Référendum constitutionnel du 9 juillet prochain : Des Maliens se prononcent…

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C’est par une écrasante majorité, de 111 voix pour, 35 contre et 0 abstention, que les élus de la Nation ont adopté le samedi 3 juin 2017 la Loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Pour être définitivement validé, le texte doit avoir le quitus du Peuple qui se prononcera par référendum le 9 juillet 2017. En attendant ce jour, nous avons tendu le micro à quelques Maliens pour savoir s’ils espèrent que la nouvelle constitution peut amener la Paix au Mali et  ce qu’ils pensent de la création de nouvelles institutions comme le Sénat et la Cour des Comptes.    

 Pr Issa N’Diaye, universitaire : «Il s’agit d’un processus conçu et imposé de l’extérieur au Mali avec la complicité de certaines élites locales».

Le référendum sur la nouvelle constitution n’apportera pas la paix tout comme l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, dont elle est issue et qui n’a pas sur le terrain conduit à la paix. Bien au contraire. Il s’agit avant tout, d’un processus conçu et imposé de l’extérieur au Mali avec la complicité de certaines élites locales. La nouvelle constitution trahit la souveraineté du peuple malien et expose le pays à une probable partition de son territoire national. Il ne faut guère se faire d’illusions. On sait comment les élections sont organisées et gagnées d’avance dans nos pays. Multiplier les institutions qui ne répondent aucunement aux besoins des populations n’est pas non plus une solution. C’est augmenter inutilement les charges du pays pour entretenir une classe politique budgétivore, corrompue et inefficace. De nombreuses institutions existent et qui jouent déjà les mêmes rôles. Elles n’ont abouti à aucun résultat tangible. Créer des institutions importées, non endogènes et les imposer comme une camisole de force ne réglera en rien les problèmes du pays.

Il appartient aux populations maliennes et à elles seules de résoudre les problèmes du Mali en toute souveraineté et sans ingérence extérieure.

 Honorable Yaya Sangaré, député ADEMA-PASJ : «Cette constitution révisée peut amener la paix dans notre pays»

Je pense très franchement que cette constitution révisée peut amener la paix dans notre pays pour la simple raison qu’avec la création du Sénat, d’autres légitimités fondées sur nos valeurs sociétales, culturelles pourront être associées aux organes de décision ou de gestion du pays. A côté des mécanismes du fonctionnement d’une démocratie à l’occidental, nous aurons nos propres mécanismes pour corriger le déficit de confiance ou la défiance des populations vis-à-vis de nos Institutions existantes. La Cour des Comptes est une exigence de l’Uemoa. C’est pourquoi face à la rigidité de notre Constitution, que pour des modifications aussi mineures, nous avons voulu que le parlement réuni en congrès  à l’initiative du Président de la République, puisse siéger, évitant ainsi des procédures longues, des débats d’intention et des coûts financiers exorbitants pour le Trésor. Cela sans passer par le référendum, tout en prenant des mesures d’encadrement. Car des domaines comme la durée et le nombre du mandat présidentiel, la nature de la République ou la laïcité ne peuvent faire l’objet de modification.

Amadou Maïga, enseignant : « Pour moi, ce référendum cache un agenda qui ne dit pas son nom »

Vous savez qu’au lendemain de l’élection du président IBK, tous les espoirs des Maliens étaient fondés sur lui pour rendre au Mali sa dignité, sa souveraineté et son intégrité territoriale. Pour parler du référendum du 9 juillet prochain, un certain nombre de conditions doivent être réunies. Il s’agit de l’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté de l’Etat sur toute l’étendue du territoire et la stabilité. Pour moi, ce référendum cache un agenda qui ne dit pas son nom, d’où le retrait récent arrangé du fameux MNLA du camp militaire de Kidal de la même façon dont on a procédé pour organiser l’élection présidentielle précédente.  Macron et IBK doivent cesser de mettre de la poudre aux yeux des Maliens.  Nous n’avons nullement élu IBK pour un référendum, ni pour une nouvelle constitution moins encore pour la création d’un sénat. L’armée doit être équipée, la jeunesse veut de l’emploi, les fonctionnaires ont besoin d’un  salaire digne et le secteur primaire a besoin d’être développé, etc.

Chérif Mohamed Haïdara, président du CSDM et secrétaire chargé de la diaspora et de la migration au conseil national de la société civile : « Au sein de la diaspora malienne, nous sommes heureux de savoir que la révision permettra aux Maliens établis à l’étranger de participer au développement du pays et de contrôler l’action gouvernementale »

 Dans un pays, une Constitution doit viser deux éléments essentiels. Dans un premier temps, c’est de fixer les bornes et les limites pour servir de contrôle des différents pouvoirs. En second lieu, elle vise à créer la paix et la cohésion nationale. Au sein de la diaspora malienne, nous sommes heureux de savoir que la révision de cette Constitution à accepter d’inclure un article qui permettra aux Maliens établis à l’étranger de participer au développement et de contrôler l’action gouvernementale, en étant des députés au sein de l’Assemblée Nationale aussi bien qu’au Sénat. Pour ce point qui est la première dans notre histoire, les Maliens de la Diaspora ne peuvent que s’en réjouir d’avoir atteint cet objectif. Et, le Conseil Supérieur de la Diaspora, depuis sa création, a toujours demandé à ce que cet aspect soit intégré dans la Constitution. Cela est une réussite pour le Conseil et l’ensemble de la Diaspora malienne, mais, il y a des points qui nous inquiètent et sur lesquels on ne sera jamais d’accord. Il est dit dans cette nouvelle constitution qu’un tiers des sénateurs sera nommé par le président de la République selon sa discrétion. Nous ne nous opposons pas, mais nous disons que si, en cas de vacances du pouvoir du président de la République, c’est un sénateur qui doit présider pendant les délais requis pour organiser les élections, ce sénateur ne peut pas être celui désigné par le Président. Et, il y a beaucoup d’autres choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Mais, dans un Etat, on ne peut pas être tous d’accord sur un même point. C’est cette diversité qui fait qu’on arrive à se développer. Donc, nous demandons à ce que nous soyons d’accord dans nos désaccords aussi longtemps que cela puisse avancer le Mali. Aujourd’hui, il est clair que le pays a besoin d’une nouvelle constitution qui correspond à ses aspirations et à ses réalités.

 

Ibrahim Bocoum, juriste : «Cette révision fragilisera la Constitution»

Pour moi, la question de la paix n’a rien à voir avec celle du référendum. Je suis pour la création de la cour des comptes mais pas pour le sénat  car  on n’en a pas besoin pour le moment et il est budgétivore. Cette révision fragilisera la constitution en ce sens qu’elle pourra toujours être révisée par le Parlement sans passer par la consultation populaire qu’est le référendum. Voici quelques exemples parmi tant d’autres.

Réalisé par Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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3 COMMENTAIRES

  1. 1- Une Constitution qui doit s’adapter à un Accord entre Maliens, comme l’a laissé entendre Me Tapo, donc une anachronie dans la hiérarchie des normes…!!!

    2- Un Projet de loi voté en un temps record et un Référendum prévu en un laps de temps, sans avisé suffisamment le lambda…!

    3- Un Sénat, pendant que l’AN n’arrive même pas à payer ses factures!

    4- Ce Référendum présente deux ombres:
    a- Amener le peuple Malien à consommer dans la distraction la partition de fait du pays…!!!!
    b- Asseoir pour de bon la Monarchie de ma famille d’abord: M Karim à la présidence pour achever les dits dix ans de mandats de son père, parce que le prochain coup sera son élection comme Président de l’AN et à ce titre le dauphin constitutionnel du président!

  2. Si nous les laissons organiser ce referendum, le “OUI” l’emportera mais par la triche ça c’est sûr! Souvenez-vous de cette expression: “En Afrique on n’organise pas des élections et les perdre”! Tous les citoyens maliens, démocrates et patriotes doivent se dresser contre ce coup d’état constitutionnel qui ne dit pas son nom. Au Mali, nous avons d’autres priorités qu’organiser un référendum.

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