Le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba décidé de créer une commission charger de l’’élaboration de textes juridiques en vue de la reconnaissance légale des mariages coutumiers et religieux dans le but de régler la question de succession à l’origine de la spoliation des veuves et orphelins dans le pays. Une décision qui interpelle les Maliens.
C’est courant semaine dernière, à l’issue d’une réunion du conseil des ministres que le président Gabonais a fait la déclaration : «J’ai décidé de créer une commission spéciale chargée de réfléchir sur les modalités pratiques de la reconnaissance légale des mariages coutumiers et religieux». Ce, poursuit-il, dans le but de «protéger la veuve et l’orphelin». C’était à la faveur de la première édition de la journée internationale des veuves.
A l’origine profonde de la décision du président Gabonais, les nombreux cas de spoliations foncières des veuves n’ayant pas contracté d’union officielle avec leur conjoint de son vivant.
Comme au Mali, la loi gabonaise ne reconnaît pas le mariage coutumier encore moins religieux. Toute chose de nature à encourager des injustices surtout en matière de succession. C’est à l’unanimité que les veuves du Gabon ont recommandé aux pouvoirs publics de reformer les textes.
Rappelons que l’instauration d’une journée des veuves le 23 juin de chaque année par le conseil de sécurité de l’ONU est la résultante d’un combat mené par Madame Sylvia Bongo Ondimba. Ladite journée a été célébrée au Mali, naturellement, dans les règles de la tradition, enfin…, comme toute autre journée internationale.
On retiendra que la légalisation du mariage coutumier et/ou religieux est de nature à protéger la veuve et l’orphelin. Au Mali, si le mariage officiel est bien rependu dans les cités urbaines, il n’est pas encore d’actualité dans de nombreuses zones rurales où on peut dire sans risque de se tromper que plus de 50% des unions ne sont pas légalisées.
Le débat a pourtant vite pris une tournure purement religieuse au Mali. Se focalisant exclusivement sur l’aspect religieux et surtout islamique de la chose, certains ont vivement rejeté la proposition d’un revers de main.
Au Gabon, pays à majorité chrétienne, voilà que la question vient de se poser avec acuité au point d’inciter les autorités à envisager la reconnaissance de ces différentes formes d’union.
Rappelons que dans de nombreuses démocraties du monde, le mariage est loin d’être un acte laïc.
La reconnaissance des unions religieuses et coutumières, en plus de réduire les injustices faites aux veuves et aux orphelins, est susceptible de contribuer efficacement à la politique de déclaration des naissances et autres programmes de sensibilisation de l’administration; Ce, dans la mesure où l’Etat aurait directement accès aux données et populations cibles à travers les structures traditionnelles ou religieuses ayant célébré les unions.
Au Mali, l’administration semble plutôt jalouse de ses prérogatives… Si ce n’est juste la manifestation d’un complexe occidental.
B.S. Diarra