C’est la teneur, en effet, d’un conseil des Ministres à la sauvette, qui s’est tenu vendredi dernier. Le conclave ministériel a essentiellement tourné autour de la Politique nationale de réparation en faveur des victimes des crises maliennes depuis 1960, assorti d’un plan d’action. Étalée sur 5 ans à compter de l’exercice en cours, le coût de sa mise en œuvre a été évalué à 65,4 milliards destinés à réparer les préjudices causés aux victimes individuelles ou collectives de diverses formes de violations par indemnisation financière, restitution, réadaptation, dédommagement symbolique, entre autres. Pour ce qui est de la provenance du montant, les attentes reposent sur les partenaires techniques et financiers, par-delà les contributions du budget national.
La mesure participe par ailleurs de la réconciliation nationale prônée par l’Accord issu du processus d’Alger et fait figure d’ultime étape de la justice transitionnelle dévolue à la CVJR (Commission Vérité Justice et Réconciliation), en vertu des missions qui lui sont assignées par l’Ordonnance N°2014-003/P-RM du 15 janvier 2014. De cette datte a aujourd’hui, les enquêtes, investigations et recherches de vérité menées par la structure ont permis de recenser plus de 16 000 victimes dont les échantillons représentatifs sont périodiquement passés par des audiences publiques pour partager leurs ressentis en vue d’une reconnaissance nationale de leur statut. C’est autant de concitoyens éligibles individuellement ou collectivement à la politique de réparation, qui vise à passer définitivement l’éponge sur les nombreux contentieux historiques en rapport avec des blessures occasionnées par l’Etat, des individus ou groupuscules à d’autres individus ou communautés à travers les régimes. Quant à la prise en charge des victimes reconnues, elle sera dévolue à une commission nationale d’indemnisation qui déterminera également les proportions de réparation selon la nature des préjudices subis.
Sauf que la politique de réparation pourrait largement excéder ses dimensions initiales avec l’extension du nombre de victimes éligibles à celles du Centre du Mali, théâtre d’exactions et violations inestimables.
A KEÏTA