MALI), Groupe des patriotes du Mali (GPM), Mouvement Yèrèwolo Debout sur les remparts, N’Ko Wassabaya “Mouvement et associations de l’écriture N’KO”, Collectif pour la refondation du Mali (COREMA), le Mouvement pour la renaissance du patriotisme au cœur de la jeunesse malienne (MRPJM), Bamanankan kènè Jèkulu (MAFALA), l’Amicale des anciens stagiaires et sympathisants de l’AMALAN (ASAMALAN), le Groupe MAKDAS, le Comité de langue nationale du lycée Ibrahima LY, le Mouvement Pionnier du Mali, Bamanankan Sinsinton et le Mouvement pour la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique (MOSEMA).
Daouda DOUMBIA