Sept mois après la prise de fonction du président de la République IBK, le Mali fait encore face à deux épineux dossiers : la réconciliation et la justice : deux points d’achoppement de la réconciliation des fils et filles entre eux.
Quel mécanisme au Mali pour garantir une réconciliation nationale parfaite ? C’est à cette question que tentent de répondre tous les acteurs engagés dans le processus de réconciliation nationale.
Depuis la fin de la crise, qui a vu l’élection d’un nouveau président de la République, les choses ne bougent pas comme il le faut. Les autorités et les partenaires techniques et financiers du pays multiplient les rencontres et activités de promotion du vivre-ensemble.
Difficile de conjuguer réconciliation et chasse aux sorcières
Pendant que ces actions de cohésion sociale sont menées dans les quartiers et hameaux du pays, la justice malienne continue de rechercher les auteurs ou co-auteurs des crimes liés à la crise du 22 mars et 30 avril 2012. De nombreux Maliens s’expliquent toujours mal que l’on veuille parler de réconciliation et mener concomitamment une «chasse aux sorcières» ; surtout que la recherche des bourreaux ne semble se faire que dans un seul camp (celui des bérets verts et les rebelles du Mnla).
En effet, les nombreux rapports relatifs au monitoring des droits de l’homme soulignent que jusqu’à ce jour seuls les bérets verts doivent faire face à la justice. Or les conclusions des rapports insistent sur le fait que les crimes se comptent dans les deux camps. Alors, à défaut de pouvoir juger tout le monde comme il se doit n’est-il pas mieux de préconiser une loi d’amnistie générale ? Que tout le monde retrouve sa liberté pour que «les fils et les filles du pays» puissent s’asseoir et trouver en interne une orientation nouvelle pour une véritable réconciliation.
D’autres veulent d’abord un mea culpa
Les avis sont certes partagés sur la loi d’amnistie, mais le débat autour de cette question ne se pose pas pour le moment. Cette loi, si elle était prise, n’exclut pas que la justice fasse son travail et qu’au final le politique décide d’appliquer l’amnistie générale pour aider à la réconciliation nationale.
La décision politique n’exclut donc pas le mea culpa, le pardon et la réparation des préjudices subis. On ne pourra jamais parler de réconciliation dans ce pays sans que les responsabilités des uns et des autres ne soient situées.
Et pour ce fait, il faudra que les membres de la commission vérité, justice et réconciliation soient installés le plus tôt possible. Pour que commence les auditions car leurs conclusions nous permettront d’être situés sur les actes des uns et des autres. Après cette étape, la politique pourra décider de la suite des évènements. Situer les responsabilités des uns et des autres dans la crise suppose que les vraies victimes de la crise soient connues et que les auteurs des crimes, quel que soit leur camp, acceptent de répondre de leurs actes devant la justice. Mais sur ce point, la route à parcourir est encore longue.
Paul N’GUESSAN