Réconciliation Nationale : Le difficile chemin de la gloire emprunté par les Maliens

0
Trois mille personnes participent à ces Assises pour la paix, la réconciliation et le développement des régions du Nord. AFP
Trois mille personnes participent à ces Assises pour la paix, la réconciliation et le développement des régions du Nord.
AFP

Après un conflit armé qui a opposé des Maliens, l’heure de la réconciliation et du pardon est-elle arrivée ?

En tout cas, les Maliens du nord, du sud, de l’ouest et de l’est tiennent le même discours ; celui de la Réconciliation nationale. Contacté par nos soins, plusieurs protagonistes de la crise actuelle se disent favorables à la paix et au pardon, même si certains pensent aussi à la justice pour panser les plaies.

Selon le président de l’Adcg (Association pour le développement du cercle de Goundam), Mohamed Fall : « l’une des causes de cette nouvelle rébellion, pourrait être la conséquence de la gestion des anciennes rébellions de 1963, 1990 et 2006 qui se sont terminées pour les deux dernières par la signature des accords », avant d’ajouter : « il est vraiment temps de mettre fin à cette énième rébellion touarèg et je pense qu’avec une très bonne politique de la décentralisation, nous y arriverons. A cet effet, il faut mettre en œuvre les recommandations issues des Etats généraux de la décentralisation. Je pense avec cela nous arriverons à une paix durable et solide », a déclaré le président de l’Adcg, Mohamed Fall et non moins membre de la commission dialogue et réconciliation nationale.

Même son de cloche, pour Mossa Ag Iknane qui se dit originaire de Kidal et délégué de la même région aux assises du nord tenues du 1er au 03 novembre 2013. Pour lui, avec un dialogue franc et une bonne gestion financière délocalisée on peut aboutir à la paix et la quiétude. « Nous sommes désigné comme le symbole de la rébellion. Alors qu’il faut faire la part des choses : tout Touareg n’est pas rebelle. Le dialogue est possible entre les mêmes fils du Mali et avec la volonté de tout le monde, on aboutira à la paix et à la réconciliation nationale ».

« Il faut que l’on s’entende à la base. A l’en croire : «  l’entente, ce n’est pas la loi, ce n’est pas une ordonnance. C’est la pratique de chaque jour… Les gens qui s’allient, qui se marient, etc. Ce sont les acteurs locaux qui doivent se pardonner. Les discussions locales, avec le sacrifice de pardonner les uns aux autres sont la condition sine quo nomme d’arriver à la cohésion sociale et à la paix  », renchérit Salem Ould el Hadj est un historien, notable de Tombouctou.

Pendant l’occupation de la ville de Tombouctou, un comité de crise a été mis en place. Ce comité prônait un dialogue franc qui a permis aux différentes communautés, songhaï, arabe et touarèg notamment, de se dire tout ce qu’elles se reprochent depuis des années. Pour le président de ce comité, Dadié Hamadoune : « si les accords de paix ont échoué ou bien boudés, c’est parce que les gens n’ont pas été impliqués ni associés au départ. Et Ils n’ont vu aucune retombée de ces accords ». Il explique, tout de go, que, le moment est venu de nous dire un certain nombre de vérités et que chacun se comporte conséquemment.

Le mouvement « trait d’union », comme l’indique son nom, est un mouvement  dans lequel cohabité en harmonie, en quiétude et en paix toutes les races et ethnies du Mali. Ce mouvement pluriethnique et pluriculturel symbolise le vivre ensemble, dans l’entente et la cohésion sociale. Pour son initiatrice, Seck Oumou Sall, maire de la commune de Goundam, on ne peut pas parler de la réconciliation nationale en s’accentuant uniquement sur une commune ou bien une région. Selon elle, il faudra mettre l’accent sur la diversité culturelle du Mali. Et pour ce faire, elle invite « chacun à mettre dans sa tête aujourd’hui que de Kayes à Kidal, qu’il n’y a pas une famille où on ne retrouve pas le fruit de cette diversité culturelle. Nous sommes tous les mêmes ».

En effet, le maire de Goundam pense que les Maliens peuvent se réconcilier,  mais elle  pose une condition : « résoudre d’abord le problème d’identité », en bannissant de nos langages des termes identitaires comme : « je suis du nord, je suis Bobo, je suis Peulh… » . A l’en croire, si nous gérons cette question identitaire, « la crise du Mali sera réglée à 70%. »

De l’avis de Almoustapha Maïga, un des représentants de la jeunesse de Gao « Les Maliens doivent avoir le courage de se pardonner. Je pense que c’est le bon  moment de se parler, pour pouvoir trouver la solution définitive afin que tout le monde parle à l’unisson », a-t-il déclaré.

Cependant il y a certains qui pensent qu’on ne peut arriver à une réconciliation nationale sans pourtant traduire devant la justice les personnes qui ont fauté.  Pour Younouss Mohamed Ibrahima Maïga, élu communale de Gourma Rharous, « les victimes doivent être remises dans leur droit. C’est vraiment nécessaire d’emprunter le chemin de la paix et de la réconciliation nationale pour avancer. Mais faudrait-il faire la justice… ».

Les forces d’auto-défense ont joué un rôle très important dans la défense et la sécurisation de certaines zones, sous occupations jihadistes. Hameye Habi Cissé qui en est le vice – président pense que la résolution des rébellions récurrentes passe nécessairement par le développement des régions du nord.

Il urge, en tout cas,  qu’après la crise qui a mis le Mali à genou que les Maliens de tout bord se épousent les idées de paix et de réconciliation.

Et chacun d’entre nous doit apporter sa petite pierre pour que la réconciliation nationale soit désormais une réalité au Mali. Cette réconciliation ne doit pas être bâclée. Car c’est un processus à long terme, mais l’essentiel, c’est de ne pas trainer, déjà, à poser les premiers actes.

Aliou Touré   

Commentaires via Facebook :